American Assassin prend place dans une réalité très tangible et contemporaine, avec la multitude des attaques terroristes visant l’Occident. Mitch Rapp s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, et sa vie a totalement basculé ce jour-là… Il a dès lors pris la décision d’infiltrer une cellule terroriste islamiste, afin de parvenir jusqu’au responsable de l’attaque et de le tuer. Ce qui impressionne dès l’entame du film, c’est ce mélange de réalisme bien frontal et la solidité de la mise en scène de Michael Cuesta, qui nous plongent directement dans un récit sans concessions.
American Assassin se démarque de la production habituelle de films d’action et d’espionnage par sa radicalité et son ambiance oppressante. C’est simple, il n’y a dans ce film pas un seul moment où l’on peut se détendre un peu, et on est pris dans une tension permanente qui est maintenue avec une maîtrise impressionnante. Michael Cuesta, qui a réalisé Secret d’Etat et des épisodes de Dexter et Homeland, use d’une mise en scène totalement immersive, et on va se retrouver embarqué avec Mitch Rapp dans une lutte contre-terroriste qui prend aux tripes.
Le script adapte un roman de Vince Flynn, qui a rédigé 12 oeuvres présentant des aventures de Mitch Rapp. American Assassin est le 11ème bouquin et a été publié en 2010. On sent que Flynn gère lui aussi son sujet, et le fait qu’il ait été consultant pour la série 24 Heures Chrono n’est pas anecdotique, et souligne sa profonde connaissance des arcanes de la géo-politique. Les scénaristes Stephen Schiff, Michael Finch, Edward Zwick et Marshall Herskovitz adaptent le bouquin de Flynn pour donner vie au héros Mitch Rapp, qui va être contacté par la CIA afin de travailler avec eux sur des opérations très délicates. Dylan O’Brien a pris de la consistance depuis Le Labyrinthe et Le Labyrinthe: la Terre brûlée, et il endosse le rôle de Mitch de manière très convaincante. Ce jeune homme qui a tout perdu en quelques minutes, a désormais pour seule motivation la rage qui l’anime et sa volonté de vengeance, et il va être enrôlé dans une unité spéciale menée par le vétéran Stan Hurley.
Michael Keaton fait un come-back impressionnant ces derniers temps, entre son rôle du Vautour dans Spider-Man: Homecoming et celui-ci! Il possède une très forte présence à l’écran, et donne une stature très dense à Stan Hurley, ex-militaire reconverti en formateur qui est d’une intransigeance totale. La relation avec Mitch va être extrêmement tendue, car ce dernier est impulsif et ne vit plus que pour cette vengeance… Il y a un aspect qui rappelle fortement les liens unissant Stick et Matt Murdock dans la série Daredevil, avec cette volonté du mentor de couper tout lien affectif qui pourrait nuire à la mission. Cet aspect radical, qui pourrait paraître exagéré, peut pourtant mettre en péril les missions…
Taylor Kitsch (John Carter, True Detective saison 2) est très convaincant aussi en bad guy, et ça fait plaisir de revoir le trop rare Scott Adkins, qui mériterait d’être mis davantage en valeur à Hollywood! American Assassin s’appuie sur un solide casting, qui permet de donner vie à des situations très crédibles. L’aspect frontal de la violence est impressionnant, et on assiste à quelques scènes presque insoutenables… Les combats au corps-à-corps, les fusillades ou les poursuites en voitures sont traitées avec un sens visuel créant un fort impact. Michael Cuesta gère ses scènes avec une précision et une aisance confondantes, et American Assassin s’avère être une excellente surprise dans son genre! On se balade en Libye, en Turquie, en Italie au gré du scénario d’espionnage, et le scénario tient vraiment la route avec une approche innovante du problème atomique! Sorti le même jour que Ca, il est largement plus abouti et mériterait bien plus d’attention que le clown de Stephen King!