Adaptation du roman Arlington Park de l’auteur anglaise Rachel Cusk, La Vie domestique étonne par la maîtrise de son atmosphère alors que le sujet n’est pas forcément des plus attirants. La réalisatrice française Isabelle Czajka va raconter le quotidien de femmes au foyer vivants en région parisienne, entre la préparation du petit déjeuner, la course pour emmener les gamins à l’école, les courses, les repas… Isabelle Czajka nous décrit une journée type dans la vie de ces femmes, qui acceptent plus ou moins leur rôle de ménagère sans histoire.
Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnier et Héléna Noguerra composent ces femmes du voisinage qui tentent de maîtriser ce quotidien monotone et sans relief, en se voilant plus ou moins la face sur leur réussite et sur leurs propres ambitions dans l’existence. Isabelle Czajka ouvre son film avec une scène qui pourrait paraître exagérée, mais le discours machiste qui y est exposé démontre une certaine vision datée et poutant persistante que l’homme a de la femme. Le traitement est sec et pris dans l’écrin d’une soirée tranquille, ce qui donne une certaine tension à cette scène.
C’est cette tension sous-jacente faite de non-dits et d’à-priori qui va perdurer tout au long du film, et qui va permettre à La Vie domestique d’être bien plus intéressant qu’une évocation classique de la vie de mères au foyer. Juliette (Emmanuelle Devos) aspire à trouver un travail chez un éditeur, ce qui lui permettrait d’assumer une certaine ambition professionnelle et lui offrirait autre chose que sa vie au foyer. Vaguement soutenue par son mari, elle doit organiser sa journée en fonction de la réponse à cet entretien d’embauche qu’elle risque d’avoir dans les heures qui viennent. Qui pourrait garder les enfants, qui pourrait l’aider pour que tout se passe au mieux? Prise dans le stress de cette attente, qu’elle ne peut partager avec son mari qui ne semble pas comprendre son besoin de sortir du carcan familial, elle va tenter de conjuguer sa journée normale avec ses aspirations.
Isabelle Czajka parvient à insuffler une vision très réaliste et terre-à-terre (les courses à Auchan, la crèche, etc…) et va saupoudrer cette vie d’apparence normale d’une certaine tension, celle-là même qui agite secrètement ces femmes qui se retrouvent prisonnières de leur rôle. C’est avec beaucoup d’intelligence et une grande subtilité que la réalisatrice narre ce combat intérieur et silencieux vécu par ces femmes. Evidemment, le rôle des hommes est plutôt peu flatteur, puisqu’ils sont au mieux vus comme de grands enfants égoïstes, qui ne voient leurs enfants que rapidement le matin et vite fait le soir. Pourtant, cette vision n’est pas si éloignée de la réalité dans certains cas, et même si ce film de femmes réalisé par une femme offre une vision partiale, elle n’en reste pas moins captivante. En effet, il y a un côté hypnotique dans ce film, toujours dû à cette tension insidieuse qui fait que l’on veut savoir comment tout va se terminer. Le fil rouge de cette gamine disparue dans le quartier va ajouter à cette tension, en montrant que la vie lisse et impeccable n’est pas à l’abri d’un drame.
En s’entourant d’actrices (et d’acteurs aussi) plutôt bons, Isabelle Czajka nous livre un film intimiste et qui impressionne par sa maîtrise. C’est difficile de faire adhérer le spectateur à un récit aussi réaliste, mais ça fonctionne grâce à un vrai talent de mise en scène. D’ailleurs, les scènes du parc sont vraiment belles et offrent une certaine allégorie de la vie rêvée de Juliette. La Vie domestique est une très belle oeuvre du cinéma d’auteur français.
Ha ha, ca se voit que tu sélectionne tes films en fonction de ta co-spectatrice !
Eh bien non, celui-là je l’ai vu tout seul! 😉 Je me suis dis que je tiendrais probablement pas très longtemps, et j’ai été bien surpris!
Ha ! Je vais essayer de ramener don jon ce soir. J’ai vu GIJOE 2 … bouse absolue !
Eh bien dis-toi que Don Jon est bien pire!!!