1er film du metteur en scène Blair Erickson, Banshee Chapter (qui n’a strictement aucun lien avec la sublime série Banshee) joue avec les codes horrifiques d’une belle manière, et s’avère être un film bien tendu et traversé par quelques moments de flippe très bien foutus. Avec ses faux airs de found footage, Erickson va nous immerger dans une enquête bien mystérieuse, dans laquelle une jeune femme va tenter de remonter quelques pistes pour comprendre les circonstances de la disparition de son meilleur ami.
Avec son travail sonore et sa thématique sur les ondes radio, on pense rapidement à l’excellent Pontypool de Bruce McDonald! Mais Banshee Chapter joue sur un autre registre, et propose une plongée bien stressante qui prend racine dans des expériences gouvernementales perpétrées dans les années 70, où la CIA injectait des drogues de synthèse à des volontaires. Evidemment, les résultats allaient être désastreux… Et lorsque James Hirsch prend un tel composé chimique afin de faire une expérience, ça ne se termine pas très bien… Son amie Katia Roland, journaliste d’investigation pour un site internet, va commencer ses recherches afin de retrouver James, et va remonter la piste de ces tests et ces drogues.
L’actrice suédoise Katia Winter endosse le rôle principal avec une belle aisance, et va nous plonger dans les mystères des stations de nombres, ces émissions sur ondes courtes aux origines incertaines, et que l’on pense utilisées par des gouvernements pour communiquer des messages codés, ou par des trafiquants de drogue avec le même usage. Ces stations diffusent des messages qui semblent aléatoires, énoncés par des voix artificielles, et qui déclament souvent des séries de nombres. Katia va aller enquêter dans une zone désertique où est diffusée une telle station, et va rapidement se retrouvée confrontée à des événements indistincts et menaçants…
Banshee Chapter est un film qui fout la trouille, et qui le fait de manière plutôt habile. On sursaute pour de bon grâce à une tension bien maîtrisée et une mise en scène bien immersive. Blair Erickson pose un climat tendu et va nous plonger plus avant dans cette enquête bien glauque, et l’aspect graphique qui paraît pris sur le vif est en fait très bien travaillé. Erickson sait exactement où placer la caméra pour avoir le maximum d’impact, et il travaille ses cadres de manière à optimiser l’effet de frayeur sur le spectateur. Et ça fonctionne… Le scénario qu’il a rédigé avec Daniel J. Healy permet d’avancer de plus en plus profondément dans cette enquête bien tordue, qui ne révélera que très peu d’informations. Banshee Chapter fait partie de ces films qui ne se dévoilent pas dès les premières minutes, et qui demandent un investissement de la part du spectateur, et ça fait du bien.
Petit bémol concernant le personnage incarné par Ted Levine, qui me paraît plutôt superficiel et qui n’apporte finalement pas grand-chose à l’histoire. Mais le reste fonctionne vraiment bien, et les différentes phases de flippe et de détente (qui sont les différentes « rencontres » et les moments de calme) sont construites avec une belle intelligence. Le récit est parfois complexe, avec cette thématique des stations de nombres, mais cela apporte une certaine originalité qui manque souvent dans les films horrifiques.