Après avoir été en charge de la destinée de Peter Parker dans The amazing Spider-Man et The amazing Spider-Man: le Destin d’un Héros, Marc Webb a laissé de côté les coûteux blockbusters pour se concentrer sur un film bien plus intimiste, Mary. Il n’abandonne pas pour autant les surhommes, puisque le rôle principal de ce film est dévolu à Chris Evans, connu pour incarner un certain Captain America! Mais le changement de registre est une bouffée d’air frais pour les deux hommes, qui offrent des facettes inédites de leurs personnalités!
Mary semblait être ce type de film indépendant américain classique jouant de manière maligne sur les émotions du spectateur, afin de le faire adhérer à son propos. Sauf que le script signé par l’inconnu Tom Flynn est d’une intelligence rare, de celle qui est capable de faire passer le spectateur par de très nombreuses émotions. Et au-delà de la sympathie que procurent les premières images, on va très rapidement se retrouver à adorer ces personnages! La relation entre Frank (Chris Evans) et sa nièce Mary est faite d’un mélange de complicité et de doute, Frank n’ayant jamais appris à éduquer une enfant. Il garde Mary depuis la mort de sa mère, et il tente tant bien que mal de concilier sa vie de « père » avec sa propre vie sociale. Mais il y a un véritable attachement entre les deux, et le film véhicule une vision très lumineuse de cette relation.
Mary est une jeune fille surdouée, avec un don indéniable pour les mathématiques, et Mckenna Grace (vue dans Designated Survivor) lui apporte une innocence et une complexité impressionnantes! La jeune actrice, du haut de ses 11 ans, est tout simplement bluffante, et le duo qu’elle forme avec Chris Evans est extrêmement touchant! Il y a une authenticité impressionnante dans son jeu, et on va être pris aux tripes par cette histoire de garde d’enfant, alors que la mère de Frank revient dans leur vie afin d’emmener la petite avec elle. Une bataille judiciaire va opposer le fils et la mère, et ce qui pourrait s’apparenter à un récit d’un téléfilm quelconque va au contraire être vraiment palpitant, et tout cela va fonctionner car Tom Flynn et Marc Webb ne cherchent jamais à faire dans le spectaculaire! On est dans un récit purement intimiste, qui va puiser dans la sincérité de ses personnages, pour nous livrer une tranche d’existence des plus passionnantes! Loin des super-héros et des menaces cosmiques, Chris Evans excelle dans le rôle de cet homme tiraillé entre son devoir et ses propres limites, qui va batailler pour garder auprès de lui cette petite fille lumineuse qui est finalement devenue le centre de sa vie…
Les personnages secondaires sont traités avec la même qualité d’écriture, à commencer par Bonnie, la maîtresse d’école de Mary, jouée par Jenny Slate (House of Lies, Parks and Recreation). L’actrice offre à son personnage un mélange de maladresse et de tendresse qui est le bienvenu, et elle va tout faire pour aider Mary quand elle va découvrir son incroyable don! Octavia Spencer se pose comme une incontournable de ce genre de film, puisque on a déjà pu la voir dans La Couleur des Sentiments ou Les Figures de l’Ombre. Elle joue une des voisines de Frank, qui adore cette gamine et qui se sent tout aussi responsable de son sort. Elle va aider Frank dans sa lutte contre sa mère, et va tout faire pour que la petite ne quitte pas le quartier…
Tout est réussi dans ce film, de la mise en scène à la fois belle et discrète, du jeu des acteurs vraiment talentueux, aux dialogues captivants. Les discussions entre Frank et Mary sont tellement belles, quand l’adulte tente de faire comprendre à la jeune fille les valeurs qu’il souhaite véhiculer, ou qu’il bifurque vers des considérations philosophiques, avec un humour qui n’est jamais très loin… Mary est une excellente surprise, et se pose d’emblée comme l’un des plus beaux films de cette année! Je vous invite vraiment à découvrir ce petit chef-d’oeuvre, auquel vous ne pourrez que succomber!