Les quelques teasers que j’avais entraperçus promettaient une direction artistique qualitative et un retour à une angoisse primale bien cauchemardesque, avec les quelques créatures présentées brièvement. Avec la caution de Guillermo Del Toro à la production et André Øvredal à la réalisation, on s’attendait à un film de trouille des plus aboutis, qui irait chercher au plus profond de nos peurs les plus intimes. Le résultat n’est pas franchement à la hauteur…
Le film surfe sur une vague nostalgique évidente, et son groupe d’ados va emprunter à Stranger Things ou à Ca pour le côté teenagers incompris et mis sur le banc de touche, avec une petite touche raciale pour agrémenter le tout. On a l’impression de retrouver toujours les mêmes schémas, avec la gamine qui se traîne un trauma, le ou les losers à l’humour un peu lourdingue, et la petite amourette naissante… Rien de bien neuf donc du côté des personnages, ce qui est un premier point dommageable. Par contre, la reconstitution des années 60 est très soignée dans ses moindres détails, et apporte une véracité visuelle qui permet de placer un contexte prenant. Le film se déroule durant la période d’Halloween, et les ados vont se retrouver à visiter une immense maison hantée le soir du 31 octobre…
Là où le film perd de son impact, c’est qu’il va s’orienter davantage vers une sorte de conte horrifique pour ados que vers un vrai bon film d’horreur. On a l’impression d’assister à un épisode de Chair de Poule avec des effets visuels plus travaillés… Du coup, l’ajout nostalgique ajouté à l’atmosphère teen va amoindrir les séquences, et au vu du potentiel visuel de l’oeuvre, c’est là encore bien dommage. On se retrouve pourtant face à quelques belles créatures bien glauques, qui vont perdre de leur impact à cause de cette distanciation due à l’aspect conte enfantin. Prises frontalement, les créatures cauchemardesques auraient été nettement plus flippantes, et on peut s’en rendre compte grâce à la première scène horrifique, celle de l’épouvantail. On ne sait pas encore trop dans quelle direction va nous mener le film, et elle bénéficie d’une belle intensité grâce à un suspense savamment dosé et à un travail sonore de qualité. Le vent qui court dans les épis de maïs, l’impression labyrinthique dans le champ, et surtout l’aspect horrible de cet épouvantail! Cette séquence est l’une des plus réussies, et offre une ouverture qui ne sera pas trop exploitée par la suite…
On a un casting qui peine également à convaincre, avec un trio d’ados qui fait ce qu’il peut avec des personnages convenus, et seul Michael Garza s’en sort un peu avec son rôle d’étranger venu se paumer dans cette petite ville. Le moins convaincant est encore celui qui joue la petite frappe du lycée, qui n’a pas du tout le profil de l’emploi… Et on retrouve avec surprise Dean Norris, le beau-frère de Walter White dans Breaking Bad, pour un rôle tellement effacé qu’ils auraient pu prendre n’importe qui d’autre… Il manque vraiment du relief aux personnages, et par conséquent au récit, pour parvenir à maintenir l’intérêt tout du long. Le coup du livre dans lequel les histoires s’écrivent toutes seules est sympa, mais rappellent finalement Death Note ou renvoie à un argumentaire à la Destination finale. Le film manque d’envergure et de profondeur, et surtout de caractère flippant, car il n’exploite pas assez ses créatures! Pourtant, elles ont de la gueule et auraient méritées davantage de visibilité!
Scary Stories est un petit film sans prétention qui ne brillera pas par son audace, et qui reste en-deça des attentes, surtout quand on a André Øvredal derrière la caméra, lui qui nous avait concocté un Troll Hunters bien fou et un The Autopsy of Jane Doe intéressant. Encore un film horrifique soi-disant flippant et qui ne remplit pas son cahier des charges…