Rambo : Last Blood (Adrian Grunberg, 2019)

11 ans après l’impressionnant John Rambo qui devait conclure la saga, Sylvester Stallone nous offre un ultime chapitre consacré au vétéran du Vietnam. John Rambo vit dans son ranch familial en Arizona, aux côtés d’une amie de son père et de Gabrielle, la fille dont elle s’occupe. Il mène une vie tranquille et retirée, passant ses journées à dresser des chevaux et à s’occuper de la ferme. On le retrouve pourtant dès la scène d’ouverture (impressionnante) en train de sauver des gens pris dans une tempête, et on sent les relents du Vietnam qui viennent parasiter le vétéran. Comme s’il tentait encore aujourd’hui de sauver ses frères d’armes qu’il n’avait pas pu secourir à l’époque…

John Rambo est un homme rongé par la guerre et la culpabilité, qui tente d’avancer sous le poids de ses fantômes et démons. Sous la carcasse vieillissante, la colère bouillonne constamment, et il s’oblige à prendre des médicaments pour calmer ce feu. Au fil de ses missions, John a compris qu’il était une machine faite pour la guerre, et qu’il aura toujours du mal à trouver sa place dans un monde calme. Mais même dans son ranch reculé, la paix ne va pas durer… Lorsque Gabrielle décide d’aller voir son père dont elle a retrouvé la trace, elle va aller au-devant de terribles problèmes… Repérée par un membre de cartel, elle va être kidnappée afin d’être vendue comme esclave sexuelle.

John va sortir de sa retraite pour lui venir en aide, et on va dès lors assister à un vigilante movie en mode très agressif. Si les têtes qui explosaient dans John Rambo avaient de quoi choquer, Stallone garde le cap et reste dans une violence tout aussi percutante. Quand on voit un homme se faire briser les os à mains nues, ça impressionne forcément! Ce qui est très immersif, c’est la tragique situation que va vivre Gabrielle, car Adrian Grunberg va mettre en lumière le trafic sexuel existant entre le Mexique et les Etats-Unis. Une réalité atroce et sacrément glauque, et le film ne cherche en rien à l’édulcorer. Tout comme la situation en Birmanie présentée dans l’opus précédent, on assiste à des scènes choquantes dans lesquelles les victimes morflent sérieusement, et ça ne laisse clairement pas indifférent.

Avec ce thème de la prostitution, cet épisode met en lumière un problème social réel et ancré dans le pays. 37 ans après le mythique Rambo, Stallone va refaire la guerre sur le sol américain, et pour une cause très personnelle. Après un périple au Mexique où il exerce sa vengeance, il revient dans son ranch pour préparer les représailles du cartel. Si la violence est extrême et que l’on comprend aisément les raisons qui poussent John à laisser libre cours à ses pulsions meurtrières, on se dit tout de même que le film est très court! Il dure 1h29, et on se sent un peu frustré lors de certaines scènes, car il y a des passages qui sont traités par ellipses ou des instants où on se dit qu’il aurait pu prendre son temps avant de tuer des ennemis blessés. Après tout, ce sont de vraies ordures qu’il a face à lui. Rambo : Last Blood se place dans la lignée des vigilante movies tels Un Justicier dans la VilleL’Ange de la Vengeance, Vigilante – Justice sans Sommation ou encore Taken.

C’est là que se pose le problème du racisme reproché au film. Si le personnage s’en prend à un cartel mexicain, cela ne signifie pas pour autant que tous les Mexicains sont catalogués comme des criminels. C’est un peu comme si on reprochait à John Wick de maltraiter l’image des Russes ou à Taken de dire que tous les Albanais sont horribles. Dans ces films, on cible des gangs, des mafias, des cartels, et la nationalité de ces associations non caritatives ne rejaillit pas sur l’ensemble des Russes, Albanais ou autres. Ces raccourcis très faciles permettent de jeter davantage d’huile sur le feu, et comme Rambo : Last Blood a déjà été éreinté par la critique, autant encore le descendre davantage…

Mais pour ma part, ce film constitue un épisode plaisant, qui va loin dans la violence et dans son mode Punisher, et qui permet de retrouver une figure iconique certes fragilisée, mais après tout, John Rambo fonctionne en mode dépressif depuis bien longtemps… Stallone confère au personnage une aura touchante, et son attitude protectrice envers sa fille adoptive lui donne une vraie humanité. Son coeur balance toujours entre ses vieux démons et sa volonté de protéger cette innocence, et il en a les moyens. L’homme rompu à l’art de la mort est celui qui est le mieux placé pour offrir un monde de paix à la jeune femme, et il va user de ses talents sanguinaires pour la sortir des griffes du cartel. Adrian Grunberg signe un film bien bourrin, qui semble sorti d’une autre époque, et on se retrouve dans un actioner typé 80’s avec des vilains certes caricaturaux, mais qui méritent franchement de mourir! Et Rambo ne va pas se priver…

Le film ne parvient pas à retrouver la force de John Rambo, mais il navigue dans des eaux différentes, loin du film de guerre et beaucoup plus personnel. C’est à voir comme une curiosité dans la saga, et à prendre comme une ultime aventure qui paraît bien déconnectée des précédentes, mais qui creuse davantage dans la réalité du vétéran…

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