Chroniques de Tchernobyl (Bradley Parker, 2012)

Producteur opportuniste depuis le succès de son premier film Paranormal Activity (dont il assure la réalisation), Oren Peli surfe sur toutes les vagues horrifiques avec Insidious, la série The River, The Lords of Salem de Rob Zombie, ou en poursuivant tranquillement la saga qui l’a fait connaître. Il reviendra également à la mise en scène avec le prochain Area 51 actuellement en post-production.

Pour l’heure, c’est son Chroniques de Tchernobyl qui nous intéresse, pour lequel il s’est investi davantage puisqu’il a participé au scénario avec Carey Van Dyke et Shane Van Dyke, scénaristes et acteurs dans les fameuses productions Asylum… Shane est même le réalisateur de Paranormal Entity, le pillage-hommage du premier film d’Oren Peli, ainsi que de Titanic II! Du lourd au scénario donc, et pourtant, ce Chroniques de Tchernobyl qui ne paye pas de mine se révèle finalement surprenant…

Les films se déroulant aux alentours de la ville ukrainienne sont rares, alors que le potentiel scénaristique de la catastrophe nucléaire est indéniable pour un film d’horreur. Cette pudeur par rapport à cet accident sans précédent vient-il du fait que les doutes subsistent encore de nos jours sur la contamination par-delà les frontières causant d’innombrables cancers? En France, un non-lieu vient d’être confirmé ce 20 novembre 2012, estimant qu’il est impossible d’établir un lien indiscutable entre le nuage radioactif et les cas de cancers…

Tchernobyl constitue donc un site rêvé pour l’industrie cinématographique, puisqu’on peut y puiser une atmosphère morbide préexistante à laquelle il suffit d’intégrer quelques éléments supplémentaires. John Hyams a eu la très bonne idée d’y emmener ses Unisols dans le 3ème volet de la saga Universal Soldier, et l’ambiance délétère participe au succès de cet excellent film. Oren Peli charge Bradley Parker, dont il s’agit de la première réalisation, de s’immerger dans ces lieux marqués par la tragédie et le deuil, et d’en tirer un film de genre original.

Si Chroniques de Tchernobyl commence comme la plupart des bandes horrifiques actuelles, à savoir la bande de jeunes partie s’éclater dans un lieu qu’ils ne connaissent pas mais dont ils vont découvrir les vices cachés, il faut bien avouer que Bradley Parker prend soin de son premier film, et pose une vision intéressante allant plus loin que celle d’un simple yes-man. Il immerge son groupe ainsi que les spectateurs dans cette ville de Prypiat située à 3 kilomètres de la centrale, dont la population de 50 000 personnes à été totalement évacuée après la catastrophe. Ces lieux chargés d’histoire sont utilisés avec soin par Parker et Peli dans le développement de leur récit, qui prend le temps de rappeler le drame vécu par les habitants… Mais le tournage ne s’est pas fait à Prypiat même, les producteurs ayant opté pour la reconstitution des lieux à Belgrade (Serbie) et à Budapest (Hongrie) afin d’éviter tout risque. Les taux de radioactivité dans cette ville-fantôme y sont encore très dangereux, et même supérieurs à ceux de la centrale, car la décontamination n’y a pas été aussi importante.

Si la bande de jeunes revêt des caractères communs à ce genre de production, c’est dans le traitement du récit que l’impact de Parker et Peli fonctionne. Partis pour une randonnée de tourisme extrême (la visite de lieux dangereux), ces 3 gars et 3 filles plus leur guide vont se retrouver confrontés à une menace d’une nature inconnue. Bradley Parker n’utilise pas à proprement parler le principe du found footage (les images retrouvées), mais s’en inspire fortement pour accentuer l’impact immédiat de ses images. La visite morbide en ces lieux désertés commence par avoir des allures de documentaire, puis évolue vers une tension horrifique bien maîtrisée. C’est dans la structuration même des lieux que le film prend son sens, Peli et Parker prenant soin de bien dépeindre cet environnement délétère, vestige immuable de cette catastrophe survenue le 26 avril 1986 dans la centrale Lénine. La progression de la troupe dans les immeubles désaffectés, sur la place publique avec cette grande roue à l’arrêt et les auto-tamponneuses sur l’herbe, ou dans les couloirs obscurs est faite avec une maîtrise du suspense indéniable. Les événements qui vont se dérouler alors pour le groupe vont les plonger dans une horreur indicible…

Chroniques de Tchernobyl s’appuie donc intelligemment sur l’aura de cet accident nucléaire pour dérouler un récit prenant, et l’on va arpenter les alentours avec angoisse… Du très bon pop-corn movie par un Oren Peli qui sait flairer les bons filons, et surtout, un premier film très réussi pour Bradley Parker!

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4 réponses à Chroniques de Tchernobyl (Bradley Parker, 2012)

  1. Zirko dit :

    Un avis intéressant, car j’ai lu beaucoup de chose négative au sujet de ce film.

    Je l’avais en main pour l’acheter avant finalement de changer d’avis.

  2. Wade Wilson dit :

    Je l’ai trouvé vraiment surprenant par son approche originale, qui part d’un postulat commun à la plupart des bandes horrifiques, mais qui va plus loin grâce à une ambiance très travaillée et une atmosphère émanant de ces lieux funestes très réussie! Une très bonne surprise que je te conseille! 😉

  3. Shystrak dit :

    Moi aussi j’ai trouvé ce periple à Tchernobyl assez cool, le côté film de monstre est réussi et la façon dont le réal ne cherche pas à justifier le point de vue de la caméra est plus que salutaire. Oren Peli meilleur prod que réal, ça se confirme

  4. Wade Wilson dit :

    Avec le prochain film de Rob Zombie, y a moyen qu’il gagne des galons en tant que producteur! 😉

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