L’Exorcisme de Hannah Grace (Diederik Van Rooijen, 2018)

On a eu L’Exorcisme d’Emily Rose en 2005, L’Exorcisme en 2010, Le dernier Exorcisme en 2010, Le dernier Exorcisme Part II en 2013 (c’était donc pas vraiment le dernier!!!…), The Vatican Exorcisms en 2013, An Irish Exorcism en 2013, The Exorcism of Molly Hartley en 2015, The Ouija Exorcism en 2015, The Exorcism of Anna Ecklund en 2016, American Exorcism en 2017, Amityville Exorcism en 2017, Ruqyah : the Exorcism en 2017, Exorcism of the Dead en 2017 également, Exorcism at 60,000 Feet en 2018 (un exorcisme en avion, tout un programme!)… Et la liste est encore trèèèès longue… Tout ça pour dire que les exorcismes sont une pratique bien plus courante qu’on ne croit, surtout au cinéma.

Et donc voilà que débarque L’Exorcisme de Hannah Grace (on dit « de Hanna » ou « d’Hannah »? Ca m’a pas mal perturbé j’avoue…), énième tentative de surfer sur la vague du succès de L’Exorciste, qui accuse quand même ses 45 années (il est sorti en 1973 pour les non matheux)! Je n’avais vu aucune bande-annonce et aucune photo de ce film, mais l’affiche bien glauque m’a donné envie de tenter l’expérience. Et bien m’en a pris, parce qu’il s’avère que c’est une série B plutôt bien troussée!

On commence par une scène classique d’exorcisme, avec jeune femme possédée et prêtres essayant d’expulser le démon. On est donc direct dans le feu de l’action, et le résultat s’avère d’entrée de jeu assez violent. Mais passée cette intro morbide, voilà qu’on va basculer vers tout autre chose, avec une jeune femme qui commence un nouveau travail dans un hôpital de Boston. Elle est chargée de s’occuper de la morgue durant la nuit, en réalisant de la paperasse, des réceptions de colis (humains donc), des identifications et un peu de rangement. Un petit boulot de manutentionnaire sans histoires donc, sauf que le spectateur sortirait bien vite de la salle s’il ne se passait rien! Et ce qui fonctionne plutôt bien dès le départ avec ce film, c’est qu’on va rapidement baigner dans un stress communicatif, et que la mise en scène prend un soin particulier à nous maintenir dans cet état. On se demande pendant un moment quel lien il va y avoir avec le début du film, ce qui là encore est intéressant.

Le metteur en scène néerlandais Diederik Van Rooijen prend bien le temps de nous immerger dans ce sous-sol aseptisé constituant la morgue de l’hôpital, et c’est grâce à ses petites attentions que l’on sent le niveau de stress grimper. Le coup des lumières à détecteur de mouvement, l’alarme pour annoncer l’arrivée d’une ambulance, le sèche-mains des toilettes qui se met en route… Van Rooijen va jouer avec nos perceptions sensorielles et va composer quelques schémas flippants intéressants, et on va suivre cette nouvelle arrivante dans ce job qui va être nettement moins tranquille que ce qu’elle croyait. Van Rooijen va jouer avec l’architecture des lieux afin d’offrir des angles de vue permettant de jouer avec l’arrière-plan ou le hors-champ, et il va composer des cadres intéressants en jouant également avec les zones d’ombre et les éclairages. Les différentes parties de couloirs plus ou moins éclairées vont être de belles sources de tension, surtout quand l’éclairage se fait vacillant…

On est dans un croisement entre le Veilleur de Nuit (la version de 1994 ou de 1997) d’Ole Bornedal et The Jane Doe Identity, avec une identité plus prononcée je trouve que le film d’Andre Ovredal. On se retrouve dans un film d’exorcisme qui se démarque vraiment du schéma classique (que l’on retrouve du coup dans l’intro), pour aller dans une direction plus moderne et high-tech. Ici, pas de plancher qui grince ou de chambre poussiéreuse, les événements vont se dérouler dans un cadre normalement neutre, mais qui va finalement réussir à faire surgir l’angoisse. Ce principe, déjà appliqué dans The Jane Doe Identity, est encore plus immersif dans ce film.

Le personnage incarné par Shay Mitchell (Pretty little Liars) est plutôt intéressant, avec la fragilité et le trauma habituels de ce genre de production, mais qui sont traités avec soin au niveau de l’écriture. Il faut dire que le scénariste Brian Sieve est un habitué du genre, puisqu’on lui doit les scripts de Boogeyman 2, Boogeyman 3 – le dernier Cauchemar, un épisode de Teen Wolf, 13 de la série Scream, et qu’il planche actuellement sur The Exorcism at Lincoln High! Il connaît son métier, et je trouve qu’il développe des situations certes classiques mais traitées avec une sorte d’épure intéressante. L’unité de lieu, la nuit constante et le calme apparent de l’endroit vont nourrir le stress du spectateur, et les apparitions vont graduellement prendre de l’importance. L’Exorcisme de Hanna Grace est une bonne petite surprise dans le genre, certes pas un film qui va révolutionner l’horreur, mais une de ces oeuvres qui fonctionnent mieux que ce que l’on pouvait croire au début, et qui s’avère être un très bon moment d’angoisse!

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