3 ans après le sublime Patients, Mehdi Idir et Grand Corps Malade nous livrent leur second long métrage, qui promettait d’être une comédie franchement drôle au vu des extraits délivrés sur la toile. Après le quotidien émouvant d’un centre de réadaptation, ils choisissent de nous raconter la vie ordinaire dans un collège de Seine-Saint-Denis. Mais si les extraits mettaient en avant l’humour loufoque du film, le résultat est une oeuvre douce-amère qui va osciller entre moments drôles et instants plus dramatiques.
Comme souvent avec les bande-annonces ou les teasers, les scènes les plus drôles ont déjà été dévoilées, et c’est bien dommage, car le spectateur est mis sur une fausse piste vis-à-vis de ce film. Le ton léger adopté au départ va rapidement évoluer pour proposer des variations plus sérieuses. Samia Zibra a été mutée d’Ardèche en Seine-Saint-Denis, et elle va découvrir un milieu scolaire difficile dans lequel elle va tenter de faire au mieux son travail de conseillère d’éducation. Zita Hanrot (Fatima, L’Ordre des Médecins) incarne avec une belle conviction ce personnage qui va tenter de s’adapter à ses nouveaux collègues et à des élèves plus compliqués que ceux qu’elle côtoyait jusqu’à présent. Dans son équipe de surveillants, on peut compter sur Alban Ivanov, qui n’arrête plus de monter et qui est également à l’affiche d’Inséparables!
Le casting du film est plutôt bon, avec des rôles secondaires intéressants et avec des mômes convaincants. Liam Perron, dont il s’agit du premier rôle, est d’une belle justesse dans sa composition de Yanis, cet élève intelligent mais perturbateur. La relation entre lui et Samia va être à la fois électrique et touchante, les 2 partageant des problèmes similaires. La Vie scolaire va suivre en fil rouge la bataille de Samia pour convaincre Yanis qu’il vaut mieux que ce qu’il croit, et pour l’aider à prendre sa scolarité en main. Un argument des plus sérieux qui est traité avec réalisme, tout en mettant en avant les difficultés sociales inhérentes à la banlieue. C’est là que le film part réellement dans un cadre quasi-documentaire, avec une mise en lumière du fonctionnement de cet établissement du point de vue de l’équipe encadrante mais également des élèves. La Vie scolaire est une sorte de radiographie du milieu collégien en banlieue dans les années 2010, et en ce sens il est on ne peut plus crédible. Il n’est pas exempt de quelques facilités scénaristiques, mais il pose un regard sincère et bienveillant tout en étant impartial.
Si on s’attendait à une pure comédie bien hilarante, ce choix d’opter pour une approche mélangeant drame et humour peut surprendre, et le résultat s’avère moins percutant. Après les immenses qualités de Patients, on attendait un film du même niveau, et on regrette qu’il soit en-dessous. Le récit est plus dispersé et se contente au final d’aligner les scènes avec des protagonistes différents, tout en conservant en filigrane le parcours de Yanis. Mais on a des personnages qu’on aurait aimé voir approfondi, certains qui ne font au final que de la figuration alors qu’ils auraient mérité davantage de visibilité, et on a une poignée de jeunes acteurs franchement bons qui passent rapidement à l’écran pour disparaître ensuite. La scène du jeune qui vient parce qu’il s’est fait voler sa gomme est géniale, et le jeune acteur est vraiment drôle! On aurait aimé le recroiser plus tard! Ce choix narratif de film-chorale va dans le sens du melting-pot réaliste de ce collège parisien, mais du coup il y a des personnages auxquels on s’attache moins. Mais dans l’ensemble, La Vie scolaire reste intéressant et va nous offrir quelques moments touchants également. Mais on est loin de la perfection de Patients!