Assault on Wall Street (Uwe Boll, 2013)

Uwe Boll est sans conteste un cas unique: détenteur du titre de pire réalisateur du monde grâce à sa pléthore d’adaptations de jeux vidéos totalement irregardables (Alone in the Dark, BloodRayne, King Rising, au Nom du Roi et j’en passe), il a du se vexer un peu et a décidé de passer du côté lumineux, puisque depuis l’ultra-controversé (et excellent) Postal, il enchaîne les bons films! Impossible de comprendre ce qui a bien pu se passer, mais quand on découvre des oeuvres fortes comme Stoic ou Rampage, on se dit que le bonhomme cachait vraiment bien son jeu! Si Postal est un pur délire portnawesque porté à son paroxysme, le virage opéré avec l’oppressant Stoic a clairement marqué les esprits par sa radicalité sans concession…

Si Assault on Wall Street utilise un concept qui aurait pu donner un film barré et fun, Uwe Boll ancre son récit dans un réalisme teinté de désespoir, noyant son personnage principal dans un quotidien de plus en plus sombre. Jim Baxford (Dominic Purcell, impeccable) est un convoyeur de fonds dont l’existence va être fortement perturbée par la crise financière, et qui va tenter de subsister aux besoins de son couple déjà mis à l’épreuve par la maladie de sa femme. Uwe Boll brosse un portrait triste et touchant de Jim et Rosie qui souhaitent sortir de cette impasse afin de profiter de l’existence. En prenant le temps de définir ses personnages et en s’intéressant à ce qui les motive, il va réaliser un film dramatique prenant, qu’il va faire évoluer de manière intelligente avec ce contexte de crise économique majeure. Jim est de plus en plus pris à la gorge, et va se retrouver acculé, jusqu’à prendre les armes pour faire justice.

Là où on aurait pu s’attendre à un passage à l’acte rapide et trop appuyé, Uwe Boll la joue plutôt subtil puisque toute la construction des personnages va permettre de justifier la volonté de Jim d’agir. Il ne s’agit pas d’une justification des actes eux-mêmes, mais de la manière dont il a été détruit progressivement, jusqu’à être amené à se rebeller contre le système. Uwe Boll joue encore une fois l’agitateur des consciences, puisqu’après Rampage qui faisait référence aux tueries de masse récurrentes aux Etats-Unis, il démonte encore une fois une certaine vision de l’Amérique, en s’en prenant aux yuppies de Wall Street. Et le personnage de Jim est une variation à peine déguisée du Punisher, qui s’en prend à une cible précise tout comme ce bon vieux Castle! Uwe Boll caractérise très bien cette version du justicier solitaire!

Assault on Wall Street démontre à quel point Boll est capable de créer de l’intensité et de l’émotion, à travers le couple de Jim et Rosie, formé par le duo Dominic Purcell/Erin Karpluk qui fonctionne vraiment bien. On retrouve Edward Furlong, ressuscité par Stoic, et qui est toujours aussi bon, même s’il est méconnaissable depuis Terminator 2- le Jugement dernier!!! Boll s’entoure d’une belle brochette d’acteurs, entre John Heard (le père dans Maman, j’ai raté l’Avion!), Keith David (le pote de Roddy Piper dans le génial Invasion Los Angeles), Michael Paré, qui se refait une santé dans les films d’Uwe, ou encore Eric Roberts dans un rôle d’avocat pourri qui lui va comme un gant!

Il faut également noter l’excellent score de Jessica de Rooij, compositrice fidèle de Boll, qui nous gratifie de sonorités à tendance Nine Inch Nails franchement bien foutues! Ces plages mélodiques minimalistes s’avèrent très efficace et appuient l’ambiance tendue du film. Assault on Wall Street est une nouvelle preuve de la qualité dont est capable Uwe Boll, qui nous offre un récit prenant avec une toile de fond politique et financière traitée avec soin!

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