La formule Marvel Studios ayant fait ses preuves en remplissant constamment et de manière conséquente les poches de l’usine à Mickey, il fallait bien évidemment que les autres studios s’alignent à un moment sur ce modèle économique. Du côté d’Universal, on comptait un seul et unique personnage dont Marvel avait cédé les droits, il s’agissait de Namor, le prince des océans. Mais depuis, il semblerait qu’il soit revenu dans le giron de la maison-mère. Et comme de toute évidence, on ne peut pas créer d’univers partagé avec un seul personnage en sa possession, il fallait creuser dans son propre catalogue, et trouver le moyen de créer sa propre mythologie. Et il n’aura pas fallu creuser longtemps, puisque qui dit Universal, dit bien évidemment les fameux Universal Monsters!
Tout commence dans les années 20, avec les films muets Le Bossu de Notre-Dame (1923), Le Fantôme de l’Opéra (1925), La Volonté du Mort (1927), L’Homme qui rit (1928), Le dernier Avertissement (1929), et La Maison de la Mort (1932). Mais c’est en 1931, avec le fameux Dracula interprété par Bela Lugosi, que l’importance de ces fameux monstres va commencer à s’étendre. Fait intéressant et symptomatique de l’époque, un film-miroir Dracula a également été réalisé en 1931 en version espagnole, tourné en même temps par Universal! On a ensuite le fameux Frankenstein avec Boris Karloff en 1932, L’Homme invisible en 1933, Le Loup-Garou en 1941, Le Fantôme de l’Opéra en 1943, et L’étrange Créature du Lac noir en 1954. Après ces prémisses, une foule de titres a vu le jour, notamment des suites aux succès publics des films précédents. Je vous invite à aller consulter la page Wikipédia dédiée à ces fameux monstres!
Après quelques faux pas concernant l’ouverture de ce Dark Universe (Dracula untold devait à l’origine ouvrir le bal, mais son échec au box-office a refroidi les ardeurs des producteurs, qui ne l’ont pas maintenu dans cet univers partagé), on a enfin le premier film de cette franchise centrée sur l’action et l’horreur, destinée à ramener sur le devant de la scène les plus grands monstres du cinéma! La Momie est donc à plus d’un titre sous le feu des projecteurs, et son succès public sera déterminant pour la suite des événements! Alex Kurtzman avait donc une sacrée pression sur les épaules, et lui qui avait jusqu’alors réalisé un seul et unique film (Des gens comme nous, une petite comédie dramatique en 2012), se voit confier la mise en scène d’un blockbuster destiné à dépoussiérer ces fameux mythes! Le bonhomme a toutefois derrière lui une solide expérience en tant que scénariste et producteur, et on lui doit notamment les scripts, très souvent écrit avec son comparse Roberto Orci, de nombreux blockbusters: The Island, La Légende de Zorro, Mission: Impossible III, Transformers, Star Trek, Transformers: la Revanche, Star Trek into Darkness, ou encore The amazing Spider-Man: le Destin d’un Héros. Rien que ça quoi!
Pour un premier blockbuster, il faut dire qu’il assure une mise en scène relativement efficace, faisant de cette Momie un film d’action et d’horreur plutôt convaincant! On ressent l’aspect ancestral de cette menace, tout en le liant à l’aspect ancestral de tous ces vieux films de monstres, et cette réactualisation s’avère réussie! C’est déjà bien original de voir Tom Cruise dans un film d’horreur, et il s’en tire plutôt bien avec un personnage roublard et égocentrique, ce qui débouche sur des dialogues et des notes d’humour bienvenues! L’aspect comédie n’est pas exagéré, mais il est saupoudré dans le scénario de manière efficace. La relation entre Nick Morton (Tom Cruise) et Jenny Halsey (Annabelle Wallis) s’avère elle aussi intéressante, et on retrouve un schéma finalement pas forcément novateur, mais qui fonctionne vraiment bien. On sent un aspect Indiana Jones fait d’aventures, d’humour et d’horreur, avec une pointe de gore supplémentaire dans ce film. L’actrice algéro-française Sofia Boutella est très convaincante dans le rôle d’Ahmanet, la fameuse momie prête à dévaster le monde pour régner. L’aspect visuel de cette bad girl est excellent, notamment avec l’idée des yeux à 2 iris! Et pour la petite histoire, Sofia Boutella est une danseuse de hip-hop, qui a qui a remporté le Battle of the Year en 2006 avec les Vagabond Crew, rien que ça!!!
Le personnage de Russell Crowe est lui aussi très intéressant, avec son organisation du type S.H.I.E.L.D. destiné à contrer le Mal absolu. On sent dans ce contexte l’univers étendu qui va être développé par le studio, et c’est amené de manière subtile dans le scénario. Crowe s’amuse avec les différentes facettes de son personnage, et ses scènes avec Tom Cruise sont réussies. On a encore Jake Johnson qui assure le quota comique, en jouant l’ami de Nick Morton, et en ayant un rôle finalement très particulier! Tout ce beau monde permet de solidifier le film, en apportant des personnalités intéressantes et en développant des liens où l’humour est présent. La Momie s’avère sinon très convaincant dans son aspect actioner, avec notamment une scène de chute d’avion impressionnante, une tempête de sable en plein Londres juste apocalyptique, ou encore une scène de guerre bien immersive en ouverture! Alex Kurtzman nous livre un pur pop-corn movie qui n’a rien de décérébré, et qui offre une belle entrée en matière pour le reste des Universal Monsters!