Suture (Scott McGehee et David Siegel, 1993)


Suture
fait partie de ces films dont on découvrait des bribes dans Mad Movies et qui enflammaient l’imagination sans que l’on sache réellement de quoi ils traitaient. Une fois n’est pas coutume, c’est grâce à La Caverne des Introuvables que j’ai pu enfin mettre la main dessus, et je n’ai pas été déçu. Récit étrange, atmosphère envoûtante, noir et blanc clinique… Suture est une oeuvre atypique dont le potentiel reste intact malgré le passage du temps…

La bonne surprise vient de la présence au casting de Dennis Haysbert, qui avait 39 ans à l’époque et qui n’était pas encore devenu le fameux Président Palmer. Sa présence imposante fait face à la figure inquiétante de son frère, joué par l’inquiétant Michael Harris. Les deux hommes semblent former 2 côtés bien distincts de la même pièce, l’un étant pauvre et noir, l’autre riche et blanc. Le choix de filmer en noir et blanc renforce cette distinction raciale, tout en jouant sur la soi-disant ressemblance des deux hommes.
Le récit va en effet partir d’un postulat étrange où les deux frères se ressemblent, alors qu’à l’écran chacun est bien différent de l’autre. Lorsque Clay (Dennis Haysbert) vient rendre visite à son frère Vincent, il ne se doute pas qu’il va mettre les pieds dans un engrenage destructeur. Vincent a en effet des intentions néfastes, et Clay va se retrouver dans une position très particulière.

Film cérébral plus que démonstratif, Suture est une oeuvre qui va explorer les méandres de l’esprit humain, puisque Clay va tenter de faire remonter à la surface des souvenirs enfouis, avec l’aide du Dr. Max Shinoda (Sab Shimono), son thérapeute. L’atmosphère à la fois calme et menaçante du film est propice à cette exploration des rêves et de la psyché humaine, Clay découvrant des symboles cachés dans ses rêves. Mais est-il prêt à retrouver la vérité, et le veut-il seulement?

Suture bénéficie d’une mise en scène de toute beauté, composée de lents travellings et de cadres très travaillés dans lesquels les acteurs s’insèrent tels des personnages dans un rêve. Cette nappe atmosphérique baignant la demeure de Vincent Towers achève d’en faire une extrapolation de l’inconscient, Clay se mouvant à l’intérieur en essayant de trouver des indices sur sa vie passée.

Une oeuvre aux antipodes des standards habituels, qui est un premier film remarquable de la part de Scott McGehee et David Siegel, qui l’ont également co-écrit ensemble. Un film pas forcément facile d’accès, mais dont l’intelligence et le suspense mérite largement des efforts!

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