7 ans après la saison 3 de Daredevil, on a donc droit à une suite inespérée de cette période bénie made in Netflix! Le show a certes connu une grande transformation « grâce » à la grève des scénaristes, puisque ce qui était prévu pour être un procedural principalement centré sur les plaidoiries de Maître Murdock a été totalement repensé, pour être cette fois-ci bien plus proche de l’esprit du show initial. Les premières annonces de casting qui faisaient table rase du passé ont donc progressivement vu des noms connus revenir sur le devant de la scène, et le fantasme de retrouver le trio de Hell’s Kitchen et surtout l’affrontement entre les 2 antagonistes mythiques a rapidement fait monter une véritable hype telle que Marvel Studios n’en avait plus connu depuis longtemps!
Il est donc l’heure de faire le bilan de cette première saison de Daredevil : Born Again, qui est bien une saison 4 du show démarré en 2015. Cette salve de 9 épisodes sera suivi par une « seconde » et « 5ème » saison de 9 épisodes, actuellement en tournage et prévue pour mars 2006, information révélée par le showrunner de Born Again lui-même, Dario Scardapane. Le démarrage avec les 2 premiers épisodes surprenait très rapidement, mais après ce choc initial, on avait l’impression que les auteurs hésitaient encore sur le rythme à adopter, comme s’ils cherchaient à raccrocher les wagons avec la saison 3 en tentant de faire ressurgir les impacts émotionnels de la série initiale.
On semblait donc marcher sur des oeufs, mais cette sensation a très vite disparu avec l’épisode 3 qui est justement un modèle de procedural superbement mis en scène, avec le procès d’Hector Ayala, celui-ci étant incarné par l’excellent Kamar de los Reyes, malheureusement décédé en 2023. La série a conservé des éléments prévus dans la 1ère version du scénario, dont ce personnage très représentatif de ce qu’un homme combattif peut amener à la ville de New York et à sa population. Il y de véritables émotions et de vrais enjeux dans ce procès, et Hector Ayala est sans conteste l’un des personnages les plus réussis de cette saison.
On a droit à un autre épisode totalement déconnecté de l’intrigue principale, qui va mettre Matt Murdock dans une position difficile et qui s’avère sacrément ludique tout en étant très efficace dans sa mise en scène. Cet épisode très film de genre est une excellente récréation qui démontre l’efficacité des auteurs et des réalisateurs pour créer de la tension et faire briller l’aura de DD au-delà de son costume! On sent que Charlie Cox a réellement pris du plaisir à renfiler la tenue diabolique, et qu’il a bien décidé de faire oublier son égarement d’un soir avec Jennifer Walters! Je serai tout de même plus mitigé sur Vincent D’Onofrio, dont le Wilson Fisk apparaît dans une posture plus affaiblie que d’habitude, ce qui casse grandement l’aura qu’il est parvenu à mettre en place initialement. Il a toutefois quelques moments de fulgurances, mais certaines scènes de violence semblent forcées, alors qu’on l’a connu bien plus viscéral avec une simple portière de voiture ou lorsqu’il emmenait la petite Maya manger une glace.
Mais de manière globale, on parvient à réinsuffler une certaine dose de ce qui faisait le sel de la série initiale, et la gestion de la multitude de personnages s’avère savoureuse. Le retour de Frank Castle était très attendu, et lors de sa 1ère apparition, il nous rappelle en l’espace de 5 petites minutes pourquoi il incarne sans conteste la meilleure version du Punisher. Le nouveau venu Muse est un excellent adversaire, versant dans une psychose et une dimension artistique sacrément macabre, qui donne là encore un petit coup de fouet à la série. On retrouve avec grand plaisir Wilson Bethel dans le rôle de Poindexter, plus connu dans les comics sous le nom de Bullseye. Bethel lui confère toujours une aura bien inquiétante et s’avère très investi dans le rôle de ce psychopathe qui est un ennemi mythique de DD en version papier.
Dans les points négatifs, on pourra mentionner les hallucinants CGI tout dégueulasses montrant Daredevil virevolter entre les immeubles, je ne comprends même pas pourquoi ils les ont intégré… Heureusement ils ne sont pas nombreux, mais franchement il fallait oser laisser passer ça… On a droit à des combats au corps-à-corps qui s’approchent un peu du niveau de la série originelle, avec notamment les fights viscéraux entre DD et Muse. Par contre, le dernier épisode nous livre ce qui est le combat le moins intéressant et le moins crédible du show, avec un Castle dont on ne retiendra que le beuglement qui semble singer la marionnette de Stallone dans Les Guignols de l’Info… C’est assez perturbant et on sent que ce dernier épisode tente de boucler les intrigues pour vite mettre en place un statu-quo qui sera exploré dans la saison 2.
On appréciera le côté street level qui revient aux fondamentaux de la série, avec quelques passages souterrains bien stressants, et la photographie de la série est traitée avec un soin qui nous fait comprendre qu’on est pas dans la frange lumineuse du MCU que l’on voit habituellement au cinéma. Ici, on descend dans différents antres maléfiques et dans autant de psychés psychotiques, et la dualité incessante de Matt Murdock entre sa croyance en une justice équitable et sa partie sombre qui aimerait se lâcher comme le Punisher s’avère toujours intéressante, même si elle fait un peu redite face aux saisons précédentes. Le travail sur le son est excellent, nous permettant de capter comment fonctionne l’ouïe surdéveloppée de Matt, et le procédé s’averse très immersif.
On a donc une première (4ème) saison qui fonctionne plutôt très bien, avec une majorité d’épisodes s’avérant vraiment excellents, et 3 qui sont un peu moins captivants. En l’état, on est quand même face à un très bon retour pour le Diable d’Hell’s Kitchen, qui n’est certes pas parfait, mais qui donnait envie d’y revenir chaque semaine pour retrouver cette ambiance dense et très bien travaillée. On attendra donc une saison 2 qui semble s’annoncer plus explosive et pleine de surprises, donc rendez-vous en mars 2026!!!