Il aura fallu attendre de nombreux mois avant que la présence de Gerry Duggan et Brian Posehn sur le titre Deadpool révèle son potentiel! Les 2 auteurs ne semblaient pas jusqu’alors décidés à utiliser le personnage de manière incisive et impressionnante, mais le virage semble clairement amorcé maintenant! Il y avait eu des prémices dans Deadpool 4 avec l’excellent épisode Le Mercenaire ivrogne qui prenait place dans les années 80 et nous offrait un vrai moment délirant en pleine période de trouble alcoolique pour Tony Stark! Puis un épisode dans Deadpool 5 qui voyait Wade s’allier au Spider-Man supérieur pour botter les fesses de quelques vilains de 3ème zone de manière bien fun. Mais le tournant est clairement Deadpool 6 avec ses 3 excellents épisodes, qui vont d’un numéro « retrouvé » estampillé 70’s au 1er numéro de l’arc Le Bon, la Brute et le Truand, et qui tout en naviguant à travers différentes époques, commencent à poser des bases vraiment solides!
Ce Deadpool 7 sorti ce mois-ci se révèle être dans la parfaite continuité du numéro précédent, en présentant 3 épisodes de l’arc Le Bon, la Brute et le Truand qui s’avèrent tout simplement sublimes!!! Gerry Duggan et Brian Posehn sont à leur apogée sur cet arc qui nous prend complètement à revers, en délaissant pour une bonne partie l’humour légendaire de Deadpool et en lui offrant une profondeur dramatique véritablement intense! Duggan et Posehn se réapproprient totalement le personnage et osent enfin lui apporter une vraie touche personnelle, tout en développant la mythologie du « héros ». Tandis qu’avant, ils se contentaient d’effleurer le personnage sans prendre de décision qui l’impacteraient durablement, ils sont bien décidés cette fois-ci à approfondir cet être tourmenté qu’est Deadpool.
Le Bon, la Brute et le Trand va nous emmener dans une direction étonnante où la gravité et la violence prédominent. Une violence jusque-là toujours adoucie par l’humour du propos, mais qui apparaît ici comme véritablement bestiale, Wade se retrouvant dans une position similaire à celle de Wolverine durant l’Arme X. En même temps, Deadpool n’est pas à envier vu son propre passif avec les expérimentations dans le cadre du Département K… Ces 3 épisodes baignent dans un malaise et une violence qui va extrêmement loin, et s’avèrent redoutablement efficaces au niveau de la dramaturgie! Les évocations des expériences passées de Captain America et Wolverine nous replongent pour l’un en pleine seconde guerre, pour l’autre dans la phase où on lui a injecté son adamantium, et Duggan et Posehn apposent une vraie atmosphère lourde dans ces flashbacks, qui vont être intimement liés aux événements du présent.
C’est avec une intelligence et une subtilité que je n’osais plus espérer que les auteurs prennent en main la destinée de Wade, dont la vie va basculer dans ce camp sordide de Corée du Nord. Les relents d’expérimentations liés à la seconde guerre et à l’Arme X sont présents dans ce qui se trame dans ce camp, et on va rencontrer des prisonniers très étranges mais qui semblent pourtant familiers… L’histoire est tout simplement géniale et possède une puissance étonnante, faisant de cette association entre Deadpool, Captain America et Wolverine un moment incroyable! Duggan et Posehn vont se servir des qualités de chaque personnage pour intensifier au maximum cet arc, qui véhicule des émotions que l’on aurait jamais crues retrouver dans cette version de Deadpool! Les dessins de Declan Shalvey et Scott Koblish participent de manière très active au dynamisme et à la création de toutes ces émotions, et ce Deadpool 6 est un numéro sublime! Les liens créés par les auteurs sur les épisodes précédents et qui prennent un sens éminemment dramatique sont vraiment impressionnants! Ca fait très longtemps que la série principale n’avait pas atteint un tel degré de perfection, pourvu que les auteurs poursuivent dans cette veine!