Je me rappelle l’appréhension que j’avais ressenti lors de la sortie de Deadpool en 2016, qui avait été rapidement balayée lorsque le film a démarré. Mais voir son personnage favori prendre vie sur grand écran, ça vous met forcément dans un état mêlant excitation et crainte, et Wade Wilson ne pouvait pas trouver meilleur interprète que son plus grand fan, Ryan Reynolds. Mine de rien, sa première interprétation du personnage date d’il y a 15 ans, c’était en 2009 dans le fameux X-Men Origins : Wolverine ^^ Aujourd’hui, l’appréhension était une nouvelle fois de mise, car au vu des très nombreuses contre-performances de ces dernières années chez Marvel Studios, il y avait de quoi se poser des questions sur le gâchis potentiel qu’ils pourraient infliger au personnage s’ils opéraient la même déconstruction que pour tant d’autres… Mais Wade a pu compter sans réserve aucune sur Ryan, et le résultat est inespéré. L’esprit deadpoolien règne en maître dans cette oeuvre très dense qui vient donner des nouvelles 6 ans après Deadpool 2. Les nouvelles sont excellentes, et l’esprit du personnage chez la Fox reste totalement intact, alors que l’on était en droit de craindre une édulcoration chez Marvel.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour un studio adepte des films familiaux, l’interdiction aux moins de 12 ans est une première, mais je prend le pari qu’ils se féliciteront de l’avoir respectée. Dès le générique d’entrée, on sent qu’on est en terrain connu et la générosité en hémoglobine et en vannes sous la ceinture démontre que Marvel ne pourra jamais museler Wade, et c’est un putain de plaisir de retrouver une telle verve et une telle décomplexion chez eux, après des années de vache maigre… Tout n’était pas à jeter bien sûr, mais Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, Les Gardiens de la Galaxie 3 ou Secret Invasion à la TV, franchement … Bizarrement, Deadpool & Wolverine va puiser son intrigue dans la meilleure série de Marvel Studios, j’ai nommé Loki ! Comme le Multivers a la côte depuis quelques années, qui de mieux pour aller foutre un grand coup de pied dans la fourmilière temporelle que Deadpool ?
Cette scène pré-générique et ce générique démontrent à la fois l’amour dingue pour l’univers Marvel au cinéma, un sens du sacrilège décomplexé au possible, et on commence le film en se disant qu’ils n’ont quand même pas osé faire ça. Si, ils ont osé, et ça augure du très bon pour la suite ! Je vais éviter tout spoil car ceux sur lesquels je suis tombé ces derniers jours sur les divers sites spécialisés de cinéma (et surtout spécialisés en spoils, rien que dans certains titres) méritent d’être ignorés et de laisser l’entièreté des découvertes en salle. Je ne comprendrais jamais ces pseudo-journalistes qui se font un malin plaisir de divulguer le maximum d’infos, il devrait y avoir des amendes pour ce jeu tellement pourri… Bref, Deadpool & Wolverine est d’une générosité rare, et le fan-service que l’on pouvait craindre est en fait tellement bien intégré qu’il en devient un véritable plaisir ! Reynolds et la paire Reese et Wernick jouent avec leurs connaissances des comics, des films et de tous les aspects méta avec un tel degré d’excellence, que le scénario est une pépite dans le genre blockbuster référentiel, et j’aurais même envie de convoquer Last Action Hero pour vous expliquer le niveau qualitatif du mode hommage/parodie de l’ensemble. Le plus impressionnant réside peut-être dans cette capacité à tirer parti du fan-service pour parvenir à en retirer de l’émotion d’une très belle manière, au détour de quelques séquences.
Si vous avez réussi à échapper aux bande-annonce et articles merdiques qui en dévoilaient trop, vous n’êtes pas prêts pour ce que vous allez découvrir, surtout si vous êtes un fan inconditionnel de Marvel. On a bien évidemment des hommages au pan cinématographique de la Maison des Idées, mais l’univers des comics Deadpool n’est clairement pas en reste, et le fan hardcore des aventures de Wade n’en reviendra pas de la générosité de ce beau bordel ! Deadpool & Wolverine est l’apothéose de la trilogie, et vous vous rendez compte que je n’ai même pas encore vraiment parlé de Deadpool, ni de Wolverine, alors qu’on en est déjà au 4ème paragraphe ? Reynolds qui est allé chercher son pote Hugh Jackman pour rempiler dans le rôle du mutant griffu, ça paraissait une superbe idée sur le papier, mais ça aurait pu être terriblement casse-gueule en réalité… Mais l’alchimie entre les 2 acteurs est telle qu’elle permet aux 2 personnages de se laisser aller pleinement avec des alliances et affrontements tellement badass et trash qu’on les croirait sortis des pages de comics ! Wade sait comment faire monter le suspense avant les combats, et on est dans un pur délire à la violence graphique tellement assumée et tellement jouissive, que Deadpool & Wolverine devient très rapidement un vrai plaisir geek total ! Quand on a 2 personnages possédant des facteur auto-guérisseurs, on peut leur laisser se faire tout ce qu’il veulent au niveau destruction, et ils vont évidemment se faire plaisir !
Et le point qui éveillait le plus de crainte selon moi, c’était le choix de Shawn Levy à la réalisation, lui dont je n’ai pas terminé Adam à travers le Temps car je le trouvais trop classique, ou dont le Free Guy était sympa mais pas dingue non plus. Mais comme dans ces 2 films, Ryan jouait le rôle principal, il s’est certainement créé une amitié et une fidélité cinématographique entre les 2. Il a aussi mis en scène Real Steel avec Hugh, ou les 3 La Nuit au Musée. Rien de forcément très emballant, mais l’alchimie entre Ryan et Hugh a dû transcender sa manière de réaliser des films, car ce 3ème opus est sans conteste ce que Levy a fait de mieux dans sa carrière. Il faut dire que la folie du scénario a dû le contaminer et lui donner envie de se dépasser, et on voit qu’il se fait plaisir dans des séquences de combats souvent très réussies, mais que je ne spoilerai pas ^^
On a enfin de nouveau droit à un méchant digne de ce nom (Le Maître de l’Evolution dans GOTG 3 bordel, je l’ai encore en travers de la gorge), qui va nous gratifier de quelques séquences assez traumatisantes dans le genre, et on comprend que le film ne soit pas adapté aux gnenfants. Les pouvoirs de ce personnage sont très impressionnants, et il les utilise de manière bien perverse, ce qui correspond très bien avec la violence décomplexée de l’ensemble. On retrouve d’excellentes surprises au niveau du casting et des personnages, et ce film se pose certainement comme le représentant ultime du concept du Multivers, n’en déplaise à The Flash… Et les liens avec Loki sont excellents, tout en étant amenés très subtilement au niveau de l’écriture. La base architecturale de l’ensemble repose sur cette qualité d’écriture, et le reste prend en densité grâce à cette solidité exemplaire. J’ai réussi à ne strictement rien spoiler, et je vous assure que vous allez prendre votre pied si vous avez apprécié les deux films précédents !