Beyond : two Souls (2013)

Cela fait maintenant 23 ans que le studio français Quantic Dream poursuit ses innovations en matière vidéoludique, et durant cette période, il nous a livré 5 titres ayant permis d’affiner leur mode de jeu très scripté. En 1999, ils nous livrent The Nomad Soul sur la préhistorique Dreamcast, avec rien moins que David Bowie pour composer la BO! En 2005, c’est au tour de Fahrenheit d’émerger sur Playsation 2, et si l’on sent clairement l’originalité de leur système de jeu, certaines parties restent franchement compliquées, notamment avec les répétitions à effectuer sur les boutons… Et l’atmosphère est sacrément dépressive, ça ne m’a pas assez emballé pour que je le poursuive. Constat similaire pour Heavy Rain (sur PS3), qui va encore développer le système de jeu avec les séquences dans lesquelles il faut effectuer des combinaisons de touches, et franchement il y a des moments où ça donne envie de jeter la manette… Là encore, on a un récit très glauque avec kidnapping d’enfant et dépression, une thématique qui s’avère très prégnante dans l’ensemble des titres du développeur. Le début est franchement bon, mais l’aspect répétitif et torturé de ce jeu fait qu’on n’accroche pas vraiment aux personnages, même si certaines séquences sont là encore originales.

Je vous ai en revanche déjà dit tout le bien que je pense de l’excellent Detroit : Become Human sorti en 2018, et le tour d’horizon se complète donc avec ce Beyond : Two Souls sorti 5 ans avant. Si on sent clairement une nette filiation avec l’ensemble des jeux signés Quantic Dream, il y a en revanche une spécificité étonnante dans le gameplay, qui va s’avérer sacrément addictive! Mais avant de tout vous révéler, il va falloir que je vous raconte un peu ce qui se passe dans ce jeu aux tonalités sombres, bien évidemment! On va suivre les aventures hors du commun de Jodie Holmes, une jeune fille que l’on va suivre jusqu’à l’âge adulte, et qui a une particularité unique : elle est habitée par une entité immatérielle qui lui vient en aide lorsqu’elle en a besoin, et elle va peu à peu affiner ce lien avec elle. Elle nommera cet être Aiden (Une référence à Hidden? Avec ce terme signifiant « caché » également?), et on va donc assister à différentes périodes clé de l’existence de Jodie et de son hôte.

La particularité du gameplay que j’évoquais auparavant, c’est cette dualité du binôme Jodie-Aiden. En effet, on va incarner le personnage de Jodie, mais on pourra très souvent switcher sur l’entité Aiden, ce qui va donner lieu à des séquences très ludiques. Par exemple, lorsque Jodie adulte a pour mission de trouver des documents secrets dans une demeure, elle peut laisser le contrôle à Aiden qui va pouvoir circuler librement dans les lieux, lui qui part du corps de Jodie pour flotter comme il le souhaite. Il peut passer à travers les portes, les murs, les sols et les plafonds, en devant respecter une certaine distance vis-à-vis de Jodie. Le fait de pouvoir passer d’un personnage à l’autre est vraiment original, et apporte une expérience de jeu très innovante et réellement captivante! Aiden peut influer sur les objets et sur les gens, et il est insaisissable! Face à des ennemis, il peut donc leur jeter des objets dessus, ou choisir de les étrangler, ou encore de prendre possession de leurs corps! Il y a donc de quoi s’amuser avec ces différentes possibilités, et on va vraiment s’éclater au fil des chapitres!

Le seul, mais grand bémol de ce jeu, c’est sa construction déstructurée : dans sa version normale, le jeu se joue par chapitres plus ou moins longs, qui ne sont pas présentés dans l’ordre chronologique. On va donc suivre une Jodie adulte lors d’une mission pour la CIA, puis soudainement retrouver une Jodie enfant effectuant ses premiers tests à la DPA (département des activités paranormales), avant de la retrouver adulte en fuite, puis à nouveau enfant lorsqu’elle est invitée à un anniversaire… Le scénario se la joue fracturé, mais au final, je trouve que ça dessert nettement l’immersion… Alors si vous tentez ce jeu sur PS4, je vous invite à prendre la version remixée, qui replace les chapitres dans l’ordre chronologique!

Mis à part ce (gros) détail, Beyond : Two Souls s’avère être un jeu très immersif qui va en plus se permettre de faire jaillir de vraies émotions. On sent ici la filiation avec Detroit: Become Human, dans ce respect sans faille des personnages et de ce qu’ils traversent. David Cage, le scénariste-réalisateur à l’origine de tous les jeux de Quantic Dream, n’a pas son pareil pour plonger dans la psyché humaine, et il fait rejaillir à travers ses personnages ses propres doutes et ses propres failles. Il y a une humanité impressionnante dans ce titre, avec des passages que l’on ne penserait jamais voir dans un jeu (comme l’épisode en compagnie des SDF), mais après tout, Cage commence à nous y habituer, puisqu’on pouvait par exemple nourrir un bébé dans Heavy Rain, ou faire le ménage dans Detroit : Become Human! Les personnages rencontrés vont tous avoir un impact sur Jodie, et la relation qui l’unit au professeur Nathan Dawkins est très touchante. Ce médecin de la DPA va être chargé de comprendre le fonctionnement du pouvoir de Jodie, et de l’aider à développer ses capacités.

Niveau casting, on a droit à du très bon, avec Ellen/Elliot Page dans le rôle de Jodie, et Willem Dafoe dans celui de Dawkins. Ca fait franchement plaisir de les retrouver dans ce titre, surtout que je ne le savais pas, la surprise a donc été d’autant plus agréable! Ils apportent beaucoup d’émotions à leurs personnages, et Elliot Page (qui était à l’époque une femme) est parvenu à conférer beaucoup de sensibilité à Jodie. On va la suivre dans des missions bien périlleuses, notamment une dont elle aura du mal à se remettre, et qui s’avère franchement déchirante. Le scénario est tout aussi bien ficelé qu’un film, et en fait, avec ce jeu, on est réellement à la frontière entre le cinéma et le jeu vidéo. C’est d’ailleurs un des reproches qui aura été fait à ce titre, car il est vrai que les choix possibles sont limités (ce qui ne sera plus le cas de Detroit : Become Human), mais je trouve que l’alliance entre action et émotion est telle, que l’on ne peut qu’adhérer à cette proposition hors norme!

Ce jeu avait été crée pour la PS3, et son portage sur PS4 s’est fait avec des améliorations graphiques, pour nous amener dans des environnements encore plus riches! On a droit à une gamme très variée de décors, en passant du sable du désert à des immensités glacées, et à chaque fois on est happé par la beauté picturale. Et la perfection des designs des visages est également très impressionnante! On va évoluer avec un grand plaisir (mêlé de stress quand même!) dans divers environnements, en suivant Jodie pour qu’elle survive à ces expériences! Beyond : Two Souls va explorer le lien entre Jodie et le mystérieux Aiden à travers différentes temporalités et différents lieux, et va nous amener à nous poser des questions sur ce qu’il y a après la mort. Encore une fois chez Quantic Dream, l’aspect ludique est couplé avec de vraies questionnements existentiels, et ça fait vraiment plaisir d’avoir un jeu avec ce niveau de maturité! Donc si vous ne savez pas à quoi jouer sur PS4, pensez Detroit et Beyond! 😉

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