Renaissances (Tarsem Singh, 2015)

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Au début des années 2000, le metteur en scène indien Tarsem Singh offrait une certaine originalité avec ses films naviguant entre réalité et onirisme, et bénéficiant d’un travail pictural approfondi. L’enquête cauchemardesque de Jennifer Lopez dans The Cell (2000), ou le conte très pictural The Fall (2006), avant de poursuivre avec les légendes grecques dans Les Immortels (2011) ou le conte plus classique avec Blanche Neige (2012). Renaissances est son premier film de facture plus classique, même si ce thriller revêt tout de même une thématique SF. A croire que Tarsem Singh a toujours besoin de caresser l’illusion et le rêve…

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S’il est un réalisateur réputé pour ses univers colorés, il a fait une entorse à ses penchants pour ce Renaissances, qui mis à part lors de certaines séquences proches de l’hallucination, reste constamment dans un réel plutôt sobre. En s’appropriant ce scénario basé sur le mythe de l’immortalité, il traite cet argument fantaisiste avec une volonté de lui offrir un écrin tout ce qu’il y a de plus réaliste. Le début du film est intriguant, avec la mise en place du processus qui va voir un Ben Kingsley mourant transférer son esprit dans le corps du jeune et fringant Ryan Reynolds. La thématique de l’échange des corps n’est certes pas neuve, mais elle offre toujours des possibilités multiples, permettant d’aller dans des directions très diverses (le film d’action avec Volte/Face en 1997, la comédie avec Dans la Peau d’une Blonde en 1991 ou Freaky Friday – dans la Peau de ma Mère en 2003).

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Le problème de Renaissances, c’est qu’il va s’appuyer sur ce concept sans en exploiter les possibilités. Les scénaristes espagnols Alex et David Pastor, les frangins qui ont mis en scène le plutôt bon Infectés, sont malheureusement aussi responsables du script laborieux de Out of the Dark, et ce Renaissances s’inscrit dans la même lignée. Le récit ne parvient qu’à de trop rares moments à voir plus loin que son concept de départ, et on va suivre de manière de plus en plus distanciée la lutte de Damian pour comprendre les enjeux de sa transformation. A la manière d’un Time out ou d’un Limitless aux caractéristiques similaires et aux limites vite atteintes, Renaissances ne parvient pas à maintenir son suspense, et le récit s’avère bien trop simpliste pour convaincre.

S_10749_R_CROP (l-r.) Madeline (Natalie Martinez) and daughter Anna (Jaynee-Lynne Kinchen) flee with Young Damian (Ryan Reynolds) in Gramercy Pictures' provocative psychological science fiction thriller Self/less, directed by Tarsem Singh and written by Alex Pastor & David Pastor. Credit: Alan Markfield / Gramercy Pictures

Lorsque Damian commence à avoir des hallucinations, il se demande s’il ne s’agit pas de souvenirs qui ne lui appartiennent pas. Il va tenter d’en apprendre davantage, et va se retrouver confronté à l’organisation à qui il doit le transfert de son esprit. Sa renaissance a un prix dont il ne se doutait pas… Evidemment, on a un docteur qui se prend pour Dieu (Matthew Goode, excellent dans le sublime Stoker, et qui cabotine un peu ici) et qui n’a aucune ambivalence. Tout est très tranché et manichéen, sabotant là encore une possibilité de complexifier les rôles ou le récit.

Pourtant, Ryan Reynolds et Ben Kinglsey sont bons dans leur(s) rôle(s), et la mise en scène léchée de Singh n’est pas inintéressante. Mais cela ne constitue qu’un habillage correct pour un film manquant cruellement de profondeur et d’originalité, comme s’il avait perdu ses ambitions en cours de route… Renaissances n’est rien de plus qu’un énième thriller à tendance SF, artificiel et sans réelle saveur…

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