Il n’y a pas de nomenclature très précise concernant la dénomination des courts, moyens et longs métrages, mais ce qui est globalement accepté est la classification suivante : un court métrage dure moins de 30 minutes, un moyen de 30 à 59 minutes, et un long à partir d’une heure. Ce n’est pas une science exacte, mais ça paraît somme toute relativement logique. Pourquoi je vous parle de ça ? C’est que lorsque j’ai lancé ce film, je me suis aperçu qu’il avait une durée de 57 minutes, ce qui est relativement peu commun ! Je l’ai donc classé dans une catégorie à part, dans laquelle je viens de ranger aussi l’excellent Kung Fury ! ^^
On replonge dans les joies du confinement avec ce Host tourné pendant cette période si particulière, lors de laquelle le metteur en scène britannique Rob Savage a eu l’idée de développer un récit horrifique aussi diaboliquement simple qu’efficace. Lors d’une soirée typique de confinement en mode solitude, 6 personnes vont se connecter via Zoom afin d’effectuer une séance de spiritisme en ligne ! Le concept n’avait pas encore été réalisé, et même si on a eu des sympathiques Unfriended et Unfriended : Dark Web qui jouaient intelligemment avec les nouvelles technologies, Rob Savage élève clairement le niveau avec ce Host, qui m’a franchement bien fait flipper tout du long ! Ca fait bien longtemps que je n’avais pas ressenti ce niveau de stress devant un film horrifique, et c’était sacrément plaisant !!!
Le film a donc été réalisé à distance, chacun des acteurs ayant installé lui-même les caméras, les éléments du décor, et ayant dû mettre en place certains effets spéciaux. On est dans un film DIY révélant un très fort potentiel sous des moyens pourtant très minimes ! Rob Savage a dirigé ce beau petit monde durant 12 semaines, et a co-rédigé le scénario de son film avec Gemma Hurley et Jed Sheperd, qu’il retrouvera l’année suivante pour son film Dashcam, qui va être basé sur le principe d’une caméra de voiture embarquée reliée à internet (tout comme un certain Spree, qui s’avère assez rapidement poussif). Host va donc voir 6 femmes et 1 homme interagir durant une soirée par le biais de Zoom, chacun étant connecté chez lui et se parlant via la caméra et le micro de son ordinateur. Le principe est de plus en plus connu de nos jours, mais il reste toutefois assez minoritaire dans le paysage horrifique, car il demande paradoxalement une belle préparation en amont afin d’offrir un rythme et un déroulement intéressants. Il ne suffit pas d’allumer une caméra et de faire bouger 2-3 objets pour parvenir à glacer le spectateur. On se rappelle bien évidemment des Paranormal Activity qui sont sans doute à l’origine de ces films via ordinateurs interposés, tout comme Le Projet Blair Witch est à l’origine des Paranormal Activity.
Chaque acteur va utiliser son véritable prénom dans ce film, et c’est par le biais d’Haley (Haley Bishop) que va démarrer cette soirée, puisque c’est elle qui a l’idée d’organiser cette séance spéciale. Elle va convoquer ses amis Jemma Moore, Emma Louise Webb, Radina Dandrova, Caroline Ward, Teddy Linard et Jinny Lofthouse, sous la direction de la médium incarnée par Seylan Baxter. D’entrée de jeu, on découvre les caractères de chacun, son petit chez soi vu à travers la webcam, et mine de rien il s’installe assez rapidement une ambiance réussie, probablement parce qu’on n’est pas dans un énième film d’horreur avec des personnages juste écervelés… Ca fait déjà beaucoup de nos jours ! On se replonge donc dans cette période de Covid, avec les apéros à distance et la communication indirecte, et Rob Savage gère avec beaucoup de précision l’avancée de son projet, puisqu »on va peu à peu rentrer dans le vif du sujet. Déjà, les choix d’angles de caméras sont vicieux, avec chez certains l’encadrement de la porte en arrière-plan, que l’on se prend à surveiller très régulièrement ! Ca n’a l’air de rien, mais ça commence déjà à maintenir l’attention …
Rob Savage va user de plusieurs outils modernes, notamment certains filtres de type Snapchat, et franchement c’est sacrément efficace !!! Il y a une intelligence dans la construction des séquences tournées avec des moyens modernes, qui vont faire ressurgir des peurs pourtant ancestrales ! L’utilisation de la perche à selfie est elle aussi très bien intégrée par exemple ! Ce qui est très intéressant avec cette séance de spiritisme, c’est que l’unité de lieu va être démultipliée au gré du nombre de personnages, et que chacun va pouvoir être une victime potentielle d’une présence malfaisante. C’est comme s’il n’y avait plus de frontière physique, et que le Mal pouvait utiliser les réseaux modernes afin de se propager. On est dans de l’horreur moderne de type creepypasta, et quand c’est fait avec autant de sincérité, ça ne peut que fonctionner !
L’ensemble du casting joue vraiment le jeu à fond, et les réactions de panique s’avèrent très crédibles. Host va rapidement voir sa séance dériver vers un côté très flippant, et les petits malins qui ne prenaient pas ça au sérieux vont rapidement le regretter … Je reviens sur les choix d’angle de caméras, car on a des moments où les protagonistes embarquent leur ordi avec eux, et l’effet est très différent lorsqu’ils le portent en montrant leur visage, ou lorsqu’ils avancent en filmant le couloir. Là encore, on sent que ces différenciations suivant les protagonistes ont été très bien pensées, et on va avoir des variations de stress très intéressantes en fonction des personnages et de ce qu’ils vivent. Je ne vais bien évidemment pas tout vous dévoiler, mais je ne peux que vous inciter à regarder cette curiosité, qui sur un temps aussi ramassé, est clairement plus efficace que la majorité des longs métrages horrifiques habituels !!!