Mission : Impossible : Dead Reckoning Partie 1 (Christopher McQuarrie, 2023)

On se rappelle avec plaisir du précédent Mission : Impossible – Fallout, sorti dans le monde d’avant (2018), et la comparaison va du coup être rude à avaler à la vue de ce 7ème opus, qui perd progressivement tous les ingrédients agréables de la saga (qui a vraiment démarré avec Mission :Impossible III). Ethan Hunt se voit une énième fois proposer une mission qu’il a poliment le droit de décliner, avec récupération d’un McGuffin et accessoirement sauvetage de la planète. Une journée comme les autres pour l’agent Hunt et son équipe.

Ca commence pourtant de manière sympathique, avec des vilains militaires russes à l’accent bien parodique, et une séquence plutôt agréable dans le cadre d’un aéroport, où Christopher McQuarrie gère tout ce beau petit monde de manière fluide, en mettant en scène les fameux tours de passe-passe pour récupérer l’objet tant convoité, la mystérieuse clé en 2 parties. On se croirait par moment dans Insaisissables… Mais si cette séquence fonctionne, c’est parce que c’est la première du film, qui sera par la suite inlassablement répétée en apposant des variations afin de donner l’illusion du mouvement au spectateur : on va inclure une poursuite en voiture, un voyage en train, et ainsi en profiter pour multiplier les décors : on passe du désert à la montagne ensoleillée, en passant par les canaux de Venise et le Colisée… Le cahier des charges du parfait James Bond movie est respecté, il faut offrir des paysages différents aux spectateurs, ainsi que des poursuites à pied et avec divers véhicules, et inclure 2-3 combats au corps-à-corps pour faire bonne mesure.

Comme le sentiment d’être sur un chemin des plus balisés est très prégnant, il est normal que les personnages soient également ultra-lisses, alors qu’ils possédaient une certaine texture dans les opus précédents. Ici, Luther et Benji ne fonctionnent même pas en tant que comic relief, et on sent que les scénaristes ne s’en servent que parce qu’ils n’ont pas pensé à les tuer précédemment… Même Ethan est plus fantomatique qu’à son habitude, et Tom Cruise ne parvient plus à apporter tout son charisme au personnage… On suit donc ce (très/trop long) film (2h43, c’est presque devenu la norme hollywoodienne) avec de plus en plus de difficulté, et avec de plus en plus de détachement par rapport à une intrigue lors de laquelle le suspense s’étiole de scène en scène. On sait pertinemment quand tel personnage va mourir, et lesquels ne mourront jamais quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent. Mention spéciale au plagiat de la sublime scène d’ouverture d’Uncharted 2 : Among Thieves, à laquelle on ne peut cesser de penser à chaque instant! Le travail de Neil Druckmann est tellement au-dessus de celui de McQuarrie!

La fameuse scène à moto teasée en long, en large et travers, interprétée par Tom Cruise himself, avait de quoi donner envie, mais quand on voit qu’elle dure à peine 15 secondes, on se demande si ça valait le coup d’en faire tout un plat… Même s’il s’agit du seul moment vraiment prenant du film avec cette notion de vertige et de danger. Mais tout ça pour un truc qui dure le temps de cligner 2 fois des yeux… Pour la petite histoire, cette scène aura nécessité 15 mois de préparation et 536 sauts en mode entraînement à Tom Cruise…

Et sinon, niveau casting, ça fait plaisir de revoir Haylee Atwell, la fameuse Agent Carter, qui est une des actrices qui s’en sort le mieux dans ce film. La Française Pom Klementieff joue la bad girl, elle qui incarne habituellement Mantis chez Les Gardiens de la Galaxie. Le grand méchant  incarné par Esai Morales est caricatural à mort, et on a droit à des séquences de grand n’importe quoi pour justifier un semblant d’émotion, comme ce duel à l’épée et au couteau idéalement situé sur un pont, ce qui donne un très joli cadre tellement réaliste pour une mise à mort… Les aberrations sont nombreuses dans ce film, comme les moments où l’action effectuée se fait in extremis avant un impact mortel, et ça fatigue très vite je vous assure… Et sérieusement, ce combat sur le train??? Il n’y a aucun suspense dans ce film, et la portée dramatique ne fonctionne pas, et McQuarrie a perdu de sa motivation et de son inspiration, avec une mise en scène bien plate… En même temps, à chaque séquence, on se dit bordel, c’était quand même vachement mieux foutu dans John Wick : Chapitre 4 !!!

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Les news de la semaine (dernière) : Elektra glide in blue

Spider-Man : No Way Home et The Flash font semble-t-il des émules… Le tournage de Deadpool 3 étant actuellement en cours, les informations commencent à sortir, comme ces 2 photos de tournage, mais également une news dont on ne sait pas si elle est capitale ou non, en tout cas elle a le mérite de faire sourire ^^ On apprend donc que Jennifer Garner reprendra son rôle d’Elektra, pile 20 ans après avoir incarnée la ninja sexy dans Daredevil et 18 ans après l’avoir rejouée dans Elektra. On pense davantage à un caméo du style de la quasi-totalité du casting de The Flash, mais on verra si sa présence aura davantage de substance. En tout cas, même s’il s’agit avant tout d’un effet de mode tendance fan-service exacerbé, on peut toujours se dire que Ryan a assez de vannes dans sa manche pour justifier la venue de l’actrice et la reprise de ce rôle qu’on pensait enterré à jamais!

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Le clip de la semaine : Les Sons du Terrier – Résonance

Les Sons du Terrier, AKA LSDT, je vous en parlais déjà , ici, encore là et encore ici, car c’est un groupe local que j’affectionne particulièrement, s’inscrivant dans une veine rock progressif très maîtrisée. Ils ont sorti début du mois de juin leur nouvelle compo intitulée Résonance, qui a été filmée en live par Michel Kurst en février 2023. Une fois n’est pas coutume, c’est la bassiste Caroline Hertzog qui s’est attelée à la réalisation, pour un résultat bien immersif et envoûtant, comme à l’accoutumée j’ai envie de dire! Je vous invite à plonger sans plus attendre dans l’atmosphère très personnelle de ce groupe mulhousien qui vaut le coup d’oreille!

 

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Black Mirror saison 6 (2023)

2011, 2013, 2014, 2016, 2017, 2019 (et encore 2019) et 2023. On ne peut pas dire que Charlie Brooker ait choisi la régularité pour sa série d’anticipation anthologique, mais il semblait davantage privilégier le fait d’attendre d’avoir des sujets à développer avant de remettre le couvert. A sa sortie, Black Mirror a été une proposition bien innovante dans le monde de la petite lucarne, et l’auteur a dû tenter de se réinventer perpétuellement afin de permettre à sa série de conserver son statut culte. Comme c’est malheureusement souvent le cas dans ce genre de production, il y a tout de même eu des baisses de régime et quelques ratages disséminés dans l’ensemble des 27 épisodes diffusés. Et cette saison 6 est sans conteste la plus faible de toute son histoire…

L’alignement de stars n’est donc pas synonyme de réussite flamboyante, sinon les noms de Salma Hayek, Aaron Paul, Josh Hartnett, Zazie Beetz, Kate Mara, Michael Cera ou Cate Blanchett aurait en principe suffi à conserver un certain niveau. Ici, on a davantage l’impression qu’ils servent de porte-nom afin de meubler un net déclin d’originalité et d’inspiration… Même s’il y a tout de même 2 épisodes à sauver, mqui sont toutfois loin d’être inoubliables. Mais face à cette perte de vitesse, autant souligner ce qui reste au moins regardable…

On va donc procéder par ordre, avec Joan is Awful, starring Salma Hayek, Michael Cera et Cate Blanchett. Pour ces 2 derniers, ne vous emballez pas trop par contre. Ca commence de manière soft avec une employée d’une entreprise de technologie qui a une vie sans trop de relief, et qui va se rendre compte que cette vie-là est adaptée de manière quasi-instantanée sur une chaîne de streaming nommée Streamberry. Qui utilise la typographie et le tou-doum de Netflix, oui. La mise en abyme est incroyable, wouah. Bref, il y a tout de même une légère réflexion intéressante sur l’utilisation des IA afin de créer du contenu culturel, tant au niveau scénaristique que dans la générer d’images. Charlie Brooker n’est clairement plus en avance sur son temps, il s’est fait rattraper par le réel ^^ Il choisit un angle d’attaque absurde afin d' »égratigner » le monde de la culture, mais franchement, entre l’humour scato et le côté Inception vu et revu, ça casse pas 3 pattes à une Hayek… Je ne comprends même pas l’intérêt pour elle de venir se ridiculiser dans un truc comme ça… Ca commençait donc très bien, cette salve 2023…

Je n’ai pas spécialement envie de développer, alors on va directement passer au second épisode, Loch Henry, qui se rapproche davantage de V/H/S que de Black Mirror… Je ne comprends pas l’intégration de ce court dans cette anthologie, mais bon, pourquoi pas si ça fait plaisir à Charlie… Je trouve les acteurs mauvais, sauf Daniel Portman et allez, John Hannah qui fait du John Hannah. Un réal de documentaires invite sa petite amie à rencontrer sa mère dans son village perdu d’Ecosse, et comme sa copine est aussi férue de docs, et que tiens c’est pratique, il y a un tueur en série qui a justement oeuvré ici, et bien c’est l’occasion de creuser le sujet et d’en faire un nouveau docu à sensations pour une chaîne spécialisée (non, ce n’est pas Streamberry). C’est hyper laborieux à se mettre en place, on se fout compllètement des personnages et de leur obsession pour ce sujet, mais heureusement la seconde moitié commence à devenir intéressante avec une petite découverte sympa dans cette nouvelle enquête. Mais bon, ça aurait duré moitié moins ça aurait été bien sympa, et surtout, ça ne vole pas plus haut qu’une production lambda.

Ah l’épisode 3 que tout le monde a apprécié voire adoré, avec Aaron Paul, Josh Hartnett et Kate Mara. Dans la continuité des 2 précédents, je me suis vraiment pas mal emmerdé, avec un récit qui se veut novateur et une utilisation d’un système de transfert de conscience que James Cameron avait déjà évoqué dans un certain Avatar il me semble… Bref, le placer dans une époque révolue (on est dans un univers alternatif à la fin des 60’s) s’avère sympa, mais tout ce qui va découler va mettre des plombes à se mettre en place, alors qu’on se doute bien de ce qui va pouvoir se passer… Passées les 10 premières minutes, il n’y a plus aucun suspense palpable, et pire, on se contrefout totalement de ce qui peut arriver aux persos. Même l’utilisation de cette technologie nous laisse froid, alors que l’aspect ludique ou dramatique de la chose aurait pu nous intéresser un minimum. Et qu’est-ce que c’est interminable !!! Je ne vous dévoilerai donc pas la fin d’une banalité affligeante, et hop, par un tour de passe-passe, on va passe-passer aux années 2000!

On fait donc un bond de 30 ans pour suivre Zazie Beetz, méchante paparazzi (pléonasme) qui cherche à se faire du fric sur le dos de pauvres stars cocaïnées ou qui trompent leur femme. Ca commence donc comme un règlement de compte envers cette frange de la population vivant tel des rapaces aux basques des frasques des célébrités hollywoodiennes, mais le propos est plutôt bien traité et présente un minimum d’intérêt. Surtout après le vide quasi-abyssal des 3 premiers épisodes. J’ai eu un peu peur quand il y a eu la virée nocturne de la star hollywoodienne, puisque cela rappelait furieusement le concept de l’épisode Crocodile de 2017… Mais heureusement, le traitement ne sera pas similaire, et cette proposition Mazey Day offre 2-3 surprises intéressantes, avec une critique bien acerbe du cynisme des paparazzis, et ce jusqu’à cet avant-dernier plan bien glaçant. Je ne vous en dévoilerai pas davantage si jamais vous souhaitez le tenter, mais l’ambiance est réussie et ça donne presque espoir. Mais bon calmez-vous hein, ç’est juste un épisode sympa, on est pas sur du 15 Millions de Mérites ou Phase d’Essai.

On arrive déjà au bout de l’anthologie, avec Démon 79, qui comme son nom l’indique peut-être, se déroule en 1979, et va nous présenter un démon. Le grain rétro fait plaisir, la qualité des décors et des costumes est classe, et Charlie Brooker va puiser dans une veine absurde et satirique qui n’est pas si mal pour terminer cette saison. Anjana Vasan incarne Nida, une jeune vendeuse de chaussures d’origine indienne, qui va faire la rencontre du démon Gaap, incarné par Paapa Essiedu. Je ferai l’impasse sur l’explication de l’apparence du démon, mais elle est franchement drôle ^^ Nida a une mission toute simple afin de sauver la Terre de l’Apocalypse : elle a 3 jours pour tuer 3 personnes. Simple, efficace. Mais pour une jeune femme effacée comme elle, pas facile de se mettre à ôter des vies, et il va falloir chambouler un peu son qotidien pour qu’elle s’y mette. Sa relation avec ce démon est bien écrite et Brooker instille un humour salvateur, avec notamment les règles concernant les meurtres ou le détachement de Gaap sur ce type d’acte. Paapa Essiedu est franchement bon dans le rôle, et Anjana Vasan se débrouille bien aussi. On est dans un registre un peu plus léger même si l’épisode se permet quelques moments bien saignants, mais le sujet est sympa et traité avec soin, c’est déjà pas mal pour cette saison.

Voilà voilà, rien de très transcendant cette année donc avec cette série, et on se dit que Brooker pourrait commencer à songer à la laisser reposer en paix?

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Tyler Rake 2 (Sam Hargrave, 2023)

Comment Tyler Rake a pu survivre après le premier épisode, me demanderez-vous? Je vous laisserai vous faire votre propre opinion en matant ce second opus, mais après le succès du premier, Netflix se devait de donner une suite à ce qui constitue désormais une saga (avec un 3ème opus confirmé fin de semaine dernière). Après avoir essoré au maximum le personnage de Thor (l’atroce Thor : Love and Thunder…), Tyler Rake constituait une superbe opportunité pour Chris Hemsworth de repartir sur les fondamentaux d’un personnage simple et diablement efficace. Sa prestation dans le premier film s’avérait excellente tant d’un point de vue physique qu’au niveau de l’acting, avec une réelle puissance émotionnelle combinée à un vrai impact lors des combats.

On passera donc sur le repêchage du bonhomme afin de justifier sa survie, même si les scénaristes (toujours Joe Russo, Andes Parks et Anthony Russo) prennent le temps de développer sa convalescence pour lui donner un aspect réaliste. On apprécie toujours le côté taiseux du perso, aux antipodes des gesticulations et de la gouaille d’un Thor plombé par l’humour incessant du MCU. Ca fait plaisir de retrouver Tyler et de le voir se ressourcer, avant d’être appelé pour une nouvelle mission. Alors niveau réalisme, une fois encore, on fera l’impasse sur le raccourci scénaristique voulant que la femme d’un gangster géorgien soit en fait la soeur de la propre femme de Tyler… C’est très pratique pour en rajouter artificiellement au niveau pathos, et ça manque intensément de crédibilité on est d’accord.

Quoi qu’il en soit, il fallait une mission qui le motive pour revenir aux affaire, et bien soit, il ira récupérer cette femme et leurs 2 enfants vivant dans une prison afin d’être aux côtés de leur mari/père enfermé à cause de ses activités illégales. Ce que l’on avait vraiment apprécié dans le premier film, c’est une certaine capacité de la part de Sam Hargrave à nous offrir des séquences d’action lisibles et punchy, et on retrouve donc ici cette propension à vouloir nous en mettre plein les yeux. On va évidemment parler de ce (faux) plan-séquence de pas moins de 21 minutes! Une séquence ébourrifante qui va nous balader dans différents lieux et offrir de multiples atmosphères en intégrant un canevas très jeu vidéo. On croirait presque voir ce bon vieux Nathan Drake prendre le train ^^ On sent l’investissement à 300% de Chris Hemsworth sur ces plans de bataille rangée, de poursuite automobile ou de dézinguage d’hélico sur un train en marche, et on rejoint donc le côté vidéoludique avec la succession de ces mini-séquences assemblées pour en faire un patchwork d’action ininterrompue qui remplit son effet, même si le réalisme en prend nettement pour son grade. C’est visuellement bien foutu et on ne s’ennuie pas, mais l’enchaînement est trop bien huilé pour être crédible. On lui préférera donc le plan-séquence plus court et moins pyrotechnique du premier film, qui s’avère nettement plus réaliste.

C’est un peu le problème avec ce Tyler Rake 2 : le film se regarde sans déplaisir et fonctionne d’un bout à l’autre, mais on doit faire davantage preuve d’abstraction du réel, ce qui réduit considérablement la portée émotionnelle des enjeux. La relation que Tyler avait avec le gamin du premier opus était très belle, alors qu’ici on ne voit les mômes que comme des « objets » scénaristiques. A aucun moment on ne craint pour leur vie, ni pour celle de Tyler d’ailleurs, ce qui ne permet pas au film d’aller au-delà de sa belle prestation plastique. Les acteurs et leurs personnages ne possèdent pas davantage de profondeur que dans un film d’action classique, et quel est l’intérêt de crier sur les toits la présence d’Idriss Elba pour un rôle aussi insipide et inutile?

Qu’on ne se méprenne pas, Tyler Rake 2 reste un bon divertissement et remplit son office netflixien du dimanche soir, mais au vu de la très belle qualité du premier opus, on ne peut qu’être déçu que le film ne soit « que » bon… Il s’agit d’une variation sur le même thème que le premier, avec des gamins et une mère de famille à sortir des griffes de méchants géorgiens, mais on appréciera le travail sur les séquences d’action qui permettent de voir Tyler utiliser différentes armes de manière très efficace. Mais on est très loin d’un sublime John Wick : Chapitre 4 par exemple!

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