Cet article est une reprise de celui que j’ai écrit il y a 8 ans sur mon 1er blog, Salem Center! Je poursuis mon exploration des classiques Marvel! 😉
Attention, l’événement est historique, puisque Panini a réédité pour la première fois les fameuses Guerres secrètes qui ont tenues en haleine les lecteurs de Marvel durant toute une année. De mai 84 à avril 85 s’est en effet déroulé le tout premier crossover dans le monde des comics, et l’on doit cette révolution à la Maison des Idées. Tout est en fait partie d’une vision assez mercantile, puisque Marvel voulait concurrencer ses adversaires dans le monde des figurines et créer une série de petits bonshommes en plastique avec les tronches de Captain America et de Galactus dessus. Le rédacteur en chef de l’époque, Tom DeFalco, suit les recommandations du fabricant de jouets et engage des auteurs afin de créer un récit qui mêlera tout un pan représentatif du bestiaire de l’éditeur afin de le faire coïncider avec la sortie des figurines. Cette maxi-série en 12 épisodes va cartonner, et va changer la face des comics à jamais…
Pour rassembler deux douzaines de super-héros et de super-vilains, il faut quelque chose de grand, de cosmique et d’apocalyptique. Jim Shooter, chargé du scénario, va mettre en avant une sorte de jeux du cirque cosmiques arbitrés par un être mystérieux et aux pouvoirs démesurés, le Beyonder. Celui-ci fait venir les participants qu’il a sélectionné et les place sur Battleworld, une planète patchwork qu’il a constitué en un clin d’œil afin que les bons et les mauvais s’affrontent. Ces Guerres secrètes ont toujours résonné comme une promesse d’aventures étranges et intersidérales, et les nombreuses allusions qui ne manquaient pas dans les comics que je lisais à l’époque m’avaient toujours donné envie de découvrir ce qui se cachait derrière ce titre aussi énigmatique qu’accrocheur. C’est enfin chose faite aujourd’hui, et même si l’impact est évidemment moins fort que ce à quoi je m’attendais après toutes ces années, je dois dire que ce récit reste une œuvre réussie et captivante.
Evidemment, il faut se laisser aller au manichéisme 80’s (même si quelques retournements de situations sympathiques changent parfois la donne) et aux dessins naïfs hérités de deux décennies de super-héros vindicatifs. Mais l’atmosphère instillée par Jim Shooter et Mike Zeck permet de donner corps à cette confrontation globale qui s’avère finalement réjouissante, même si scénariser l’ensemble devait être une tâche plutôt complexe. Avec 19 super-héros et 14 super-vilains, pas facile de s’y retrouver dans l’élaboration d’un script qui tienne la route! Mais Shooter parvient à donner une cohésion à l’ensemble en mettant en avant par intervalles différents protagonistes, et en jouant sur la différence mutante avec un sens de la paranoïa qui était toujours aussi actif à l’époque…
Les Avengers se retrouvent quasi-complets, accompagnés de 3 des 4 Fantastiques (Mr. Fantastic, la Torche et la Chose); et les X-men du Professeur Xavier répondent présents, bien qu’ils fassent bande à part et restent à l’écart des aventuriers humains. En face d’eux, des adversaires aussi variés que Galactus, Fatalis ou l’Homme-Molécule, qui vont leur donner bien du fil à retordre… Les Guerres secrètes est un récit surfant sur la vague des œuvres cosmiques très en vogue depuis les années 70, et ce tout premier affrontement de masse s’avère plutôt réjouissant! Hulk fait équipe avec Spider-Man et Colossus pour contrer les Démolisseurs et le Lézard, et des nouveautés bien trouvées vont marquer à jamais le monde Marvel. C’est le cas avec un certain costume noir trouvé par le Tisseur… Ou encore l’apparition de nouveaux personnages issus directement de ce crossover…
Jouant sur les rebondissements et les jeux d’alliances avec un art consommé, Jim Shooter emballe son récit par une dynamique sûre, et fait de cet affrontement aux répercussions titanesques une œuvre séminale qui a certes pris un coup de vieux, mais qui fonctionne toujours grâce à une certaine nostalgie…