Cloverfield (Matt Reeves, 2008)

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Alors que l’on a appris tout récemment qu’une suite de Cloverfield avait été tournée dans le plus grand secret, j’en ai profité pour revoir ce film de Matt Reeves qui avait fait sensation à l’époque. J’ai donc exhumé une critique de mon tout premier blog, Salem Center, en y apportant quelques petites retouches (en italique) par-ci par-là 😉 Sinon, tout est d’origine, ça date du 27 février 2008! 🙂

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La tendance actuelle du cinéma dévoilée à Gérardmer le mois dernier (en 2008 donc hein) fait état d’un retour à une volonté immersive aussi réaliste que possible. Que ce soit l‘ultra-éprouvant [REC] (qui aurait dû remporter haut la main le Grand Prix, je ne le répéterai jamais assez!), le Diary of the Dead de Romero, ou cet impressionnant Cloverfield, la coïncidence veut que les films tournés en point de vue intradiégétique (la personne qui filme fait partie de l’histoire) reviennent en force longtemps après Le Projet Blair Witch, et les inspirations diverses nourrissant cette renaissance semblent résolument traitées avec une intelligence sans faille.

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La grosse bébête de Cloverfield était attendue avec de plus en plus d’impatience, et le résultat est un film apocalyptique aux résonances post-11 septembre tout ce qu’il y a de plus viscéral. Sans plomber le récit par des références directes, les séquences suffisent à plonger le spectateur dans le chaos qu’ont pu vivre les New-Yorkais il y a déjà 7 ans (il y a 15 ans donc aujourd’hui), en jouant à fond la carte de l’ultra-réalisme. Le principe de la caméra portée devient alors naturel et se fond avec aisance dans la catastrophe gigantesque qu’elle filme. Depuis Le Projet Blair Witch, on sait que c’est l’angoisse qui donne envie de continuer à filmer, et surtout le fait de se sentir encore vivant. Le caméraman ne perd donc pas trop de temps en explications, et continue d’immortaliser l’événement tout en essayant d’y survivre.

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La première partie destinée à faire connaissance avec les personnages est une fête de jeunes typique, avec le comique de service et les histoires d’amour contrariées classiques. Mais c’est justement dans l’attente de ce qui va arriver que ces petites existences prennent leur sens dans leur futilité même, et lorsque le personnage principal, Rob, se retrouve en train de faire la gueule et que l’on se dit que ça patine un peu, c’est là où le premier tremblement a lieu. Drew Goddard, scénariste fidèle du producteur J. J. Abrams depuis Lost – les Disparus et Alias (qui a participé depuis à la création de Daredevil), dynamite l’esprit teen movie que prenait le métrage pour recadrer violemment les objectifs. A savoir la destruction pure et simple de Manhattan, et la fuite du groupe de 5 jeunes afin d’échapper à la créature cauchemardesque. Les acteurs sont plutôt bons et apportent une bonne dose d’humanité en variant les émotions qu’ils ressentent. L’urgence de l’instant est on ne peut plus claire, et ils réagissent en conséquence aux désastres auxquels ils assistent.

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Si l’on pense invariablement à Godzilla, on est loin du film pépère d’Emmerich ou des décors en carton-pâte d’Inoshiro Honda (et de la daube magistrale de Gareth Edwards de 2014 aussi tiens). Les décors grandioses de Manhattan sont plus vrais que nature, et l’utilisation de matte paintings (les arrières-plans sont peints et les scènes filmées sont incrustées) et d’éléments en 3D sont traités avec un souci du détail énorme. On est à l’opposé d’une stylisation complète à la 300, et tout ce qui est vu apparaît aussi réaliste que possible. Les scènes de désolation avec les tours éventrées, les séquences de combat qu’on croirait tournées en Irak, la foule immense qui se précipite vers le pont de Brooklyn… Et bien évidemment le monstre, au visuel original et aux extensions mortelles… Tout est simplement énorme dans ce film, qui oblige à une immersion ayant rarement atteint un tel degré. On se sent littéralement happé par cette course à travers une ville ravagée, et la tension ne baissera pas durant tout le film. Nerveux au possible, déroutant et hallucinant (bon là j’exagérais peut-être, mais il reste franchement cool ^^), Cloverfield est une vision de cauchemar sous forme d’allégorie à peine déguisée, qui met à mal la suprématie d’une Amérique affaiblie en exorcisant ses démons sous la forme d’une menace biologique terrifiante. Une date dans l’histoire du cinéma (pour l’époque en tout cas), et des émotions brutes convoquant une peur irrépressible de la mort. Un choc viscéral donc, à des années-lumière du sympathique Porteur de Cercueil, film précédent de Matt Reeves (1996 tout de même!), comédie emmenée par David Schwimmer et Gwyneth Paltrow

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Une réponse à Cloverfield (Matt Reeves, 2008)

  1. Miss R.R. dit :

    Ton texte n’a effectivement pas pris une seule ride ( j’ai même appris des choses….) et j’avoue m’être bien marrée avec tes commentaires en italique ! ^^

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