Goal of the Dead avait tout du projet purement opportuniste en cette période de coupe du monde, et il s’avère d’autant plus surprenant qu’il bénéficie d’une vraie maîtrise visuelle et d’une vraie passion pour le genre! Thierry Poiraud avait déjà co-réalisé avec son frère Didier Poiraud le très étrange Atomik Circus-le Retour de James Bataille, et Benjamin Rocher en est également à son second long métrage après La Horde co-réalisé avec Yannick Dahan. On sent d’ailleurs l’influence de son premier film dans ce Goal of the Dead qui se permet d’être plus abouti!
Le film va suivre la venue de l’Olympique de Paris dans la petite commune de Capelongue, pour un match de foot aux enjeux très variés. Sam Lorit revient au pays, lui qui a quitté son village pour aller jouer à Paris en laissant derrière lui une population aux rancoeurs tenaces. Alban Lenoir endosse le maillot numéro 9 de Lorit en apportant beaucoup de personnalité au héros déchu, qui est parfois drôle, parfois touchant, mais qui est entier dans sa manière d’être.
Goal of the Dead va s’avérer être une critique corrosive du monde du ballon rond, gangrené par une starification à outrance et la primauté du business sur le jeu en lui-même. L’opposition entre l’entraîneur aux méthodes anciennes et naïves face à l’agent de joueurs versatile et cupide est tournée avec beaucoup de dérision, mais la vérité ne doit pas être si éloignée… Bruno Salomone joue Marco, l’agent de joueurs totalement imbu de sa personne, et est juste excellent dans son rôle! Il est totalement détestable, le sait et s’en fout royalement! Le pauvre entraîneur Coubert (Patrick Ligardes, très bon également) a du mal à communiquer ses valeurs archaïques à sa bande de djeun’s, et à tenir tête à Marco…
La richesse de Goal of the Dead se trouve dans ses personnages, chacun ayant son rôle à jouer et un trait de caractère bien à lui, ce qui va mener à des confrontations très sympathiques! La bande des quatre Ultras du club de Capelongue est géniale, ces trentenaires agissant comme des ados étant source de nombreuses scènes bien drôles! On est en plein Nord bien Ch’ti, avec voiture tunée et CB pour communiquer! On sent un esprit old school planer sur le patelin tranquille de Capelongue, et un déchaînement de violence inattendu va le secouer!
Thierry Poiraud et Benjamin Rocher aiment le gore, et ça se voit! Ils se font plaisir dans l’élaboration de leurs scènes bien saignantes, grâce à des maquillages très réussis et un sens du rythme bien plaisant! La contamination va se propager de très belle manière au gré de scènes bien violentes, et les deux réals vont parvenir à mélanger comédie et horreur avec beaucoup de soin! Ils vont créer des moments vraiment loufoques, comme avec le coup de la portière, ou cette trouvaille géniale avec les anoraks!
Goal of the Dead est l’exemple typique du film sans prétention qui parvient à être bien plus réussi que ce que l’on pouvait espérer, grâce à une implication totale de la part de tous les intervenants. Charlie Bruneau qui joue la journaliste, Tiphaine Daviot la jeune supportrice, Ahmed Sylla qui est juste génial dans le rôle de la jeune recrue promue star, etc… Chacun s’implique à fond dans son personnage, et le résultat est un film de zombies franchement réussi, baignant dans une ambiance drôle et inquiétante très maîtrisée!