Terminator (James Cameron, 1984)

En 1982, le metteur en scène canadien James Cameron réalise son premier long métrage, Piranha 2 – les Tueurs volants, qui est la suite du Piranhas de Joe Dante datant de 1978. Cameron n’accèdera pas à la gloire avec ce film horrifique à petit budget, mais il ne ratera pas le coche 2 ans plus tard, en réalisant ce qui est encore à ce jour l’une des plus belles oeuvres de SF que le 7ème art nous ait donné. Terminator possède un fort ancrage dans son époque, ce qui n’est clairement pas un défaut, et il enterre encore aujourd’hui de nombreuses oeuvres d’anticipation qui ne tiennent pas plus d’une décennie… Terminator traverse le temps avec une solidité à toute épreuve, et ça a été un vrai plaisir de replonger dans ce film fondateur!

Contrairement à Cameron, Arnold Schwarzenegger était déjà auréolé de succès puisqu’il avait percé avec le rôle mythique du célèbre Cimmérien cher à Robert E. Howard dans Conan le Barbare en 1982. Terminator sera le 8ème film du bodybuilder autrichien, et solidifiera son statut de star du box-office! Pour davantage d’infos sur la carrière d’Arnold, je vous conseille fortement la très intéressante série documentaire judicieusement intitulée Arnold! Lorsqu’il a eu le scénario entre les mains, Schwarzenegger se voyait totalement dans la peau de Kyle Reese, et Cameron a dû sacrément insister pour lui faire changer d’avis, et accepter d’endosser le rôle du méchant! A la base, c’est l’acteur O.J. Simpson qui était pressenti pour incarner le cyborg, mais l’équipe pensait qu’il ne serait pas crédible dans le rôle d’un tueur… ^^, Puis Lance Henriksen a aussi un temps été choisi pour le rôle. En même temps, il jouera un androïde 2 ans après dans Aliens : le Retour, il ne fallait pas en faire trop ^^

Ce qui frappe d’emblée lorsqu’on se lance dans la vision de ce film, c’est la pauvreté du cinéma actuel… Il y a une richesse graphique indécente dans ce film de 1984, qui regorge d’idées et d’innovations afin de susciter l’émotion du spectateur et de l’impliquer totalement dans cette histoire à l’atmosphère désespérée des plus réussies. Aujourd’hui encore, les visions du futur dystopique de 2029 fonctionnent à merveille, Cameron nous laissant découvrir par bribes subtiles ce monde ravagé par les machines. Une humanité terrée dans des tunnels, tandis que les ordinateurs dominent la surface… Le parallèle avec la problématique actuelle des IA est aisé, et Terminator prend aujourd’hui encore un sens supplémentaire… Le charme des effets spéciaux délicieusement datés fonctionne parfaitement, et on apprécie lors de chaque séquence l’ensemble des techniques à l’ancienne, qu’il s’agisse de maquettes, de masques ou de conceptions par ordinateur. J’ai tenté de regarder Indiana Jones et le Cadran de la Destinée tout à l’heure, j’ai trouvé l’intro tellement pauvre avec sa profusion de CGI et son éclairage dégueulasse, que j’avais besoin de me tourner vers une époque où les artisans en avaient quelque chose à foutre de donner de la consistance à leurs oeuvres…

On saluera bien évidemment le travail de l’immense Stan Winston, l’un des plus illustres créateur d’effets spéciaux qu’ait connu le 7ème art. Aliens, le Retour, Predator, Terminator 2 : le Jugement Dernier (un de ses chef-d’oeuvres!), Jurassic Park, Iron Man, Avatar… Il aura laissé une trace indélébile dans l’histoire des SFX, en digne héritier de Ray Harryhausen! Sa conception du T-800 (dont le nom n’est jamais prononcé dans ce film, et qui ne sera évoqué que dans sa suite) s’avère remarquable, et ajoutera considérablement à l’aura tragique et désespérée qu’inspire ce cyborg. A aucun moment celui-ci ne sombre dans le ridicule, mais l’alchimie qui s’est créée entre le travail de Winston et la mise en scène de Cameron achève de faire de ce Terminator un chef-d’oeuvre d’anticipation. Les plans iconiques à coups de ralentis, la gestion de l’espace parfaite opérée par Cameron, la « gueule » de l’emploi de Schwarzy traversent les âges en ne faisant que se bonifier. Quand on voit comment Cameron emballe la scène d’arrivée du Terminator, avec ce plan magnifique englobant la ville (et les fesses d’Arnold en premier plan ^^), ça a clairement de la gueule et ça pose fortement le contexte et l’atmosphère. Et la subtile allusion à la Seconde Guerre Mondiale avec la cicatrice de Kyle et son récit glaçant apporte là encore une dimension supplémentaire à ce récit.

Indissociable de cette ambiance tragique, la partition de Brad Fiedel traverse le film avec ses sonorités métalliques résonnant comme l’écho futuriste de ce qui risque d’advenir… Rarement un score aura été aussi marquant, et cette musique reconnaissable entre toutes donne aujourd’hui encore son lot de frissons… Elle participe activement au caractère déshumanisé englobant cette immense course-poursuite, entre un humain qui tente d’être aussi dur qu’une machine afin de parvenir à l’exterminer, et ce cyborg sans émotion conçu pour tuer. Michael Biehn est excellent dans le rôle de Kyle Reese, homme du futur ayant fait la traversée temporelle afin de donner un avenir à ses compatriotes. Biehn est un acteur qui se fait très rare et qui possédait une belle aura à cette époque, et son duo avec Linda Hamilton fonctionne parfaitement. Son histoire qui pourrait passer pour celle d’un fou paranoïaque est difficile à croire pour celle qui deviendra la mère de John Connor… Et si Cameron est capable de filmer de très belles scènes de fusillades et de poursuites, il est également très à l’aise avec la romance, comme le prouve une séquence très touchante et intimiste vers la fin du métrage, baignant dans une très belle sensualité.

Si Terminator a autant marqué les esprits, c’est parce qu’il est un mètre-étalon du film d’action des 80’s, un classique indispensable bénéficiant d’une réalisation de haute volée de la part d’un metteur en scène des plus inspirés. Inspiré, Cameron l’a été par un cauchemar dans lequel il voyait un robot sortir des flammes dans une vision apocalyptique. Ce rêve l’a profondément marqué, et on sent très clairement l’aura onirique ultra-sombre se dégageant de certains plans… Le maître-plan étant le fameux cauchemar de Sarah Connor dans Terminator 2 – le Jugement Dernier… Dans Terminator, le mélange de technologie et d’éléments naturels donne toute sa substance à la menace du T-800, et l’ensemble du film apparaît comme un cauchemar éveillé duquel aimerait tellement sortir Sarah…

L’une des forces de ce film, c’est également la manière dont il s’immisce avec humilité dans tout un courant cinématographique. Lors de la séquence de la réparation de l’oeil du Terminator, ça rappelle forcément le court métrage Un Chien Andalou de Luis Bunuel, avec sa fameuse séquence bien tranchante… Et ce plan de fin avec le T-800 cherchant à toucher Sarah Connor renvoit tellement à Ripley et à son alien… Et le travail de Stan Winston avec la réplique du visage de Schwarzenegger donne un rendu très Michael Myers! Chef-d’oeuvre d’anticipation incontestable, Terminator est une des pierre d’achoppement de la SF au cinéma, et il fonctionne excellement avec sa suite de 1992. Le reste, vous pouvez l’oublier sans problème, l’aura a été perdue ensuite… Et pour l’anecdote, dans la séquence où un Terminator attaque un tunnel dans le futur, celui-ci est interpété par Franco Columbu, qui était un bodybuilder et le meilleur ami d’Arnold Schwarzenegger 🙂

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