Divergente (Neil Burger, 2014)

Harry Potter et ses amis de Poudlard ont lancé un effet de mode qui n’est pas près de s’estomper, en donnant le goût de la lecture à des gens qui ne s’intéressaient pas forcément aux bouquins, et en lançant des sagas cinématographiques dont les fans ont fait de véritables succès. Créant un pont solide entre les deux médias, Harry est ainsi devenu une base de revenus très confortable dans les deux domaines, dont les produits dérivés ont encore consolidé le succès de la saga.

Il n’en fallait pas moins pour donner envie aux producteurs de prospecter afin de trouver les sagas littéraires à adapter en espérant le succès, et on a vu arriver Eragon, Twilight, Narnia, Percy Jackson… Tous ces livres, aussi différents soient-ils, sont de manière plus ou moins consciente redevables à un certain J. R. R. Tolkien, qui a lancé le roman épique initiatique en 1954 avec son Seigneur des Anneaux! Mais après ces quelques sagas, nous voyons aujourd’hui une nouvelle évolution dans le matériau littéraire et par conséquents dans ses adaptations, avec un glissement vers les univers dystopiques. Ce terme renvoie à un cadre de science-fiction où la société est devenue très contrôlée, la paix étant souvent maintenue par une caste dirigeante aux tendances totalitaires, la survie du groupe primant sur l’épanouissement de l’individu. Une « nouveauté » qui n’en est finalement pas une, puisqu’elle renvoie à des oeuvres littéraires classiques comme Le meilleur des Mondes d’Aldous Huxley ou 1984 de George Orwell. Et si les ados ne connaissent pas forcément ces auteurs, ils plongent tout de même avec plaisir dans des récits exprimant des inquiétudes similaires sur l’état actuel du monde, en se basant sur ces futurs dystopiques. C’est ainsi que les sagas Hunger Games, Le Labyrinthe ou Divergente parviennent à fédérer des lecteurs/spectateurs avides d’aventures futuristes.

Hunger Games a donc démarré une nouvelle ère en 2012, en noircissant le tableau des adaptations de romans (Bon, on peut argumenter en avançant que la saga Harry Potter est elle aussi devenue de plus en plus sombre) et en ouvrant sur un univers hostile où chacun doit se battre pour survivre. Le principe est similaire au Battle Royale de Kinji Fukasaku produit en 2000 (déjà adapté d’un roman), et qui connaîtra une suite en 2003. Hunger Games révélera Jennifer Lawrence dans le rôle d’une ado prête à tout pour survivre, mais c’est au final le seul intérêt… A part la participation de Woody Harrelson! Le Labyrinthe n’est vraiment pas emballant non plus, avec son point de départ à la Lost et des personnages vraiment sans intérêt.

Du coup, je me suis lancé dans ce Divergente sans grande conviction, et j’ai été rapidement surpris par le réalisme de cet univers et la solidité du récit. Neil Burger, le metteur en scène de L’Illusionniste et Limitless, crée avec beaucoup de soin ce futur imparfait, où les gens sont catégorisés en 5 castes: les Erudits, qui tiennent les rênes du savoir; les Sincères, qui gèrent la justice; les Fraternels, qui s’occupent des récoltes et de la nourriture; les Altruistes, qui viennent en aide aux plus nécessiteux et qui dirigent le gouvernement; et les Audacieux, qui sont des gens d’action capables de protéger le peuple. Le mode de fonctionnement de cette société est expliqué très efficacement, et on comprend aisément les différences entre les castes. Une fois tout ça mis en place, on nous explique qu’à 16 ans, chaque jeune doit choisir à quelle caste il souhaite appartenir.

Un test est prévu afin de déterminer dans quelle caste chacun se situe, mais il existe un phénomène rare où les individus n’entrent pas dans une catégorie spécifique. Ils sont alors qualifiés de Divergents, et sont traqués car ils représentent une menace pour l’équilibre de la société. La jeune Beatrice va se découvrir Divergente, et va tenter de garder le secret en intégrant la caste des Audacieux. Dès lors, elle va devoir apprendre à affronter ses peurs, physiques et mentales, tout en tâchant de ne pas révéler sa véritable nature.

La phase d’apprentissage est très bien gérée, avec une vraie évolution au niveau des personnages, chacun devant se surpasser dans des épreuves physiques et psychologiques qui vont les affecter à tous les niveaux. En gros, les dirigeants des Audacieux sont semblables à des Navy Seals chargés d’éduquer des gamins! La cohésion du groupe va forcément se modifier, et on va découvrir la véritable nature de chaque personnage, les différents degrés de formation révélant tous les aspects de chacun. Au-delà des tests physiques, les tests psychologiques s’avèrent très intéressant, avec cette plongée dans la psyché des individus grâce à une drogue qui va les confronter à leurs pires peurs. La visualisation de ces peurs est traitée de très belle manière, et chacun va devoir trouver en lui la force de se surpasser et de vaincre ce qui le paralyse. La peur du vide, du feu, de la noyade, chacun va lutter contre ce qui le bloque, afin de devenir plus fort.

 

En l’espace d’une poignée de films (White Bird, Nos Etoiles contraires…), Shailene Woodley s’est imposée comme une actrice complexe et intense, à la manière d’une Jennifer Lawrence dans Hunger Games. Elles s’éloignent des canons de beauté en vigueur à Hollywood, et révèlent un charme basé sur la combativité et la volonté. D’ailleurs, Shailene Woodley est prête à reprendre le rôle de Mary-Jane Watson, elle qui avait été purement et simplement éliminée au montage de The amazing Spider-Man: le Destin d’un Héros. Une expérience difficile pour celle qui avait été conspuée par des hordes de fans, pour qui elle ne représentait pas du tout la petite amie de Spider-Man

On retrouve des acteurs intéressants dans ce casting, avec Ashley Judd dans le rôle de sa mère (elle a joué dans Heat, Le Collectionneur, et elle a été coupée au montage dans Tueurs nés, tiens), Ray Stevenson (Punisher: War Zone, Thor, mais surtout la mythique série Rome!!!), Theo James (Underworld: nouvelle Ere), Miles Teller (Whiplash, le prochain Fantastic Four), Tony Goldwin (Ghost, Le dernier Samouraï), Kate Winslet (My Heart will go oooooooooon, Titanic donc), et Jai Courtney (Die hard: belle Journée pour mourir, le prochain Terminator Genisys).

L’évocation de ce futur sombre renvoie à un passé totalitaire pas si lointain, avec des références de plus en plus directes à la Shoah. Le film prend d’autant plus d’ampleur avec cette dramatisation progressive, et on assiste à un combat pour la survie qui d’individuel devient véritablement collectif. Beatrice, qui a abandonné son nom pour celui de Tris, va tenter de contrer la politique hostile du gouvernement, incarnée par une Kate Winslet à la beauté glaciale et aux idées terrifiantes.

L’atmosphère de tension politique et de lutte pour la survie fonctionne très efficacement, et les aventures de Tris et sa bande d’amis vont leur donner de solides décharges d’adrénaline! Qu’il s’agisse des séquences d’entraînements physique ou des combats contre l’ennemi, Neil Burger nous plonge véritablement dans l’action. Les séquences vertigineuses sont très bien travaillées, comme l’immense tyrolienne qui traverse la ville en ruine par exemple. Burger joue avec le vide de manière efficace, et on suit les personnages avec intensité dans leur parcours pour survivre.

Divergente est vraiment une très belle surprise, une plongée captivante dans un univers futuriste pas si enviable, et la preuve encore une fois que Shailene Woodley est une actrice douée!

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