Moi, Tonya (Craig Gillespie, 2017)

Si on a souvent l’habitude de voir des biopics calibrés et bien propres, Moi, Tonya fait figure d’exception avec une approche frontale et dynamique qui rend l’exercice très intéressant. Craig Gillespie, qui a notamment mis en scène Fright Night, est parvenu à insuffler un très bon rythme à son récit, et met en scène des personnages hauts en couleur interprétés par des acteurs talentueux. Il faut dire que la personnalité de la championne Tonya Harding était déjà explosive, il fallait bien tout le talent de Margot Robbie pour retranscrire le personnage! L’actrice australienne s’est totalement immergée dans son rôle, et campe une Tonya très impulsive et déterminée. Elle a également suivi un entraînement intensif de patinage artistique, qui lui a permis de réaliser de nombreuses figures elle-même. Pour les plus difficiles, la production a fait appel à des patineuses professionnelles, et le fameux triple axel a lui été réalisé par ordinateur.

La vie de Tonya Harding est une histoire d’ascension et de déchéance comme l’Amérique les adore, et en 1994, le fameux scandale Harding-Kerrigan a été suivi par le monde entier: alors que Tonya et Nancy Kerrigan étaient toutes deux en lice pour prendre place dans l’équipe olympique, Kerrigan se fait attaquer à coup de barre de fer à la sortie d’un entraînement, ce qui la laisse blessée au genou. Après enquête, il s’avère que des proches d’Harding ont perpétré cet acte, et Tonya est soupçonnée d’avoir monté ce coup afin d’éliminer sa rivale. Le film va apporter un éclairage très intéressant sur tout ça, en offrant différentes pistes possibles et en collant finalement à ce qui apparaît réel. La jeune femme prolétaire qui a connu la gloire en étant la première patineuse à réaliser un triple axel (un saut avec 2 tours et demi) se verra détruite par ce scandale…

Craig Gillespie ne se complaît pas dans l’évocation de cette affaire, mais il la traite avec un dynamisme à la Ocean’s Eleven qui lui donne une force particulière. Il applique d’ailleurs cette recette à l’ensemble du film, qui gagne en force et qui évite les moments de creux que l’on a souvent dans les biopics. Là, on passe de séquence en séquence avec une envie de découvrir la suite, et on assiste à cette vie à la fois difficile et exubérante de la championne olympique. La relation très difficile et toujours conflictuelle avec sa mère, incarnée par une excellente Allison Janney (qui a remporté l’Oscar du second rôle pour cette prestation), la relation tumultueuse avec son mari violent, joué par un Sebastian Stan méconnaissable (c’est lui Bucky Barnes chez Marvel! D’ailleurs le scénariste du film s’appelle Steven Rogers, c’est plutôt drôle ^^), et on a même l’excellente Mckenna Grace qui incarne Tonya enfant!

La manière dont Gillespie filme les scènes de patinage est vraiment impressionnante, on a réellement la sensation d’être aux côtés de la championne! Il y a une aisance et une virtuosité dans sa manière de mettre en images, qui rend un très bel hommage à ce sport, et tout le talent de la patineuse est mis en avant grâce à cette réalisation virevoltante! Et c’est là qu’on se rend compte de la dualité de la sportive, qui fait des merveilles sur la glace avec une facilité déconcertante, et qui a une vie tellement différente en-dehors. Ses relations tumultueuses avec ses proches semblent la desservir, mais les dialogues avec sa mère apportent un autre regard sur sa personnalité. Sa mère soutient qu’elle donne le meilleur d’elle-même uniquement si elle est poussée à bout, sinon elle n’avance pas. Une conception difficile et qui demande énormément de sacrifices, et qui aura placé la championne dans des dispositions psychologiques pas forcément évidentes. Craig Gillespie s’intéresse beaucoup à la vie de Tonya, bien au-delà du simple scandale, et il nous convie à une tranche de vie difficile et captivante!

Moi, Tonya est un très bon biopic, dans lequel Margot Robbie brille réellement, et une fois le film terminé, on a juste envie de se renseigner sur la véritable Tonya Harding, qui aura été malmenée toute sa vie, et qui se sera toujours battu. Le seul reproche qu’on pourrait faire au film, c’est de ne pas avoir adopté au moins un instant le point de vue de Nancy Kerrigan. Mais avec son côté feuilletonesque, Moi, Tonya est un biopic vraiment dynamique qui axe tout sur son personnage principal!

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