Le maire de Lyon est en proie à une sorte de crise existentielle, ne parvenant plus à trouver de nouvelles idées, ce qui est plutôt problématique à son poste… On lui adjoint une jeune philosophe qui va tenter de lui donner des conseils et des pistes de réflexion afin de sortir de cette impasse. Sur le papier, on s’attend à des confrontations d’idées et de points de vues riches et originaux, et à des joutes verbales animées et captivantes. C’est vrai que Le Brio n’est pa si vieux, et est directement devenu un classique du genre dans ces duels linguistiques!
Mais Alice et le Maire n’est pas Le Brio, et ne va pas marcher sur ses plate-bandes… Les confrontations d’idées vont rester très courtoises, et même si elles sont parfois intéressantes, elles ne vont pas faire de vagues. Le registre n’est pas le même, et Nicolas Pariser a plutôt comme ambition de dévoiler la vacuité inhérente à la vie politique, qui adore les colloques, les discours et les réunions. Alice va débarquer dans cet univers codifié et très millimétré, et va apprendre à capter dans ce mouvement permanent les quelques bribes intéressantes pouvant déboucher sur un résultat concret. Le groupe de travail sur Lyon 2500 est symptomatique de cette vacuité dans les idées et de cette dépense énergétique inutile…
Le propos de l’inutilité de la multitude des assemblées et autres réunions n’est pas neuf, et est même intéressant au début. Mais l’ensemble va malheureusement se mettre à tourner en boucle, et la fronde attendue va s’étioler pour rester trop sage au final. L’apport d’Alice dans la vie du maire est palpable, et on sent un regain d’intérêt pour son poste, et le duo Fabrice Luchini–Anaïs Demoustier fonctionne pendant un temps. Mais le propos ne décolle pas autant qu’on aurait pu l’espérer, et il devient répétitif au bout d’un temps… Fabrice Luchini est à l’aise dans le rôle de cet homme politique en proie au doute, et qui manifeste le besoin de se poser de vraies questions. Face à lui, Anaïs Demoustier s’avère lumineuse et apporte beaucoup au film, grâce à sa composition franche et naturelle, apportant un regard neuf sur un monde politique usé.
Après tout, c’est à une vision simple et un peu rebelle que tend Nicolas Pariser, lorsqu’il met le personnage de cette jeune universitaire face à un cador rompu à l’art de la politique depuis des décennies. Il y avait une envie de faire bouger les institutions et de démontrer à travers un film que ce mouvement est possible et crédible, mais c’est comme si en cours de chemin, il avait quelque peu perdu la foi en son discours. C’est finalement assez frustrant car il y avait de vraies potentialités, mais le tout est bien trop sage et bien trop lisse pour marquer. Le film va peu à peu se fermer pour sembler vouloir contenter surtout les quelques socialistes qui ont encore envie de faire bouger les choses, et le discours politique devient trop pointu pour pouvoir être remis en cause… Et c’est bien dommage, car Anaïs Demoustier vole littéralement la vedette à Luchini, et que son personnage aurait mérité davantage d’emphase et d’envolées lyriques! En tout cas, ça donne bien envie de revoir Le Brio du coup!