Speed (Jan de Bont, 1994)

Quand on regarde Speed aujourd’hui, on replonge dans cette époque bénie des actioners 90’s qui fleurissaient régulièrement, et même s’il n’atteint clairement pas l’aura d’un Die Hard (les premiers hein ^^), il s’avère très efficace et diablement stressant! Il faut dire que le concept ultra-simpliste s’avère bien jouissif : un bus rempli de passagers ne peut pas descendre en-dessous de 50 miles à l’heure (80 km/heure environ) sous peine d’exploser! Et quand cette bombe ambulante se balade dans les rues bondées de Los Angeles, ça préfigure de beaux moments de tension!

On doit cette idée de car mortel au scénariste Graham Yost, qui l’a lui-même empruntée indirectement à Akira Kurosawa : le cinéaste japonais avait en effet rédigé un script à partir d’un fait divers, relaté en 1963 dans le magazine Life, qui narrait un incident arrivé aux Etats-Unis, impliquant 4 locomotives sans conducteur lancées sur les voies! Ce devait être le premier film américain du metteur en scène de Rashômon, Les Sept Samouraïs ou encore Ran, mais il décida de ne pas le tourner, et le scénario resta dans un tiroir jusqu’en 1981. Francis Ford Coppola recommanda le réalisateur russe Andrei Konchalovsky à Kurosawa, qui lui céda son script, lequel fut retravaillé par Djordje Milicevic, Paul Zindel et Edward Bunker.

Graham Yost arrive donc chez la Paramount avec son script, il n’a que peu d’expériences pour l’instant (il a participé à un film nommé The Chair, ainsi qu’à une série s’appelant Hey Dude), et le studio contacte John McTiernan, qui en parle lui-même à un jeune directeur de la photographie avec lequel il a déjà bossé, le Néerlandais Jan de Bont. McTiernan, c’est Predator, Piège de Cristal, Last Action Hero, Une Journée en Enfer – Die Hard 3, excusez du peu!!! De Bont a bossé avec McTiernan sur Piège de Cristal et A la Poursuite d’Octobre Rouge, et a participé à quelques autres classiques : Cujo, Black Rain, L’Expérience interdite, Basic Instinct, L’Arme Fatale 3… Mais l’intérêt de la Paramount étant minime, Yost et de Bont sont allés voir du côté de la Fox qui était partante à condition de rajouter quelques séquences au script initial (à la base, le film se déroulait intégralement dans le bus).

Keanu Reeves a sérieusement commencé à se faire un nom avec Point Break – extrême Limite et Dracula, et il est un candidat de choix pour le rôle de Jack Traven, même si pas mal d’acteurs étaient en lice. Sandra Bullock quant à elle est encore une inconnue (bien que sa participation au génial Demolition Man ait été remarquée), et obtient le rôle d’Annie, la chauffeuse de bus improvisée, laissant sur le carreau pas mal d’actrices également. Et on peut évidemment compter sur Dennis Hopper pour venir jouer un inquiétant terroriste, adepte des bombes placées un peu partout! On a donc un mélange générationnel qui fonctionne carrément bien, et qui permet au film de se hisser au-dessus de la simple série B. Il faut dire que de Bont est lui aussi très motivé à l’idée de marquer les esprits pour son premier effort, et Speed est sans conteste une réussite du film d’action 90’s! Avec un budget estimé à 30 millions de dollars, et des recettes avoisinant les 280 millions, on peut aisément parler de succès pour de Bont et son équipe! Grisé par cette lancée, il nous livrera Twister 2 ans plus tard, autre gros succès au box-office, avant de dégringoler avec Speed 2 : Cap sur le Danger, Hantise et Lara Croft Tomb Raider : le Berceau de la Vie

Mais en 1994, il est complètement en phase avec cette génération de metteurs en scène comme John McTiernan, James Cameron, Tony Scott (bien que ce dernier était évidemment encore plus pointilleux!), Richard DonnerRenny Harlin, Michael Bay… Attention, je ne dis pas que son Speed est exempt de défauts, car il n’est certes pas parfait, mais il constitue un rollercoaster au rythme très bien géré et à la crédibilité assumée. D’ailleurs, la scène du début dans l’hôtel a été ajoutée au script initial, et permet de s’immerger immédiatement dans l’action, avec une très belle maîtrise de la tension! Ce jeu du bad guy avec l’ascenseur sur le point de tomber, c’est un classique dans le genre! Dennis Hopper s’éclate, Keanu Reeves et son partenaire Jeff Daniels (oui, le pote de Jim Carrey dans Dumb & Dumber, oui c’est bien lui ^^) se la jouent très sérieux, et on se retrouve dans une configuration proche de Piège de Cristal, avant de prendre l’air pour ensuite se retrouver enfermé dans un bus!

On sent donc très bien les apports des tournages de John McTiernan, et Jan de Bont fait office de bon élève en créant un récit qui aurait très bien se vivre avec John McClane! Mais Bruce Willis n’était pas dispo à cette période, il se la jouait Pulp Fiction! ^^ De Bont possède une vraie aisance dans sa narration, permettant au film d’être encore sacrément efficace 26 ans après! Il y a évidemment quelques scories liées à l’époque, mais dans l’ensemble, Speed est un très bel exemple de ce qui se faisait du côté d’Hollywood durant cette décennie. Ah oui, et comme d’ab j’oublie la musique! Mark Mancina a assuré avec notamment un thème très connu mais que je suis incapable d’écrire, donc allez checkez sur le net ^^ On sent quelques percées humoristiques, mais l’ensemble se veut plutôt sérieux dans la caractérisation des personnages principaux, permettant au spectateur de se sentir très impliqué et très tendu! Comment un bus lancé à 80km/h en pleine ville peut-il éviter d’exploser? La réponse est dans le film, et si vous ne l’avez pas encore vu, vous attendez quoi en fait??

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