Second film de Jonas Cuaron après Ano Una, Desierto est un thriller impressionnant qui prend place dans les immensités désertiques de Californie. Un groupe de Mexicains passe la frontière illégalement, et va être la cible d’un Américain qui pense être dans son droit en tuant ces immigrants clandestins. Accompagné de son chien et de son fusil, il va traquer ces pauvres gens et va tenter de les éliminer un par un.
Jonas Cuaron est le fils d’Alfonso Cuaron, le metteur en scène de l’excellent Gravity. On sent une filiation dans la manière de filmer, et Jonas Cuaron va créer un climat de tension qui ne s’affaiblira jamais! Sa manière de filmer le désert est juste sublime, et durant tout le film, on va suivre cet événement tragique en ayant toujours à l’esprit l’écrin de beauté sauvage dans lequel il se déroule. Sa vision des badlands n’est pas sans rappeler celle de Terrence Malick avec sa fameuse Balade sauvage en 1973. Il y a une réelle force dans son évocation de la nature, qui apparaît presque comme un personnage à part entière. Le groupe de migrants se retrouve pris au piège dans cette contrée hostile et pourtant magnifique, où le soleil cogne jusqu’à 49 degrés et où les serpents rôdent sur le sol aride. Mais le danger va venir d’un autre être humain, qui s’arroge le droit de vie et de mort sur des êtres qu’il pense inférieur.
Jeffrey Dean Morgan (Watchmen: les Gardiens) est excellent dans le rôle de ce salopard violent et radical, et Jonas Cuaron va nous livrer un thriller en plein soleil véritablement impressionnant. La sauvagerie avec laquelle il va s’en prendre à ces Mexicains est choquante, entre ses tirs à la carabine et les attaques de son chien. Mais surtout, c’est le réalisme de la situation qui fait froid dans le dos. Toute la beauté cinématographique est là pour renforcer l’impact radical et réaliste de ce qui est en train de se dérouler, et il y a un paradoxe évident entre la qualité des plans et l’horreur de la situation. On pense dans une moindre mesure à une approche à la Alejandro Gonzalez Innaritu avec son The Revenant, et Desierto est aux confins du film d’auteur et du thriller. Gael Garcia Bernal (qui avait commencé chez Innaritu dans son Amour chiennes, et qui l’avait recroisé pour Babel) est vraiment bon dans le rôle de cet immigrant qui va tenter de fuir ce tueur. On va le suivre, ainsi que les autres survivants, dans ce récit à la tension palpable et au suspense intense!
Il s’agit d’un film de survie élémentaire, une chasse à l’homme implacable où les traqués vont devoir puiser dans leurs ressources les plus profondes pour survivre. On pourrait également trouver une filiation avec l’excellent Apocalypto de Mel Gibson, qui se pare également d’une beauté picturale intense dans l’évocation de sa traque. Les personnages de Desierto pensaient que leur traversée de la frontière serait difficile, mais ils ne s’attendaient certainement pas à être en danger de mort… Le film est âpre comme le sable du désert, et toute son intensité psychologique est traitée de très belle manière, l’écriture traitant de manière très directe la peur et le désespoir des personnages. Desierto impressionne par sa rugosité et sa beauté implacable, et Jonas Cuaron assure une très belle relève!