Al Ewing a été en charge de la série New Avengers, et a suivi l’équipe quand elle est devenue U.S.Avengers. On a pu le recroiser dernièrement sur la série Royals consacrée aux Inhumains, dans les pages de Marvel Heroes. Aujourd’hui, le scénariste nous mène en mission aux côtés de Rocket, le fameux membre des Gardiens de la Galaxie, cette équipe hétéroclite de héros qui a eu droit à toute une fournée de comics depuis le succès de leur film! Après la série principale, les personnages ont eu droit à des séries solo, comme c’est le cas avec ce Barrage sur le Fleuve Bleu, qui est un récit de braquage dans l’espace!
Ewing se la joue polar old school avec un début classique dans un bar où Rocket noie sa déprime, avec un texte qui s’apparente à une voix-off et qui décrit les caractéristiques de l’endroit ainsi que le mood du héros : « Un bar craignos dans un monde craignos d’un secteur craignos. » « Elle venait chercher l’aventure dans les eaux troubles… » « C’est toujours la même histoire. Il a mélangé affaires et sentiments… Encore… Et il s’est retrouvé le coeur brisé. Encore. Ca le faisait rire. Ou pleurer. Difficile à dire certains soirs. » On se retrouve vraiment projeté dans une histoire à la trame classique qui prend forme comme un hommage au film noir, avec une femme fatale, un héros qui sait qu’il prend la mauvaise décision, et l’engrenage infernal qui va le mener dans des situations très compliquées. Et on va plonger avec plaisir dans ce polar spatial!
Adam Gorham a notamment bossé sur The New Mutants: Dead Souls, et son coup de crayon va apporter tout le dynamisme nécessaire au script d’Ewing, agrémenté encore par les couleurs chaudes de Michael Garland. Et comme dans tout bon film (ou comics) de casse, il faut une équipe complète, ce qui sera le cas avec les Technets, des super-mercenaires un peu bordéliques! On a China Doll, qui peut rétrécir tout ce qu’elle touche. Synapsis, qui joue avec votre cerveau. Nombres, qui a un esprit logique imparable mais qui est très peureux. Ferro2 qui est un combattant téméraire. Et on a l’Oeuf… Qui est un oeuf. Cette bande hétéroclite va tenter un casse impossible sur un site hyper-sécurisé. Le challenge est évidemment trop tentant pour Rocket, et c’est parti pour un plan super-huilé!
Là où ça devient vraiment intéressant, c’est quand Rocket se retrouve en prison (oui, ça a un peu foiré à un moment…). On se retrouve au Côlon, une prison de haute sécurité dirigée par un petit sadique, où on va croiser des pensionnaires très variés et colorés. Al Ewing se fait bien plaisir avec tout ce bestiaire, et après avoir adapté le film de casse, il joue avec les codes du film de prison, qu’il agrémente de très bonnes idées avec les pouvoirs des personnages présents. Rocket étant un fin stratège, il va élaborer un plan complexe afin de pouvoir s’évader de cet endroit peu reluisant, et là encore, Adam Gorham gère très bien sa partie graphique, et on suit ces aventures avec plaisir! Et c’est sans compter sur l’arrivée d’un nouveau personnage, un certain mercenaire habillé de rouge, qui nous fait un dialogue dans lequel il done le titre de l’épisode que l’on vient de lire en mentionnant tous les crédits! Et oui, c’est un gars qui brise le 4ème mur, c’est donc Deadpool!
Pour coller avec l’ambiance polar, il va évidemment revêtir le manteau et le chapeau de rigueur, et son duo avec Rocket va être plutôt savoureux! Ils vont s’allier afin de faire tomber un parrain de la pègre spatiale, et là encore, le rythme instauré par Ewing fonctionne très bien. Il mêle humour et action avec un savoir-faire éprouvé (après tout, il a bossé sur les New Avengers et les U.S.Avengers), et poursuit donc son exploration polardeuse avec classe! On va ensuite passer à un autre sous-genre, celui de l’infiltration chez l’ennemi, qui là va encore va se faire de manière originale et très intelligente! Ewing gère sa partition de très belle manière, intégrant les Technets à différentes étapes, jouant sur les sentiments de Rocket face à sa femme fatale, et nous offrant au final un très bon moment de lecture qui réinterprète avec succès des codes classiques. Et ça permet de prouver tout le potentiel de ce personnage fun et bien déjanté qu’est Rocket!