John Krasinski est connu pour avoir joué dans la série The Office de 2005 à 2013, et il en avait d’ailleurs profité pour réaliser 3 épisodes. Il n’en était pas à son coup d’essai, puisqu’il avait mis en boîte une comédie intitulée Brief Interviews with hideous Men en 2009, et son goût pour la réalisation l’a mené vers le genre horrifique, avec ce Sans un Bruit où il est à la fois derrière et devant la caméra!
Le concept de ce film est excellent: une famille vit dans une maison, avec cette particularité qu’il ne faut absolument faire aucun bruit, sous peine de se faire tuer par quelque chose de mystérieux rôdant dans les parages. Une des premières questions que je me posais, c’est pourquoi persistent-ils à rester dans cette maison? Mais le problème est bien plus complexe, et l’histoire dévoile très rapidement les raisons de cette existence silencieuse. Sans un Bruit paraît presque anachronique avec ce choix judicieux, et on va évoluer dans un film très silencieux où la famille a dû adopter un autre système de communication, puisqu’ils ne peuvent plus parler à haute voix. Cette peur permanente de faire du bruit va évidemment maintenir un suspense important, et on va découvrir les différentes stratégies mises en place par la famille pour tenter de vivre une vie « normale » malgré ce danger permanent.
Le film est évidemment très conceptuel, et va suivre une trame dans laquelle des événements vont forcément provoquer des bruits, afin que l’on assiste à des confrontations entre la famille et la mystérieuse présence. John Krasinski va incarner ce père de famille prêt à tout pour défendre les siens avec une belle intensité, mais ce n’est rien comparé à Emily Blunt, qui prouve à chaque rôle toute la puissance qu’elle possède. Elle va livrer une très grande prestation dans ce rôle difficile, et les gamins sont eux aussi très bons. Millicent Simmonds incarne leur fille qui a une particularité la rendant encore plus vulnérable, et que John Krasinski retranscrit vraiment bien à l’écran. Face à une telle menace, les dissensions familiales peuvent être fatales, et le film va donner une belle place à la psychologie de chacun des personnages, tous marqués par ces événements.
Sans un Bruit joue habilement sur le suspense, et nous plonge dans des séquences intenses où les personnages doivent ruser pour rester en vie. Maintenant, il y a tout de même plusieurs passages assez convenus, dans lesquels la tension fonctionne toujours, mais où l’on sait que dramatiquement ça devrait bien se terminer. John Krasinski construit des scènes où il assure une belle gradation de stress, mais il n’exploite peut-être pas assez le niveau le plus élevé, quand la violence explose. On sent une certaine volonté de retenue, qui fait que l’on reste dans une approche beaucoup plus film d’auteur du genre horrifique, là où il avait l’opportunité d’y ajouter des éléments graphiques forts au niveau des confrontations. A titre de comparaison, c’est comme si Gareth Evans, dans ses The Raid et The Raid 2: Berandal, avait fait monter la tension sans nous livrer les combats de ouf qui suivaient. John Krasinski est en quelque sorte dans une certaine retenue au niveau de l’action, alors que le film avait le potentiel de jouer sur les 2 tableaux de très belle manière.
Il se permet cependant quelques séquences bien intenses, avec certaines où Emily Blunt est elle aussi très intense! Après, il y a quelques éléments qui affaiblissent la crédibilité du scénario, en posant problème avec cette obligation de ne pas faire de bruit… Mais bon, je ne vais pas spoiler! ^^ Et il y a un petit côté Signes de M. Night Shyamalan, avec les séquences dans les champs de maïs! En l’état, Sans un Bruit est un bon film d’horreur au concept efficace, et qui réussit à être stressant d’un bout à l’autre. Il aurait gagné en efficacité à être plus violent et direct par moments, mais John Krasinski s’en sort bien et n’a pas à rougir par rapport aux oeuvres habituelles du genre!