Je n’ai pas vu son Insidious : Chapitre 3, mais j’ai grandement apprécié ses Upgrade et Invisible Man, ce qui m’a convaincu d’aller voir le dernier effort de Leigh Whannell en salle malgré les critiques majoritairement négatives. Et je me félicite de cette décision, ayant assisté à un excellent film de genre qui offre un regard très intéressant sur le mythe du loup-garou.
Leigh Whannell possède cette capacité fondamentale à donner corps à des récits intimistes là où on s’attendrait à des débauches d’action, et il applique donc une recette similaire à celle utilisée sur Invisible Man, sans pour autant ressasser les mêmes thématiques. Là où Elisabeth Moss combattait un ennemi implacable dans un registre metoo très bien articulé, Wolf Man va se concentrer sur la cellule familiale primordiale à laquelle appartiennent Blake, Charlotte et Ginger. On va se familiariser avec cette petite famille de manière très touchante, leurs relations étant rédigées avec beaucoup de sensibilité et un zeste d’humour. Il faut croire que Leigh Whannell, en écrivant avec son épouse Corbett Tuck, a puisé dans leur propre vie familiale, puisqu’ils partagent leur existence avec 3 enfants. L’actrice qui jouait dans Insidious et Insidious : Chapitre 3 apporte clairement une belle sensibilité au récit, qui va logiquement gagner en intensité avec la proximité que l’on a avec les personnages. Parallèlement à leur amour pour la petite Ginger, on sent que Blake et Charlotte ont quelques difficultés à trouver un équilibre entre eux, et le dialogue qu’ils ont pour se dire les choses s’avère très réaliste et très beau.
Mais on n’en oublie pas pour autant d’aller puiser dans le film de genre, et l’introduction du film est là pour nous rappeler à quel point Leigh Whannell est un superbe conteur horrifique. Sa façon de nous plonger dans ce récit macabre lui permettrait de se placer en priorité au coin du feu pour nous faire flipper ^^ Il maîtrise parfaitement la grammaire cinématographique horrifique, et l’évocation primordiale du Mal rôdant dans ces forêts perdues de l’Oregon possède une sorte de classicisme savoureux mêlé à une modernité bienvenue dans le rythme. Ca n’a jamais paru aussi simple de faire monter le stress, et Whannell gère sa partition de main de maître.
Le travail qu’il va effectuer sur le son va s’avérer très important pour l’immersion totale du spectateur, et il va prendre le temps de développer les capacités sensorielles du personnage qui va peu à peu se métamorphoser. Ca fait plaisir de voir un cinéaste qui aime prendre le temps de construire son film, et qui parvient à gérer les différentes phases de transformation de sa créature en devenir. La difficulté à communiquer qui va se mettre en place peut se lire à un autre niveau, et l’on a l’impression d’assister à l’acceptation de la maladie d’un de ses proches, avec la mort rôdant dans les parages. Les séquences tournantes de tentatives de dialogues sont excellentes, et outre l’aspect sonore, elles se développent également sur un niveau visuel tout aussi bien traité. A ma connaissance, on a rarement vu ce genre de procédé sur un film horrifique, et cela m’a fait penser à la vision spéciale acquise par Matt Murdock dans la saison 1 de Daredevil (procédé qui à ma grande incompréhension, n’a jamais été réutilisé dans les saisons suivantes).
L’aisance avec laquelle Whannell traite son sujet fait que ce film n’offre aucun temps mort, et le mélange d’intimité et d’action s’avère très convaincant. Sa façon de jouer avec la menace est excellente, et on à le palpitant qui accélère régulièrement! Whannell sait exactement comment éclairer et filmer ses personnages, les faire se fondre dans les ombres inquiétantes et les voir apparaître avec leur potentiel létal. Je n’avais pas du tout reconnu Christopher Abbott, que j’ai pourtant vu très récemment au ciné, puisqu’il jouait l’Etranger dans le très bon (oui j’assume ^^) Kraven the Hunter. Il jouait également dans l’excellente saison 1 de The Sinner ou encore dans It Comes at Night. Il n’est pas un acteur très connu, mais sa prestation dans Wolf Man s’avère de plus en plus viscérale, aidée par des effets visuels assez bluffants. Il est capable de faire passer de belles émotions tout en sachant également se rendre très inquiétant. Julia Garner, la révélation de la série Ozark, s’avère très convaincante dans le rôle de cette mère dépassée par les événements, et Matilda Firth impressionne par la justesse de son jeu, alors qu’elle n’a que 10 ans!
Wolf Man s’avère être une excellente production Blumhouse, grâce à un Leigh Whannell très inspiré capable de diriger efficacement ses acteurs qui de leur côté sont très motivés! On se retrouve donc dans un récit faussement classique, qui se permet de retravailler un mythe vieux comme le monde afin de le moderniser et d’offrir des strates de lecture différentes.