Chernobyl saison 1 (2019)

26 avril 1986, 1h 23 du matin. Alors qu’un test de sécurité est en cours, le réacteur numéro 4 de la centrale Lénine entre en fusion, provoquant une explosion nucléaire catastrophique, dont les répercussions se font encore ressentir de nos jours… L’impact sanitaire et le bilan humain sont énormes, tandis que le chiffre avancé par les autorités russes reste le même, depuis ce jour fatidique : 31 morts…

On ne prédestinait pas forcément Craig Mazin à la reconstitution historique d’un tel événement, lui qui a mis en scène 2 films parodiques de super-héros, The Specials et Super Héros Movie! Il a également produit Scary Movie 4, L’Ecole des Dragueurs, ou encore écrit Scary Movie 3 et 4, Very Bad Trip 2 et 3… C’est un revirement total pour le producteur-scénariste, qui nous offre une mini-série incontournable et précieuse!!! Johan Renck est un metteur en scène issu du clip et de la publicité, qui a notamment travaillé avec Madonna, New Order, Kylie Minogue, Beyoncé, Robbie Williams… Et qui a réalisé quelques épisodes de The Walking Dead, Breaking Bad ou Vikings. Un CV plutôt solide, et quand on voit avec quelle maîtrise visuelle il nous fait replonger dans cette période terrible, on ne peut qu’apprécier tout son talent et sa sensibilité!!!

Chernobyl va relater la totalité des événements survenus en ce matin du 26 avril 1986, ainsi que des jours d’après, en suivant une chronologie implacable afin de nous expliquer ce qui s’est réellement passé sur ce site. On va se retrouver en plein film catastrophe, avec des tractations politiques et des mensonges destinés à retenir au maximum la fuite d’informations, et on va se rendre compte à quel point c’est avant tout la bêtise humaine qui est à l’origine de cet accident sans précédent… Craig Mazin et Johan Renck vont nous confronter à la chaîne d’événements ayant conduit à l’évacuation de Pripiat et de toute la zone d’exclusion, alors que les dirigeants de la centrale minimisaient l’impact de cette catastrophe. Un exemple : les dosimètres chargés de mesurer les radiations donnaient tous le même chiffre, qui n’était pas catastrophique, car il s’agissait en fait de leur limite. Mais le taux de radiation était tel que ces dosimètres ne permettaient pas de le mesurer… Il y a eu des erreurs humaines monumentales lors de ce test, et des erreurs majeures lors du traitement de cette crise, permettant la propagation des radiations à travers toute l’Europe…

Le traitement hyper-réaliste de Mazin et Renck s’avère très impressionnant, et cette reconstitution fait tout simplement froid dans le dos!!! Les Américains se sont réappropriés la culture russe pour mettre sur pied une fiction qui a tout du documentaire, tant les moindres détails paraissent authentiques! Le seul élément qui surprend, c’est de suivre toute cette histoire en langue anglaise plutôt qu’en Russe. Mais les décors avec l’esthétique tranchante de l’ex-U.R.S.S. et la froideur du pays communiste apportent une touche de réalisme très réussie. Le 1er épisode surprend par cette sorte d’absence d’émotions, mais arrivé à la fin, Johan Renck nous glisse une séquence d’une beauté apocalyptique, et les 4 épisodes suivants vont constamment mélanger cette rigidité politique et la portée humaine terrible de cet événement… Jared Harris (Fringe, Mad Men, The Crown) joue Valery Legasov, un scientifique amené à faire parti du comité central mis en place suite à la catastrophe, et son rôle va être majeur dans la divulgation de la vérité. Il va être soumis à une terrible pression afin de découvrir ce qui s’est réellement passé,  tandis que le gouvernement ne souhaite pas être trop alarmiste… Harris est excellent dans ce rôle à la fois effacé et primordial, Legasov devant prendre des décisions difficiles afin de sauver une partie de la population. A ses côtés, Stellan Skarsgård est excellent dans le rôle du vice-premier ministre Boris Shcherbina, amené à travailler avec Legasov, et à réviser son jugement au fur et à mesure des découvertes du scientifique…

Mis à part un seul personnage (celui d’Emily Watson, créé pour rendre hommage à tous les scientifiques ayant oeuvré avec Legasov suite à la catastrophe), tous les protagonistes apparaissant dans la série ont existé. On va suivre chacune de leurs décisions, chacune de leurs destinées lors de cet événement tragique majeur. Ce qui est impressionnant, c’est qu’on a l’impression de se retrouver dans un film de science-fiction, où les personnages revêtent des combinaisons de sécurité pendant que les compteurs Geiger s’affolent, mais tout cela a été une horrible réalité en 1986. Johan Renck rend bien compte de tout le potentiel de destruction de ce coeur éventré, et met les conséquences en images avec une acuité qui fait frissonner. La vision même du coeur à nu du réacteur 4 est certainement l’une des images les plus fortes que l’on ai pu voir, car on a réellement l’impression de regarder la mort en face. Ce trou béant et fumant est l’entrée de l’Enfer, tout simplement. Cette vision était terrible dans l’excellent documentaire La Bataille de Tchernobyl, et elle l’est également dans cette fiction…

Mazin et Renck vont évoquer les différentes étapes destinées à stopper la propagation des radiations, et c’est en mesurant à quel point personne ne se rendait compte de l’impact de ce qui venait de se produire que l’on comprend pourquoi la gestion a été aussi mal assumée. Personne ne pensait qu’un coeur de réacteur ait pu exploser, et c’est pourtant ce qui venait de se dérouler. Les pompiers arrivés sur place commencent à déplacer des débris, et se retrouvent avec des brûlures terribles, car ce qu’ils ramassent est du graphite, provenant directement du coeur, et irradié à des doses terriblement mortelles… La prise en charge sanitaire des victimes va se mettre en place dans les hôpitaux environnants, mais là encore, tout le monde ne saisit pas l’ampleur des radiations et l’importance de placer les gens en quarantaine afin d’éviter la contamination… Les dégâts physiques sont horribles, et il y a quelques scènes difficiles…

Chernobyl est une oeuvre moderne majeure, indispensable dans sa façon de retracer ce fait historique, et à la portée émotionnelle énorme. Sous le couvert de cette attitude froide typiquement soviétique, on ressent peu à peu les émotions de chacun des protagonistes face à cette mort inéluctable rôdant tout autour d’eux. On va assister à des séquences très difficiles, comme lors de l’élimination des animaux contaminés, les 3 plongeurs essayant de fermer les vannes d’eau, ou encore cette séquence annexe avec ce soldat venu évacuer de force une paysanne. Il y a une sensibilité extrême de la part de Mazin et Renck, qui tranche avec la rigueur politique en vigueur appliquée sur la gestion de cette catastrophe. Les plans de ces gamins jouant insouciants dans les parcs alors que la mort plane, le stress ultime des liquidateurs qui n’ont qu’une minute 30 pour débarrasser chacun une infime portion du toit tant les radiations sont dangereuses… L’impact émotionnel de cette série est extrêmement fort, et ces 5 épisodes ne vont pas nous lâcher…

 

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2 réponses à Chernobyl saison 1 (2019)

  1. Carole Regnier dit :

    On peut la voir sur quel site ? Ou chaîne ?

  2. Wade Wilson dit :

    Oups! Je n’avais pas vu ta question! C’est sur OCS!

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