Peter David, connu pour ses longs runs sur Hulk et X-Factor, s’approprie pour la toute première fois le personnage de Deadpool (mis à part un caméo dans X-Factor justement), dans cette relecture marvellienne du célèbre traité de Sun Tsu, L’Art de la Guerre. Si cette oeuvre militaire, reprise dans différents domaines comme la finance ou la stratégie d’entreprise, est bien réelle, l’existence de son auteur est elle sujette à caution. En effet, la preuve irréfutable de son existence n’a jamais été donnée, et comme à l’époque (VIème siècle), les auteurs ne signaient pas de leur propre nom leurs ouvrages, il est possible que ce fameux traité soit l’oeuvre de différentes personnes, ou d’une seule personne dont on ne connaîtra jamais l’identité.
Peter David s’associe à l’excellent Scott Koblish (qui se réappropriait différentes époques Marvel dans les fameux « épisodes retrouvés » de Deadpool!) pour mettre en image ce joyeux foutoir que va être la réinterprétation des préceptes du général chinois par un Deadpool surmotivé pour éditer une version remastérisée de son oeuvre! C’est après être retourné dans le passé et avoir tué Sun Tzu qu’il a mis la main sur le fameux manuscrit. Dans le but de convaincre une éditrice récalcitrante de publier son bouquin, Wade va tenter de créer une guerre mêlant des dieux et des surhommes! Dans son choix du bad guy, on sent déjà un humour bien méta, puisqu’il va visualiser différentes époques de Loki, qui a été un ado ou une femme selon les choix tordus des scénaristes, qui sont évidemment mentionnés! Et comme Deadpool se fout de la continuité, il choisit le Loki sorti de Silver Surfer #4 (1969)!
L’Art de la Guerre va être une aventure épique qui verra Loki tenter de tuer son frère Thor, afin de régner sur Asgard. Koblish nous livre un style visuel 60’s avec son sens du mimétisme habituel, et cette relecture s’avère sympathique. Mais comme Deadpool est omniprésent en ce moment, on aurait pu s’attendre à un traitement plus approfondi, tandis que ce comic ne révolutionnera pas l’industrie. On assiste à des combats intégrant de nombreux protagonistes, des alliances-mésalliances plus ou moins durables, et des notes humoristiques sympathiques. Mais si on se réfère aux sublimes couvertures également signées Scott Koblish, inspirées des estampes japonaises, on était en droit de s’attendre à une oeuvre bien plus captivante. Deadpool est clairement un (anti-)héros qui fait vendre, et on lui fait faire beaucoup de choses, comme un certain Wolverine avant qu’il meure (encore).
Restent quelques dialogues bien tournés, une certaine énergie et des combats un peu trash, permettant de faire de cet Art de la Guerre un bon comic. Mais Deadpool mériterait davantage d’originalité, et il faudrait que les auteurs lui offrent un peu plus que du bon! Sinon l’épisode bonus est certainement l’un des pires que j’ai pu lire concernant Wade et ne mérite même pas que l’on y pose un seul oeil!