A la base, une volonté de mettre en lumière le monde très underground du street art, dans lequel les artistes usent de graffitis, de sculptures et d’installations travaillées en secret et exposées de manière illégale. Thierry Guetta vit avec sa caméra vissée sur l’oeil, et découvre un beau jour cet art éphémère dont il tombe tout de suite amoureux. L’aspect contestataire, le frisson du danger, la beauté frappante de ces oeuvres inspirées… Guetta décide d’aller à la rencontre de ces street artists, qui vont apprendre à lui faire confiance, et accepter qu’il filme leurs processus de création et leurs méthodes originales d’expositions! C’est parti pour des ballades sur les toits parisiens, des poursuites avec la police de Los Angeles… Guetta filme tout ce qu’il peut et emmagasine des centaines d’heures de rushes!
Mais en s’enfonçant de plus en plus dans ce domaine, il se rend compte qu’une figure mythique se démarque, et qui semble totalement insaisissable. Il s’agit de Banksy, qui n’est autre que le réalisateur de Faites le Mur! Etrange, non? Mais alors, pourquoi parler d’un film de Thierry Guetta?? C’est justement là que le film bascule, puisque la simple évocation du street art va bifurquer vers l’approche que va en faire Guetta, et les rôles filmé- filmeur vont s’inverser. Ce que Banksy va montrer en observant Guetta va bien plus loin que ce que Guetta aurait pu montrer du street art, et le film prend un chemin étonnant, et pas forcément plaisant.
Je ne dirais rien de plus par rapport à ça, parce qu’il faut vraiment le découvrir pour saisir l’importance de cette vision apportée par Banksy. Mais Faites le Mur permet donc aussi de découvrir cet univers caché qu’est le street art, en suivant des figures reconnues comme Shepard Fairey ou Space Invader. On découvre le Obey Giant de Fairey, qui est une succession de variations sur la figure du catcheur français André le Géant; les mosaïques de Space Invader tirées du jeu vidéo éponyme; une installation osée de Banksy à Disneyland, source d’une des séquences les plus étranges du film!
Faites le Mur va au-delà de la simple évocation de cet art, en mettant en avant le pouvoir de l’image (grâce à Thierry, les artistes peuvent voir les réactions du public face à leurs oeuvres, alors qu’ils doivent eux-mêmes souvent fuir les flics!); mais Banksy met en avant le processus de création, et l’ego qui peut se dégager dans une émulation pas toujours saine. Un film au final amer, mais mené avec intelligence, expliquant que le processus de création ne laisse pas toujours indemne! Pourtant, la fraîcheur et l’originalité qui se dégagent de ces oeuvres sont vraiment intenses, et les moments captés s’avèrent riches et captivants. Le travail de Banksy en tant que street artist est phénoménal, notamment ce qu’il a fait en Cisjordanie! Et son travail de metteur en scène utilise les mêmes principes pour aboutir à un résultat saisissant!
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