Je profite du dernier numéro de la revue Iron Man pour la découvrir, et je ressors plutôt emballé par la qualité des récits présentés ici! Kieron Gillen achève son run avec les 2 derniers épisodes de la série Iron Man avant son changement pour cause d’Axis, et Ales Kot nous offre 3 savoureux épisodes de ses Secret Avengers au ton résolument absurde!
Alors que le premier numéro d’Axis me laisse encore un goût amer, quelle belle surprise que cet Iron Man 23 qui s’avère réellement solide et intéressant! On commence donc par les épisodes 27 et 28 de la 5ème série régulière consacrée à Iron Man, Kieron Gillen terminant son long parcours après 1 an et 8 mois passés à écrire les aventures de Tony Stark. La saga Les Anneaux du Mandarin prend fin de manière très efficace, avec l’opposition entre Tony et les bad boys qui ont pris possession des fameux Anneaux. Entre thriller technologique et aventure magique, Gillen nous convie à un récit mouvementé aussi réussi dans ses dialogues que dans ses phases d’action, parvenant à gérer la totalité de ses multiples personnages pour nous offrir un récit riche en action et en humour.
Je découvre pour la première fois Arno Stark, le frère de Tony, qui aime lui aussi se balader en armure, même s’il semble légèrement moins égocentrique (et on est pas encore à l’heure de Superior Iron Man!). Gillen utilise des atours geek pour réaliser son histoire, avec armures high tech et pouvoirs magiques, et la sauce prend grâce aux traits d’humour légers saupoudrant ce qui reste après tout un vrai combat pour contrer une menace terroriste. « Bref… Tout tourne autour de l’Homme-Taupe. Tu connais? Royaume souterrain, haine du monde extérieur, lunettes Devo… » (les lunettes Devo sont utilisées pour commander des drones). Les Stark vont s’allier à Abigail Burns afin de mettre un terme aux agissement des Mandarin, groupuscule de super-vilains qui veulent régner sur le monde, une fois n’est pas coutume.
Menés par l’Homme-Taupe donc, on a le Génocide, Colin Anderson Sixty, Endotherm, le Menteur et Alec, des bad guys inconnus qui sont boostés par le pouvoir des Anneaux, lesquels sont conscients et discutent entre eux! Un trip bien geek donc, que les dessinateurs Cliff Richards, Joe Bennett et Derlis Santacruz achèvent de rendre très prenant! Le méchant Alec s’appelle en fait Alec Eiffel, et avec un nom pareil il ne peut qu’être Français! C’est un néo-nazi dont Abigail n’hésitera pas à se moquer en disant de lui qu’il est « La plus grosse honte des Français depuis l’X-Man qui a trop regardé Danger: Diabolik! ». Une réplique qui claque bien, et qui égratigne au passage Fantomex, l’ancien membre d’X-Force français!
Bref, c’est rythmé, c’est enlevé, c’est fun, ces 2 derniers épisodes d’Iron Man sont très plaisants!
On passe ensuite à Secret Avengers, 3ème du nom, menée par un Ales Kot bien givré! Je découvre là une série qui estdans la droite lignée de ce que nous avait offert Warren Ellis il y a quelques années avec son déjanté Nextwave! On nage en plein univers absurde avec un récit qui prend des Avengers bossant pour le S.H.I.E.L.D. et qui accomplissent des missions plutôt étranges… L’entame des 3 épisodes présentés nous montre une Maria Hill discutant tranquillement avec M.O.D.O.K. autour d’une tasse de café, dans un décor aérien rappelant furieusement Oblivion! Le dialogue très étrange nous présente un robot bien décidé à changer, et il y a une certaine gravité dans le ton, et on a envie de croire en la rédemption présentée. Ales Kot va ensuite passer à un humour appuyé, pour revenir à un événement grave, et il va osciller constamment entre ces hauts et ces bas, apportant une tonalité inédite à son histoire.
Le style très épuré de Michael Walsh et les couleurs sobres de Matthew Wilson collent à merveille au ton de Kot, et on va assister à des moments très variés et particuliers, avec entre autre Spider-Woman qui dialogue avec Vladimir, une bombe suicidaire; un psychopathe tendance Hannibal Lecter qui fait dans la poésie léthale, un shaman qui passe des jours à divulguer des infos, etc. Les dialogues et les phrases de présentation sont aux petits oignons: Hawkeye: on dirait le type vert de la télé, en plus drôle (référence à Green Arrow); Nick Fury: lui, on ne sait pas trop. Et 5 pages plus loin: Nick Fury: On rigolait plus tôt. On sait qui c’est. C’est le bras droit de Hill. Ou Black Widow et Hill qui tentent de faire peur à leur prisonnier: « Tu n’as jamais mangé personne, Hannibal. Tu es végétarien. -C’est pour ça qu’on t’affame. -Oui et, après, on te gavera. -De barbecues. -Oui. -Avant la fausse noyade. -Sans répit. »
Mais si Kot est très doué dans l’humour absurde, il l’est aussi dans les scènes d’action, et le clash entre Black Widow et Lady Bullseye est plutôt fun, avec un découpage là encore très libre et des variations de couleurs elles aussi très arbitraires. Il se dégage de cette série une atmosphère résolument originale, qui permet de surprendre le lecteur et de l’emmener dans des directions inattendues, et c’est vraiment très agréable d’entrer dans cet univers! Et comme si ça ne suffisait pas, Kot est allé débaucher un nouveau protagoniste, afin de relever encore le niveau d’absurdité… Je vous le donne en mille… Deadpool est de la partie! Il débarque à la toute fin de l’épisode 6, et va durant tout l’épisode 7 vivre une histoire d’amitié très singulière avec Hawkeye, qu’il a kidnappé grâce à des complices de l’A.I.M.!
Les dialogues entre Wade et le scénariste démontrent encore la particularité du Merc with a Mouth, qui sait qu’il est dans un comics: Wade: « Bienvenue dans Secret Avengers 7! Troisième répétition! L’auteur avait peur pour les ventes alors, il m’a demandé de passer. Ales Kot: -Il plaisante. Je le voulais parce que c’est bien pour l’histoire. -Tu mens. -Va te faire. » Je n’ai toujours pas compris le but de la manoeuvre avec ce kidnapping d’Hawkeye, mais Wade a réussi à s’en faire un pote avec des jeux de guerre sympathiques, et pendant ce temps Phil Coulson recherche des infos à travers la planète sur une taupe au S.H.I.E.L.D., tandis que Nick Fury (le black, pas l’original) se fait exploser la tronche, tandis que Maria Hill est sur le point de révéler des secrets à Spider-Woman…
Bref, c’est un bordel sans nom tout au long de ces 3 épisodes, et c’est véritablement attractif! Ales Kot nous a concocté un comics vraiment atypique, et sachant que Wade va croiser la route des Secret Avengers quelques temps, j’ai bien hâte d’en relire quelques fournées!