Paru au mois de mai 2012 en version poche, Vanilla Ride est la 8ème aventure d’Hap Collins et Leonard Pine. Depuis Savage Season édité en 1990 (et toujours inédit en France!), les 2 compères ont eu leur lot d’embrouilles et de confrontations, que ce soit avec le Ku Klux Klan, des bikers, ou des criminels en tous genres! Et cette fois-ci, Joe R. Lansdale ne les fait pas chômer non plus, puisqu’ils vont devoir affronter la Dixie Mafia, des tueurs à gages, mais aussi la police locale et le FBI! Un sacré programme que nous a concocté cet excellent auteur qui fait toujours preuve d’un style très personnel, mêlant habilement action et humour avec un sens aigu de la réplique qui claque, nous baladant dans cet East Texas qu’il connaît par coeur!
Hap et Leonard, c’est le blanc hétéro et le black homo, unis par une amitié à toute épreuve consolidée par toutes les aventures auxquelles ils ont survécu grâce à leur entraide. Frôlant la mort à chaque épisode, ils s’en sont pour l’instant toujours sortis, à coups de poings ou d’arme à feu, mais le résultat est là, ils sont toujours debout et vaillants! Hap vit une relation torride et amoureuse avec Brett depuis plusieurs bouquins, et Leonard voit son petit ami John avoir honte de son homosexualité et s’éloigner peu à peu. La vie est plutôt douce pour un, et difficile pour le second. Mais une fois encore, ils vont devoir mettre de côté leur vie sentimentale pour s’occuper d’une affaire tordue, en l’occurrence aller récupérer la petite-fille d’un ami qui s’est barrée avec un dealer local. Evidemment, la mission ne sera pas de tout repos, et la violence sera un passage obligé. Mais surtout, ce n’est qu’une partie de ce qui va leur arriver, car le petit dealer a forcément des comptes à rendre à des instances supérieures, et quand celles-ci s’énervent, ça devient un peu plus compliqué à gérer pour Hap et Leonard…
Ne vous fiez pas à la couverture très S.A.S., Vanilla Ride est une petite merveille comme sait les écrire Lansdale, avec une sorte de poésie du terroir sacrément bien ciselée! Sa prose est un pur moment de bonheur, par contre juste un avertissement, si vous lisez ce bouquin en public, ne vous étonnez pas que des gens vous regardent bizarrement parce que vous ne pouvez pas vous empêcher de vous marrer! Le style Lansdale fonctionne toujours, et le bougre est sacrément inventif:
« On arriva dans une banlieue miteuse, avec, essentiellement, des bouquets d’arbres déplumés par l’automne, quelques sapins, un mobile home fatigué qui donnait du gîte et un chien accroupi dans une parodie de jardin, en train de poser sa crotte. Le cabot en question était de taille moyenne, d’un jaune sale, et on aurait dit qu’il chiait son dernier repas. Il poussait tellement fort pour extraire ces étrons que, putain, ses yeux étaient à deux doigts de se croiser. Il avait un air de concentration extrême, comme s’il n’allait pas tarder à résoudre les problèmes posés par la théorie de la relativité. »
« Le blanc au crâne rasé fut le premier à tenter de nous arrêter. Leonard le frappa entre les deux yeux d’un swing du coude si puissant que je fus certain que, quelque part dans le Vieux Sud, un des lointains cousins de ce pauvre mec loucha et rendit l’âme. »
Le vieux Marvin est à l’origine de la mission, puisque c’est lui qui a demandé à Hap et Collins de récupérer sa petite-fille Gadget. Même s’il a la jambe en sale état, ça ne l’a pas empêché de bastonner le dealer avec lequel Gadget s’est fait la malle. Mais pour lui donner une vraie correction, il a besoin de ses deux amis. Et quand les choses vont se compliquer, deux autres gars vont faire leur apparition, Tonto et Jim Bob. La fine équipe ne sera pas de trop pour tenter de venir à bout des tueurs à leurs trousses!
Une fois n’est pas coutume, sa manière de brosser le portrait de toute une galerie de personnages bien barrés est excellente, et la moindre description est un régal! Alors quand le scénario est en plus bien élaboré, ça donne une petite pépite littéraire qui fait son effet! Hap et Leonard qui saccagent une caravane remplie de dealers, qui font les malins devant le FBI, qui affrontent des mecs de la Mafia locale dont une sorte de montagne indestructible, ça fait sacrément plaisir à lire! Et Lansdale en profite même pour glisser en douce une petite référence à sa fille Kasey qui est chanteuse! Joe Lansdale est un génie, et chacune de ses oeuvres, même mineure, recèle quelques perles! Et Vanilla Ride est l’un de ses meilleurs bouquins!