Avec Sinners, Ryan Coogler (le réalisateur de Creed : l’Héritage de Rocky Balboa, Black Panther et Black Panther : Wakanda Forever) mélange les genres pour donner vie à une oeuvre étrange traversée de belles fulgurances. Le film s’avère certes trop distendu sur la durée, mais il propose un récit au traitement original qui risque bien de dérouter plus d’un spectateur. La reconstitution du Mississipi des années 30 est savoureuse, et l’omniprésence du blues dans cette communauté permet de donner un rythme maîtrisé qui va même prendre la pas sur la trame fantastique du récit.
Car après tout, on nous a vendu un film de vampires, et ce sera bien le cas, mais là encore avec un mélange d’absurde et de gore qui va faire osciller le film entre la série B et la série Z de manière totalement assumée, ce qui pourra encore désarçonner plus d’un spectateur. Sinners adopte un rythme lancinant qui se cale sur la musique blues saupoudrant de manière permanente le film, et il va explorer le mythe du vampire à travers l’amour de la musique… Le propos est parfois déstabilisant, mais on appréciera la sincérité de Ryan Coogler qui nous livre une oeuvre atypique, inégale mais intéressante. Et pile au moment où je sentais vraiment l’intérêt retomber, il vient synthétiser toute l’essence de la musique Black en un plan-séquence totalement hypnotique et qui est un moment jamais vu dans le 7ème art à ma connaissance!
Sinners n’est donc pas exempt de longueurs et ses parti-pris peuvent dérouter, mais il a le mérite de proposer une vision originale d’un pan de la culture américaine, avec un Michael B. Jordan impeccable qui semble s’amuser comme un petit fou.