Verónica (Paco Plaza, 2017)

Le cinéma de genre espagnol a connu un bel essor dans les années 90-2000, avec l’émergence de noms comme Jaume Balagueró, Paco Plaza, J. A. Bayona, Alejandro Amenabar, Jaume Collet-Serra, Juan Carlos Fresnadillo, et bien sûr Alex de la Iglesia. [Rec] aura marqué toute une génération de cinéphiles en 2007, qui découvraient un film d’horreur sacrément immersif et flippant! Ca tombe bien, il est réalisé par Jaume Balagueró et Paco Plaza, qui prolongeront l’aventure avec [Rec] 2, avant que Plaza ne gère seul un [Rec] 3 Genesis qui se tourne malheureusement vers la comédie gore, et que Balaguero termine la saga en solo avec un [REC] 4: Apocalypse qui s’éloigne bien du premier opus…

Verónica est le premier film de Plaza depuis la saga horrifique [Rec], et il va se baser sur une histoire vraie s’étant déroulée en 1991, en suivant le rapport de police d’un inspecteur rapportant des faits totalement étranges et macabres. Il s’agit en fait du seul rapport de police espagnol relatant des faits paranormaux et inexpliqués, et cette base va fournir un récit intéressant dans lequel on va suivre Verónica, une jeune adolescente de 15 ans, qui va voir se manifester un esprit maléfique dans l’appartement où elle vit avec sa mère et ses 3 frère et soeurs. Tout commence par une séance de spiritisme effectuée avec l’aide d’une planche de ouija, dans un sous-sol glauque de son école. La séance va être rude pour Verónica…

Paco Plaza gère son récit et sa mise en forme de manière efficace, en optant pour une approche symbolique intéressante. Il choisit d’inscrire cette histoire dans un contexte spécial, avec cette éclipse solaire ayant lieu le même jour, ce qui ajoute une belle dimension. L’image de ces élèves les yeux tournés vers le ciel, le regard filtré à travers les négatifs photos, a une belle portée, et il en profite pour placer des éléments clés du cinéma espagnol, avec l’image des religieuses participant elles aussi à l’événement. La religion tient une place prépondérante dans la société espagnole, et l’image de la nonne est un classique dans les films d’horreur. Paco Plaza nous en livre un bel exemple avec la soeur Hermana, jouée par Consuelo Trujillo, et qui est bien inquiétante… Plaza va jouer avec une autre thématique classique du film de genre espagnol, et qui est très souvent liée à la religion, celle de l’innocence enfantine ou adolescente. Ici, on a plusieurs générations, puisque Verónica est âgée de 15 ans, tandis que ses frère et soeurs sont encore des enfants.

Verónica est en charge de sa fratrie alors que sa mère travaille très tard dans le bar du coin, et elle agit comme une mère de famille avec eux, s’occupant des repas, des toilettes, des trajets à l’école… Elle a des responsabilités d’adulte, et doit pallier aux absences différentes de ses 2 parents… La dimension sociale du récit est intéressante, et va nous amener dans un réalisme qui va être investi par une dimension fantastique. Cette interaction n’est certes pas aussi réussie que dans l’excellent Mister Babadook de Jennifer Kent, mais cela fonctionne. Il s’agit du tout premier rôle pour la jeune actrice Sandra Escacena, qui campe Verónica avec une belle présence. Après, le récit en lui-même est relativement classique, et on se serait attendu à un résultat plus percutant de la part d’un des auteurs de [Rec]… Verónica remplit son office mais reste dans la moyenne honnête du genre. On aurait aimé que le film soit plus flippant que ça, mais Plaza soigne son imagerie et nous livre un film de genre ibérique s’inscrivant dans la tradition de ses prédécesseurs.

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