I declare War (Jason Lapeyre, Robert Wilson, 2012)

Fable cruelle sur l’enfance, ce film canadien est une vraie réussite qui va nous plonger pendant 1h30 dans le monde fantasmé d’un groupe de garçons et fille d’une douzaine d’années, dont le jeu de guerre qui va durer une après-midi en pleine forêt va avoir des répercussions importantes. Entièrement débarrassé de la présence des adultes, I declare War va suivre les aventures de cette bande pas si éloignée de Sa Majesté des Mouches, reproduisant une hiérarchie qui dictera probablement leur comportement futur.

Armés de fusils en bois et de grenades de peinture, les groupes rivaux de PK et Quinn vont s’affronter afin de ramener le drapeau ennemi dans leur camp. On est plongé d’entrée de jeu dans la lutte, avec la mise en place de stratégies très élaborées, PK se nourrissant de films et de bouquins sur la guerre. En citant Patton ou Napoléon, il démontre tout son savoir dans le domaine militaire, et son intelligence est un atout clé qui lui a assuré de nombreuses victoires sans aucune défaite pour l’instant. Mais un événement inattendu dans la bande de Quinn va déstabiliser le jeu, et les enjeux vont devenirs beaucoup plus personnels.

Tous ces jeunes s’avèrent excellents, pris dans cette guerre qui va à la fois les motiver et les faire frémir, le jeu des alliances et des complots se faisant de moins en moins innocent. Certains vont tenter de gagner à la loyale, d’autres veulent enfreindre les règles, et cette partie va progressivement pousser chaque personnage dans ses retranchements. Jason Lapeyre et Robert Wilson vont nous immiscer de plus en plus près de la réalité fantasmée de ces gamins, avec les armes en bois qui vont se transformer en véritables armes, comme ces grenades qui vont véritablement exploser. Ce basculement dans la psyché des gamins va intensifier le suspense établi, et va nous montrer à quel point ce jeu est important pour chacun. PK veut conserver sa série d’invincibilité, Skinner veut prouver qu’il est un bon dirigeant, Jess veut montrer à Quinn qu’elle est capable de se battre, etc… Chacun va tout donner dans cette partie car les enjeux sur le long terme sont importants, qu’il s’agisse de reconnaissance, de fierté ou d’amour.

La violence va émerger, et les dissensions au sein des groupes vont les fragiliser. Entre la réalité des faits et l’aspect imaginaire, I declare War va baigner dans une sorte de poésie irréelle qui va lui conférer une force particulière. La rafale optique que Joker aimerait bien appliquer à ses ennemis est dévastatrice, et montre à quel point l’innocence de ces gamins n’est qu’une apparence. Les stratégies de PK sont très élaborées, mais il n’hésite pas à sacrifier des pions pour arriver à ses fins.

I declare War est une vision très prenante du monde de l’enfance, dans lequel les notions de domination et de victoire vont forger les caractères et créer des oppositions violentes. Lapeyre et Wilson vont offrir à ce récit une dimension fantasmée très réussie, qui nous plonge dans la tourmente de la guerre avec un réalisme et une imagination de très grande qualité.

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