Guerre et Spray (Banksy, 2005)

Sorti chez nous en 2010, Guerre et Spray évoque l’art de Banksy dans un bouquin principalement axé sur ses oeuvres. Pas de bio, pas de pages explicatives sur les méthodes de l’artiste, mais des instantanés qui se succèdent pour mettre en lumière les préoccupations du mystérieux Anglais. Mis à part quelques anecdotes drôles ou touchantes sur son travail, il est dommage que ce livre n’offre pas plus de détails sur Banksy lui-même. En même temps, sa véritable identité étant inconnue, difficile d’écrire sur sa vie… L’oeuvre prime sur l’artiste, et c’est finalement logique pour quelqu’un qui refuse le copyright sur ses créations!

Guerre et Spray (Wall and Piece en VO) a été édité en France en 2010 pour accompagner la sortie de l’excellent documentaire Faites le Mur réalisé par Banksy lui-même, et qui révélait les coulisses du street art. Le bouquin reprend une partie importante du travail de l’artiste, qui se fond dans la nuit pour réaliser des graffitis où se mêle poésie, émotion et humour noir. Son fait le plus connu date de 2005, lorsqu’il se rend à Bethléem afin de peindre sur le mur séparant Israël de la Palestine. La simplicité et l’impact immédiat de ses oeuvres donnent tout son sens à ce projet à la fois naïf et courageux. Mais comme il l’explique dans Guerre et Spray, son art n’est pas forcément du goût de tous, comme lorsqu’un vieil homme vient lui dire: « Vous embellissez le mur », il lui répond « merci, c’est gentil », et le vieil homme continue: « On ne veut pas que ce mur soit beau, on ne veut pas de ce mur, rentrez chez vous ».

Banksy fait partie de ce milieu underground contestataire qui semble créé par les métropoles elles-mêmes, et dans lesquels s’épanouissent des artistes plus ou moins reconnus, et plus ou moins réfractaires à l’idée de l’autorité. L’un des meilleurs exemples est Shepard Fairey et son fameux Obey à l’effigie d’André le Géant, qui renoue avec une tradition carpenterienne du totalitarisme gouvernemental. Le street art est une bouffée d’air frais nocturne dans un monde consumériste, et les graffeurs exprimant leurs idées sur les murs, les trains et les camions sont autant de designers de rue, remodelant les façades afin de leur donner un sens plus appuyé. Le street art est un art noble, ce qui n’empêche pas ses pratiquants de se faire courser par les flics! Des idées apparaissent, des images se forment, la ville se transforme, et des messages sont relayés à travers cet art souvent éphémère et toujours rapide.

Banksy est aussi connu pour être allé accrocher ses oeuvres à la Tate Gallery à Londres, ou au Louvre à Paris! Sa version des peintures rupestres est même restée 8 jours sur les murs du British Museum à Londres! Banksy multiplie les supports, et à côté des graffitis, il crée des oeuvres qui touchent à la sculpture, comme sa fameuse cabine téléphonique vandalisée, ou au détournement de panneaux, comme ses avertissements sur Hyde Park à Londres signalant une interdiction de se baigner à cause de la présence d’alligators! Banksy joue avec les conventions et les normes, et propose une relecture du milieu urbain forcément salvatrice!

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