La Mule (Clint Eastwood, 2018)

Cela fait 10 ans que Clint Eastwood ne s’était pas retrouvé des 2 côtés de la caméra en même temps (si l’on excepte son caméo dans American Sniper), c’était en 2008 à l’époque de Gran Torino. Celui qui a commencé sa carrière d’acteur en 1955 dans La Revanche de la Créature s’est lancé dans la réalisation en 1971 avec Un Frisson dans la Nuit, et a constamment revêtu les 2 casquettes d’acteur et de réalisateur, avec le succès qu’on lui connaît. Il a traversé 7 décennies en s’imposant comme une personnalité majeure du cinéma américain, et à 88 ans, il a encore la grande classe!!!

Avec La Mule, il s’intéresse à l’histoire étonnante de Leo Sharp (rebaptisé pour le film Earl Stone), un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale qui par un concours de circonstances à commencé à effectuer des transports pour le cartel de Sinaola, permettant de faire passer de la drogue entre le Mexique et les Etats-Unis. Une histoire assez dingue qu’Eastwood va replacer de nos jours, en faisant d’Earl Stone un vétéran de la guerre de Corée. Le tout est romancé, avec les classiques conflits familiaux émaillant souvent la filmographie de Clint, et on va assister au changement professionnel d’un personnage qui a presque tout perdu. Horticulteur de métier (comme l’était Sharp), il voit son entreprise ruinée à cause de la concurrence d’internet, et ne sait pas comment gérer cela. Mais un homme va lui proposer de faire une course pour des amis, et Earl va alors mettre le doigt dans un engrenage à la fois dangereux et terriblement tentant.

Eastwood a une propension à créer des films souvent posés et calmes, et La Mule ne déroge pas à la règle, en racontant cette histoire vraie avec en filigrane des réflexions sur le temps, la vieillesse, la solitude et la famille. Earl est un homme seul, dont sa famille s’est progressivement coupée, car il ne leur accordait pas l’attention qu’ils méritaient. On se retrouve aux côtés d’un homme qui a en quelque sorte fui, et qui par le biais de cette nouvelle activité, entend compenser en partie ses lacunes familiales… On sent les regrets accumulés tout au long des années, et ce besoin de faire quelque chose pour renouer des liens avec les siens. Eastwood a toujours aimé incarner des personnages pas forcément héroïques ou parfaits, et on en a encore un exemple avec Earl Stone. Mais cela n’empêche pas l’homme d’être touchant par moments, et surtout on peut comprendre ce qui le pousse à agir ainsi.

Après, on reste sur un terrain calibré et classique, et le film ne s’avère pas surprenant. On suit ce parcours atypique avec intérêt, même si on aurait aimé plus de poigne ou davantage de tension. On est ici plutôt dans une sorte de road movie sur fond de trafic de drogue, dans un traitement plus intimiste que démonstratif. Ceux qui apprécient les oeuvres de Clint devraient apprécier, mais certains risquent de s’ennuyer… Pour ma part, j’ai trouvé ce biopic intéressant, sans toutefois être brillant. Eastwood fait preuve encore une fois d’un bel investissement dans son rôle, même si on aurait apprécié un récit et une mise en scène plus rythmés. Mais le film se cale sur l’âge de son personnage, et épouse son point de vue allant à l’encontre de la folie des technologies modernes, comme Earl se plaît à le souligner avec les téléphones portables!

Côté casting, on a une belle brochette puisque Bradley Cooper, Lawrence Fishburne, Michael Pena, Andy Garcia ou encore Taissa Farmiga entourent le grand Clint dans cette oeuvre. Là encore, on a différentes générations qui se côtoient, et qui parfois parviennent à se comprendre. Il y a quelques beaux moments, même si là encore, on aurait aimé avoir davantage d’émotions!

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