Cujo (Stephen King, 1981)

Cujo est le dixième roman de Stephen King, et est l’un des rares à se passer d’éléments fantastiques. Il a d’ailleurs hésité à le publier sous le pseudonyme de Richard Bachman, qu’il a utilisé à plusieurs reprises pour éditer des récits plus réalistes. Mais on peut toutefois discerner quelques détails laissant planer le doute quant à l’éventuelle irruption du surnaturel… Le bouquin commence en effet par un rappel des événements parus dans Dead Zone, avec la figure morbide de Frank Dodd, le tueur qui aura fait régner la terreur à Castle Rock au début des années 70. Il est depuis lors devenu une sorte de mythe cauchemardesque, destiné à faire peur aux enfants qui ne sont pas sages, à l’image d’un croquemitaine… C’est la première fois qu’un lien évident avec une oeuvre antérieure est mise en avant dans un roman de King, ce qui permet de constituer une approche initiale d’un certain univers étendu.

Je gardais un très bon souvenir de ce roman lu lui aussi dans ma jeunesse, et encore une fois, cette relecture m’a amené à reconsidérer ses qualités… Je m’en souviens comme d’une sorte de survival dans lequel une mère et son fils sont prisonniers d’une voiture tandis qu’un Saint-Bernard complètement fou tente de les tuer. Le bouquin fait un peu mois de 400 pages, et ce n’est qu’un peu avant la 200ème page que le siège commence… King va auparavant mettre l’accent sur les problèmes familiaux de 2 couples, donnant à son roman des airs de chronique sociale assez dépressive… On va en effet suivre la relation difficile entre Donna et Vic, alors qu’elle l’a trompé à plusieurs reprises; et on va également suivre la vie de famille difficile de Charity et Joe, qui ne sont clairement pas sur la même longueur d’ondes… Et dans chaque cellule familiale se trouve un gamin pris au centre de ces tensions.

Si ces digressions par rapport au propos principal peuvent présenter quelque intérêt pendant un moment, elles prennent finalement trop d’importance, et commencent à plomber le récit. On sent que King a des envies de raconter le réel en usant d’une certaine force psychologique, comme il le faisait déjà dans Chantier. Et s’il le fait avec soin pendant un moment, l’aspect déprimant de ces situations nous éloigne trop de l’intrigue principale, qui se retrouve elle concentrée sur quelques 200 pages seulement. Donna et son fils Tad se retrouvent donc coincés dans leur voiture tombée en panne, tandis que l’on bat des records de température par ces journées estivales… Et à l’extérieur, un Saint-Sernard monumental de 100 kilos, rongé par la rage, n’a qu’une seule envie, tuer la femme et son fils… Dans mon souvenir, le suspense était insoutenable, mais à la relecture, il s’avère moins bien travaillé que ce que je pensais… Il y a pas mal de schémas répétitifs qui font que l’on reste en surface, et que l’on ne parvient pas complètement à s’immerger dans cette situation tragique.

La fin s’avère plus intéressante, avec les éléments se mettant en place pour la résolution de l’intrigue, mais sinon on a quand même pas mal l’impression de tourner en rond pendant un bout de temps… Cujo n’est pas un roman mémorable donc, par contre l’adaptation qu’en avait faite Lewis Teague en 1983 était excellente! En tout cas, j’en garde un bon souvenir! 😉

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