Les Enfants de l’Eau noire (Joe R. Lansdale, 2012)

Paru en 2012, ce roman de Joe R. Lansdale est enfin sorti en poche par chez nous! Cette fois, il lâche momentanément ses anti-héros Hap Collins et Leonard Pine, et revient à un récit se rapprochant davantage des Marécages, l’un de ses meilleurs bouquins. L’histoire se déroule dans les années 1930 dans l’East Texas, et on plonge donc dans l’ambiance redneck chère à l’auteur, avec des personnages loins d’être riches et un racisme ambiant permanent. Sue Ellen est une jeune fille de 16 ans débrouillarde, qui a pour potes Terry, un jeune garçon que l’on dit homo, et Jinx, une jeune Black à la langue bien pendue. Le jour où ils retrouvent le corps de May Lynn, une autre de leurs amies, ils vont décider de se lancer dans un périple pour atteindre Hollywood…

May Lynn était une ado bien décidée à devenir une star et à quitter le trou perdu où ils vivaient tous, et sa mort soudaine l’empêchera de concrétiser son rêve… Cette jeune fille si belle ne se verra jamais sur un grand écran, et le corps repêché dans la Sabine n’a plus rien à voir avec celui de la starlette en devenir… Mais comme dans tout bon bouquin de Lansdale qui se respecte, il va y avoir une histoire de pognon volé et retrouvé, des péquenots prêts à tout pour le subtiliser, et un être fantomatique parcourant les rives de la Sabine pour tuer ceux qu’on lui a demandé d’éliminer… Le voyage de Sue Ellen, Terry et Jinx sera des plus mouvementés, d’autant plus qu’ils vont partir avec la mère de Sue Ellen! Le trip en radeau sur la Sabine afin de rejoindre Gladewater, et de là prendre un bus pour Hollywood, va être semé d’embûches et la mort va les guetter à plusieurs reprises!

Joe R. Lansdale n’a pas son pareil pour nous raconter des histoires de redneck, et il a toujours une prose affûtée pour nous dépeindre tous ces personnages hauts en couleur. On peut toutefois regretter que Les Enfants de l’Eau noire ne soit pas aussi percutant que ses bouquins habituels… On est loin de la beauté sauvage et l’hymne à l’enfance que constituait Les Marécages, mais ce roman apparaît comme un prolongement plus soft en mode féminin. Lansdale nous gratifie encore de ses bons mots, même s’ils sont disséminés avec plus de parcimonie, et on suit tout de même ce récit avec intérêt. On se demande si ce Skunk vivant dans les bois existe réellement, et si cette légende disant qu’il tranche les mains de ses victimes est vraie… On croise le père de Sue Ellen qui est un sale pervers, le shérif Sy qui est une vraie pourriture, et au gré de l’avancée sur le fleuve, on va découvrir d’autres personnages plus ou moins bien intentionnés…

Au niveau émotionnel, Les Marécages était un récit initiatique qui fonctionnait davantage, mais ce trip en radeau n’en est pas pour autant inintéressant. L’aspect Twin Peaks, avec le corps de cette jeune fille retrouvée ligotée dans la rivière, va laisser traîner des pistes inquiétantes… Et les gamins vont devoir fuir après avoir retrouvé un pactole planqué, parce que plusieurs personnes sont prêtes à leur faire la peau pour remettre la main sur le magot… On sent à chaque page que l’on traîne dans l’East Texas, et Lansdale va nous parler de religion, de racisme, de famille, de mort et d’amour dans ce petit bouquin sympathique.

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