Red down…

Depuis le 4 juin, le site de partage belge RedList n’est plus opérationnel, son webmaster Redarche ayant été obligé de retirer tous les liens de téléchargements afin de se conformer à une décision de justice, faisant suite à une plainte conjointe de l’ALPA (association de lutte contre la piraterie audiovisuelle) et la SACEM, qui avaient saisi la BAF ( belgian anti-piracy federation). RedList figurait parmi les meilleurs sites consacrés au téléchargement, et sa fermeture rend bien compte de la place de choix qu’il occupait dans le domaine du warez.

C’est bien évidemment avec tristesse que j’ai appris cette nouvelle, car même si je n’ai connu le site que l’an dernier, j’avais immédiatement apprécié le travail très fouillé effectué par Redarche et son équipe, qui dénotait parmi la multitude de sites de partage tenus avec les pieds, aux systèmes de recherche désastreux qui vous dirigent vers tout sauf ce que vous voulez trouver, et qui vous balancent des pubs dès que vous faite le moindre mouvement. Il y avait indéniablement du professionnalisme et une véritable passion dans le travail de Redarche, qui a participé pendant 5 ans à une forme d’ouverture culturelle certes controversée, mais qui se propagera irréversiblement.

Ce n’est pas le premier site à tomber, et ce ne sera très certainement pas le dernier, mais cette sanction ravive à nouveau le débat sur le contournement des droits d’auteurs et sur la propriété intellectuelle des oeuvres. A l’heure où les Virgin, FNAC et autres Forum sont au plus bas avec fermetures de magasins et suppressions de postes, on ne peut légitimement nier qu’internet fait beaucoup de mal au secteur culturel. Mais il faut bien avoir à l’esprit que les comportements des internautes ne sont pas tous similaires, et que l’utilisation du téléchargement est complètement différente d’un individu à l’autre.

A l’époque où La Caverne des Introuvables était encore actif, on se retrouvait sur un site qui ressemblait à un grenier mystérieux où l’on pouvait passer des heures à fouiller afin de dénicher des perles rares. Le premier film que j’y avais téléchargé était Paperhouse, oeuvre mythique que je n’avais jamais réussi à trouver dans le commerce et dont les rares images aperçues m’avaient toujours annoncé une ambiance unique et envoûtante. Le film a tenu toutes ses promesses, et j’ai continué à fureter dans la Caverne pour mettre à jour des trésors enfouis. L’administrateur du site, Acromega, avait un principe, celui de proposer uniquement des films jamais édités en vidéo ou épuisés, ce qui représente un nombre impressionnant d’oeuvres! La fermeture de Megaupload à eu en partie raison de cet excellent site…

RedList et La Caverne des Introuvables ont un point commun, c’est qu’ils ont été tenus par des passionnés, dont le but était d’offrir une large visibilité aux oeuvres proposées. Le soin apporté à l’ergonomie du site, le choix de supprimer les liens vers des basses qualités, la mise en place d’une équipe de sous-titrages sont des éléments qui dénotent sans conteste la maturité et l’envie de Redarche, Matkill et de leurs compères. On ne se retrouvait pas dans une optique de téléchargement compulsif et indifférencié, on était sur un site qui permettait de trouver des films que l’on avait réellement envie de voir. Mon premier téléchargement sur RedList a été Atomic College, un bon vieux Troma qui aurait pu figurer dans la Caverne! Du pur délire 80’s totalement barré et réussi! C’était le point de départ de nombreuses trouvailles géniales qui ont malheureusement pris fin…

Chacun vit le téléchargement à sa manière, et cet outil ne m’empêchera certainement pas d’aller découvrir les films les plus attendus en salle. L’expérience d’un film au cinéma reste unique, et j’irai toujours voir mes 30 films par an si la programmation reste attractive. (D’ailleurs, quel est l’intérêt de regarder une oeuvre filmée dans un cinéma, avec une image dégueulasse et un son crade?) RedList me permettait surtout de dénicher des vieilleries introuvables et des films dont les distributeurs ne s’occupaient pas. J’ai ainsi pu découvrir le génial The Hole de Joe Dante qui n’était toujours pas sorti au ciné ou en DVD 3 ans après sa production… V/H/S, The Bay, Kill the Gringo, The Incident, The Raid, Universal Soldier: le Jour du Jugement, et la liste est longue… Autant de films pour lesquels j’aurai payé une place de ciné sans hésiter, mais que je n’aurai jamais acheté en DVD… Pour moi, un site tel que RedList était une alternative aux carences des salles obscures, et prolongeait le plaisir des découvertes cinématographiques. Et il était bien évidemment une alternative à la pauvreté sans nom de l' »offre » télévisuelle actuelle, engluée dans une pseudo-réalité d’un vide absolu…

Tout ça pour dire que comme La Caverne des introuvables, RedList est une vraie perte dans le domaine de la culture, et je tenais à rendre un hommage mérité à Redarche et sa clique! J’en profite également pour mettre un lien vers la pétition de Matkill ayant pour but de se faire entendre par les majors. Même s’il n’y a quasiment aucun espoir, on peut toujours soutenir l’équipe de RedList par ce biais!

 

Ce contenu a été publié dans Evénement. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Red down…

  1. Zirko dit :

    Un site que je ne connaissais malheureusement pas et qui m’aurait pourtant bien servi pour dénicher des raretés boudées par les cinémas.

    Après il est certain que le thème du téléchargement « illégal » est un sujet très sensible. Moi-même, j’en ai été victime puisque j’étais responsable d’un point de vente culturel dont l’ensemble de la chaine a fermé il y a quelques mois.

    Il est certain que le téléchargement quand il est utilisé à bon escient comme tu le décris si bien dans ton article peut être un levier important à la culture en faisant découvrir des films introuvables. Malheureusement il y a toujours des abus que ce soit dans le cinéma, mais aussi dans les jeux vidéo et musique.

  2. Wade Wilson dit :

    Le problème vient du téléchargement à outrance je pense. Prends le cas d’Intouchables qui cartonnait au ciné, et qui a vu ses entrées chuter sans appel à partir du moment où le DVD pour les César avait été piraté. Ca montre bien le non-respect de l’oeuvre, qui méritait vraiment qu’on se déplace pour aller l’apprécier sur grand écran. Et en plus il aurait certainement dépassé les Ch’tis sans ce coup foireux…

    Il y a encore des sites qui donnent envie de fouiller comme L’Antre de l’Horreur, où tu peux tomber sur des bisseries bien barges et des oeuvres véritablement méconnues! Une bonne alternative à cette merveilleuse Caverne qui me plaisait tant…

    Le fait d’acheter un DVD est plus un acte de collectionneur, ça ne rentre pas dans mon optique. Mais je pense qu’il y a aussi beaucoup de gens qui achetaient sans forcément connaître les films, et qui font un tri avec le téléchargement, en achetant les films qui les marquent le plus. Il y a aussi un effet qualitatif au détriment de la quantité du coup. Et tu as ceux qui vont télécharger Very bad Trip 3 en R5 pour pouvoir dire qu’ils l’ont vu, dans une qualité de merde mais ils l’auront vu…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *