Après avoir écrit et réalisé son premier film en 2001, Seven and a Match, Derek Simonds va patienter jusqu’en 2015 avant de travailler sur l’écriture des 10 épisodes de la série The Astronaut Wives Club, et sur 3 des 8 épisodes de la série When we rise en 2017. Une année charnière puisqu’il produira également le film Call me by your Name, et qu’il lancera la série The Sinner, dont il assure aussi l’écriture.
Cette série est l’occasion de retrouver Jessica Biel, qui avait un peu disparu des radars depuis quelques temps, et ça fait plaisir de revoir l’actrice de Massacre à la Tronçonneuse! On retrouve également Bill Pullman, célèbre pour Lost Highway et qui s’était lui aussi fait oublier pendant longtemps. Derek Simonds va les réunir pour les besoins d’une histoire très étrange qui va prendre la forme d’une enquête policière dans laquelle la psychologie va jouer un grand rôle, et qui va s’avérer captivante. Jessica Biel joue Cora Tannetti, une jeune femme sans histoires vivant en couple et ayant un fils, et qui va un beau jour commettre un acte irréparable. C’est l’inspecteur Harry Ambrose qui sera chargé de l’enquête, et qui va tenter de comprendre ce qui a poussé cette femme à agir ainsi.
D’entrée de jeu, Simonds nous place dans une atmosphère très travaillée, en nous dépeignant une famille lambda dans laquelle on sent qu’une certaine routine s’est installée, mais qui avance tranquillement. Jusqu’à ce jour fatidique où tout bascule, et où Cora agit de manière impulsive sans même savoir elle-même ce qui la pousse. On va alors être convié à un voyage intérieur de plus en plus prenant, au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête, car on va explorer le passé du personnage en essayant de démêler le vrai du faux, et en tentant de faire remonter à la surface des souvenirs enfouis. Jessica Biel est excellente dans ce rôle à fleur de peau, et elle confère au personnage de Cora une très belle complexité, entre une incompréhension déchirante et une volonté tenace de rassembler toutes les pièces de ce puzzle psychologique. Cora semble être une femme très perturbée par son passé, qui lui a forgé une culpabilité qu’elle a revêtu comme une seconde peau, et avec laquelle elle essaie de vivre malgré tout.
Bill Pullman est quant à lui excellent dans le rôle de cet inspecteur non moins torturé, qui va prendre à coeur de comprendre ce qui a déclenché la réaction de cette femme. Il va mener son enquête en respectant de moins en moins les conventions, au fur et à mesure que le procès se rapproche. Il va mener une course contre la montre afin de démontrer que le passé de Cora a joué un grand rôle dans son acte, et il va devoir travailler avec elle malgré les fortes réticences de Cora. Leur relation tendue va évoluer au fur et à mesure, mais Cora apparaît comme une personne qui peut exploser à tout moment, et Harry va essayer de creuser afin de trouver les racines de ce mal profond. Une des grandes qualités de ce show va être son écriture, grâce à laquelle Simonds et ses 4 scénaristes vont nous plonger dans une enquête vraiment prenante. Entre les faux-semblants, les mensonges, les peurs et la culpabilité, Harry Ambrose va devoir lutter pour faire avancer son enquête, et pour tenter de sauver Cora Tannetti d’elle-même.
Les 5 réalisateurs qui se partagent ces 8 épisodes travaillent avec une très belle cohésion, permettant une réelle immersion dans cette ambiance tragique de laquelle ils font ressortir une certaine beauté. Il y a une très belle force dans les évocations du passé, entre les flashbacks et les souvenirs remontant à la surface, et on va être happé par cette enquête avec le même besoin que Cora et Harry de saisir tous les enjeux derrière cet acte. Qu’est-ce qui a perturbé Cora à ce point pour commettre cet acte ? Quelle peut bien être la logique implacable qui sous-tend tout ça ? Avec tout le talent d’un scénariste aguerri, Derek Simonds ne nous lâchera pas d’un épisode à l’autre, et va nous porter jusqu’à une conclusion forte qui nous permettra enfin de saisir tous les enjeux, et qui apportera un éclairage nouveau sur le personnage de Cora. The Sinner s’avère être une excellente proposition, et cette enquête aux frontières de la psychologie vaut vraiment le détour!