Ardor (Pablo Fendrik, 2014)

Pablo Fendrik est un metteur en scène argentin, qui va nous livrer un western âpre et contemplatif situé dans la forêt tropicale de Misiones. Cette co-production argentine, mexicaine, brésilienne, française et américaine va nous raconter le combat d’un homme face à des mercenaires venus soutirer leurs terres aux autochtones. Dans cette région reculée et sauvage, le drame qui est en train de s’y dérouler n’a aucune résonnance extérieure, et la seule façon de résister est de se dresser face à cet envahisseur. Pablo Fendrik va utiliser les codes du western en les façonnant à sa manière bien personnelle, et Ardor apparaît comme une oeuvre atypique et dépouillée, et finalement prenante. On pourrait la rapprocher de l’excellent Desierto signé Jonas Cuaron, dans lequel joue… Gael Garcia Bernal!

C’est en effet le même acteur mexicain qui incarne le rôle principal d’Ardor, et alors qu’il était en mode survie dans Desierto, il est davantage en mode traque dans ce film. Il incarne un homme mystérieux sorti de la forêt, qui va venir en aide à un fermier et sa fille. Quasiment mutique, à l’instar du héros typique des westerns, Kaï est capable de se fondre dans les éléments naturels afin de brouiller ses ennemis et de les pister. Un homme presque animal, dont la relation avec le tigre errant dans la forêt est intrigante. Ardor est un film avec très peu de dialogues, et davantage sensitif que démonstratif. L’approche de Pablo Fendrik peut, dans une moindre mesure, se comparer à celles très naturalistes et contemplatives de Terrence Malick ou Alejandro Gonzalez Innaritu. Il est moins captivant que The Revenant ou que Desierto, mais il pose une atmosphère assez dense pour que l’on se plaise à suivre cette lutte contre l’envahisseur.

Aux côtés de Gael Garcia Bernal, on a une Alice Braga bien plus intense que lorsqu’elle est obligée de jouer dans Les Nouveaux Mutants… L’actrice brésilienne représente elle aussi un archétype très western, celui de la femme un peu rude qu’il va falloir sauver. Son personnage, lui aussi assez avare en paroles, s’avère intéressant et elle lui donne une belle densité. Les 2 acteurs apportent une sensibilité très naturelle, qui se fond aisément dans les forces environnantes de cette forêt. Ardor va narrer la lutte contre l’envahisseur de manière anti-spectaculaire, dans un écrin très réaliste et une veine que ne renierait pas Werner Herzog. L’acteur argentin Claudio Tolcachir est bien intense lui aussi, dans le rôle du chef des mercenaires, et trouve en Kaï un adversaire à sa hauteur. La chasse à l’homme qui va avoir lieu en pleine jungle n’en sera que plus dangereuse…

Ardor n’est donc pas aussi spectaculaire qu’un Apocalypto par exemple, et risque de dérouter certains spectateurs. Mais pour ma part, la beauté de la mise en scène et ce mélange de torpeur et d’action s’avère assez étrange et intrigant pour que l’on ait envie de suivre Kaï dans sa mission vengeresse. Et lorsque je parle de beauté de mise en scène, je dois également souligner le superbe travail sur la photographie signé Julián Apezteguia!

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