Après Le Cri et Complot, le romancier Nicolas Beuglet boucle sa trilogie consacrée à l’inspectrice norvégienne Sarah Geringën, avec une enquête qui va la toucher de plein fouet. Lorsque son père est retrouvé assassiné, elle va devoir remuer le passé de cet homme qui aura été très discret, et qui cachait certaines zones d’ombre…
Le Cri et Complot font partie de ces bouquins que l’on dévore d’un bout à l’autre sans prendre le temps de les reposer. Même s’ils ne font pas abstraction de certaines facilités scénaristiques, les personnages, l’ambiance et les mystères à explorer sont tellement captivants que les quelques approximations n’entament en rien le plaisir de cette immersion. Pour L’Ile du Diable, Nicolas Beuglet démarre sur le même rythme trépidant et avec la même envie.
Bon, il faut tout de même accepter un détail d’importance, celui qui permet à Sarah d’enquêter elle-même sur la mort de son père. Ca paraît très gros, mais au fil de la lecture, la justification est plutôt bien ficelée. Même si du coup elle pose un autre problème… Mais je vous laisserai découvrir ça par vous-même, pas de spoil! Sarah aura été sacrément malmenée au gré de ses 3 aventures, la précédente l’ayant quand même envoyée en prison! Alors quand à peine sortie, elle découvre que son père a été tué de la plus atroce des manières, elle n’a pas d’autre choix que de tenter de comprendre les motivations de l’assassin. Même si on est embarqué efficacement pendant un bon bout de temps, on commence à sentir les ficelles qui sous-tendent les intrigues de l’auteur, et on évente quelques surprises assez rapidement. Du coup, la fraîcheur des 2 bouquins précédents disparaît, et on se retrouve par moment en mode automatique…
Pourtant, la lecture se fait toujours aussi rapidement, car il y a tellement d’éléments mystérieux à comprendre, notamment avec cette fameuse question hantant le lecteur depuis un moment : Sarah a-t-elle réellement tué ce jeune garçon il y a quelques années? Christopher Clarence, l’homme avec qui elle a partagé ses enquêtes, tente de remonter la piste et d’obtenir une réponse sur l’implication de Sarah, quitte à voir s’effondrer l’image de la femme de sa vie. Nicolas Beuglet distille assez de suspense, tant dans le présent que dans le passé, pour que le lecteur se sente happé par l’intrigue et ses sous-intrigues.
Il va encore une fois dévoiler une raison particulière aux exactions du meurtrier, avec une thématique intéressante et innovante, même si elle n’apparaît pas de manière aussi fluide que dans les précédents bouquins. On sent que Beuglet a souhaité partir de ce constat et a échafaudé une intrigue permettant d’y relier l’ensemble des éléments, tandis que dans Le Cri et Complot, la construction paraissait plus solide et davantage linéaire. On ressent une certaine baisse de régime dans le dernier acte, avec des événements qui ne possèdent pas le même caractère réaliste que dans les ouvrages précédents. La manière dont Sarah s’en tire par exemple peu paraître exagérée…
Mais s’il est moins captivant que Le Cri et Complot, L’Ile du Diable n’en reste pas moins un bon plaisir de lecture, et n’aura pas eu le temps de prendre la poussière lui non plus!