Diable rouge (Joe R. Lansdale, 2011)

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9ème roman consacré à Hap et Leonard (voir la checklist Joe R. Lansdale), ce Diable rouge possède tous les atouts désormais familiers pour plonger les lecteurs dans une virée déjantée aux côtés de ces deux Texans pur jus! Après Les Mécanos de Vénus (sorti l’an dernier chez nous!!!), L’Arbre à Bouteilles, Le Mambo des deux Ours, Bad Chili, Tap-Cul, Veil’s Visit (inédit), Tsunami mexicain et Vanilla Ride, et avant Hyenas et Dead Aim pas encore traduits, ça fait un bien fou de retrouver les indéfectibles potes toujours prompts à foncer dans les emmerdes!

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Quand vous prenez un bouquin et que vous vous mettez à rire alors que vous avez à peine entamé le premier chapitre, c’est bon signe. Et avec Joe Lansdale, quand vous commencez à vous marrer aussi tôt, vous pouvez être certain de continuer sur cette lancée. Avec son phrasé inimitable empruntant au Texan le plus rude et le plus typique qui soit, l’auteur va nous immerger dans une enquête que ne renieraient pas les gars de True Detective, mais que Hap Collins et Leonard Pine vont tourner à leur sauce, en y ajoutant le piment qui gratte là où il faut et la linguistique très exotique dont ils ont le secret. Avec Hap et Leonard, impossible de mener une enquête de manière conventionnelle, et c’est tant mieux!

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Quand un jeune couple est retrouvé mort dans un parc, et qu’une mystérieuse effigie de diable rouge trône ironiquement sur un arbre alentour, serait-ce là la marque du tueur? Et si cette marque n’était pas inédite sur une scène de crime, aurait-on affaire à un tueur en série? Le blanc hétéro Hap et le black homo Leonard vont mener les investigations avec leur technique de frappe habituelle et leur sens de l’interrogatoire hors du commun, et ils vont déterrer quelques cadavres pas si frais en tapant dans la fourmilière. Mais il semble que cette fois-ci, ils s’attaquent à un ennemi bien plus dangereux que ceux qu’ils ont pu affronter jusque-là…

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Si on plonge aussi facilement que ça dans les romans de Joe R. Lansdale, ce n’est pas forcément pour l’originalité du propos, mais davantage pour l’originalité du traitement. Joe Lansdale possède une maîtrise de son style quasi-parfaite, et il en use allègrement pour écrire des bouquins qu’il faut se forcer à poser si on ne veut pas les lire trop rapidement. A chaque fois que j’ouvre un de ses livres, je dois lutter pour en garder quelques chapitres… L’écriture de Lansdale est hautement addictive, et ce Diable rouge n’échappe pas à la règle! D’entrée de jeu, les deux potes sont sur une mission qui va offrir sa dose de violence, et on peut lire des phrases du genre:  » Le hurlement du mec remonta le long de ma colonne vertébrale avant d’aller se planquer en haut de mon crâne où il coula un bronze. » ou « Dans la pièce, le silence était tel qu’on aurait entendu leurs QI s’effondrer. Et bien sûr, ils ne tomberaient pas de bien haut. »

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C’est avec cet humour nimbé de poésie absurde que Joe Lansdale est capable de créer des personnages totalement atypiques, et qu’il va les balancer dans des situations tout aussi loufoques. On va retrouver quelques personnages bien connus comme Marvin ou Brett, toujours là pour épauler les deux amis et partager leurs vies. La rouquine de caractère est toujours présente dans le coeur d’Hap, et elle lui offre une certaine sérénité dans son monde de brutes. Le détective Marvin, lui, est toujours prêts à jeter Hap et Leonard dans les emmerdes lors de ses investigations…

En ouvrant le bouquin au hasard, on y trouve forcément des perles: en parlant d’une belle blonde: « Ce genre de sourire aurait incité un républicain, adepte des valeurs familiales, à planter un couteau de chasse dans la Sainte Bible. » ou d’un gars intéressé par des pratiques douteuses: « Enfin bref, un jour, elle rentre à la maison, les enfants sont avec elle, et qui elle trouve dans son salon? Notre Ted, ivre mort, drogué et évanoui sur le tapis, à poil, la locomotive du train électrique enfoncée dans le fion et le reste du convoi qui se balance entre ses jambes, jusqu’au wagon de queue, comme s’il n’avait pas réussi à grimper la colline. » Chaque description de lieu ou de personnage se fait avec un mélange d’humour noir, de trash et d’une certaine poésie, si si, qui donne une tonalité vraiment particulière à ses romans.

Alors quand un style aussi haut en couleur enrobe ce récit d’un mystérieux tueur que nos deux compères vont tout faire pour arrêter, il n’y a plus qu’à plonger dans cette atmosphère typiquement texane et être secoué par cette enquête mouvementée et originale. Joe R. Lansdale, c’est de la bonne came, à consommer sans aucune modération!

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