Parallèlement à ma lecture des Intégrales Spider-Man (qui regroupe dans chaque volume l’équivalent d’une année des aventures du Tisseur depuis ses débuts en 1962), je vais petit à petit m’attaquer aux crossovers historiques de Marvel. Après 29 Intégrales qui reprennent les séries Amazing Spider-Man, Spectacular Spider-Man et Spider-Man Team-up, on arrive en 1982, année qui voit le tout premier rassemblement super-héroïque de l’éditeur. On a tendance à croire que Les Guerres secrètes sont le premier événement majeur pour Spidey et sa bande, mais deux ans avant, les scénaristes Mark Gruenwald, Bill Mantlo et Steven Grant ainsi que le dessinateur John Romita Jr ont ouvert la voie à ce qui allait devenir monnaie courante quelques décennies plus tard!
On est loin de l’ampleur et des conséquences des Guerres secrètes, qui avec ses 12 numéros étalés sur un an, a pris le temps de faire germer l’idée du crossover! Avec Le Tournoi des Champions, on est dans un registre plus tranquille, puisqu’il dure 3 numéros, parus de juin à août 1982! Les auteurs se font la main en expérimentant ce nouveau concept, qui voit la totalité des super-héros de la Terre transportés dans un immense stade situé dans un lieu inconnu! On notera que les p’tits gars de chez Lug ont juste tronqué l’image double qui rassemblaient tous les héros! Du coup, on ne voit pas le Faucon chouiner, juste là en bas à droite, au premier plan de l’image originale…
On est en plein dans les années 80, avec son lot de naïveté et de premier degré, et c’est en gardant cet état de fait à l’esprit que l’on peut se replonger avec délectation dans cette (mini) saga. C’est très gentillet, avec des dialogues à l’avenant, et on reste donc dans du politiquement correct. Mais il n’y a pas encore ce besoin de faire constamment du spectaculaire comme c’est le cas aujourd’hui, et si le récit ne change pas la donne pour l’univers Marvel (au contraire, comme le temps est arrêté durant l’événement, le cours normal reprend dès la fin de l’histoire), les auteurs s’amusent avec cette réunion improbable qui, si elle était transférée à Hollywood, coûterait quelques millions de dollars et donnerait des insomnies sévères à de nombreux juristes pendant quelques années! Bref, sur le papier, tout est possible, et Gruenwald, Mantlo, Grant et Romita Jr. ne se prennent pas la tête et invitent joyeusement à la fête tout ce qui existe comme super-slips! Spider-Man, Wolverine (qui s’appelle encore Serval), Iron Man, Daredevil, la Chose, Captain America… Tout le monde répond présent!
Le Tournoi des Champions est une idée du Grand Maître et d’une entité mystérieuse, qui souhaitent s’affronter au travers des héros afin de remporter une victoire dont l’enjeu est la résurrection du Collectionneur (encore appelé le Collecteur à l’époque), et le sort de la Terre! C’est bien avant que Benicio del Toro l’interprète dans Thor: le Monde des Ténèbres et l’énorme Les Gardiens de la Galaxie, mais ça, c’est une autre histoire!). Bref, chacune des deux entités va sélectionner 12 champions, ce qui donnera lieu à 4 manches dans ce tournoi!
Le Tournoi des Champions permet de créer des face-à-face intéressants, et est donc une succession d’affrontements entre héros, qui aiment bien finalement, puisque chaque année ils se foutent sur la gueule non? Mais ce tout premier event est aussi l’occasion de découvrir des super-héros totalement secondaires, dont certains apparaissent même pour la première fois! C’est le cas pour 6 d’entre eux: l’Allemand Blitzkrieg, le Chinois l’Homme collectif (qui est en fait des quintuplés qui ont la faculté de se fondre en une seule personne…), l’Argentin Défensor, le Français Faucon Pèlerin (l’image en-dessous) l’Irlandaise Shamrock et l’Australien Aborigène Talisman. C’est dans ce melting-pot mondial que réside l’intérêt de ce tournoi, qui nous fait découvrir des héros qui n’auront jamais la stature d’un Spider-Man ou d’un Captain America. On croise le Valet de Coeur, Loup rouge (un super-héros indien), le robot de l’espace Rom, un gars moustachu avec un chapeau de cowboy qui fume le cigare, bref, Le Tournoi des Champions nous balance toute une flopée allant du très célèbre à l’inconnu le plus total!
On sent toujours l’aspect social cher à Stan Lee, qui aime à faire écho de la réalité dans ses comics. C’est ainsi que la relation est très froide entre l’Israélienne Sabra et le Guerrier arabe (un barbu qui se balade torse nu avec un cimeterre, et qui accessoirement utilise un tapis volant…) ou que Shamrock et Captain Britain ont eux aussi un peu de mal… Les scénaristes vont jouer sur les différences et les similitudes entre tous ces héros pour nous offrir un moment de comics léger et sympathique. Bon, c’était pas forcément la peine de convier tous les héros de la Terre pour finalement n’en choisir que 24, mais comme les Anciens de l’Univers sont très puissants, ils en profitent un peu…
En tout cas, sans trop spoiler, l’univers sera sauf, les héros rentreront chez eux, il y en a qu’on ne croisera plus beaucoup, mais au moins ce meeting extraterrestre aura permis d’en rencontrer quelques-uns, et de préparer le terrain pour le crossover d’envergure qui arrivera 2 ans plus tard! Bon, au rythme où paraissent les Intégrales, j’ai le temps avant de m’y atteler…