La plupart du temps associé à son compère Phil Flores sous le pseudonyme des Butcher Brothers, Mitchell Altieri fait cavalier seul sur cet Holy Ghost People de très bonne facture. Le résultat est nettement plus intéressant que les films des Butcher Brothers comme The Hamiltons ou The violent Kind, qui souffraient d’un réel manque de profondeur. Avec ce récit se déroulant dans une secte perdue en montagne, Mitchell Altieri plonge ses personnages dans une ambiance délétère qui fait d’Holy Ghost People un film indépendant plutôt intéressant.
Wayne est un ancien marine ayant servi en Afghanistan et qui en as gardé une certaine propension à la violence. Sa route va croiser celle de Charlotte, qui lui demande son aide afin de sortir sa soeur d’une secte installée dans un coin reculé. Mitchell Altieri va commencer par poser une vraie belle ambiance rurale avec quelques relents rednecks, et le duo formé par Wayne et Charlotte est intéressant car ils sont tous deux abîmés par la vie. Leur arrivée à l’Eglise de l’Harmonie va apporter un tas de questions, mais ils vont peut-être également y trouver quelques réponses personnelles.
Le leader de la congrégation est le jeune Frère Billy, joué par un Joe Egender qui est habitué aux productions des Butcher Brothers, et qui est parfaitement à l’aise dans le rôle de ce gourou charismatique. Il ne paye pas de mine au premier abord avec son physique chétif, mais s’avère impressionnant par sa persusasion. Egender en profite pour écrire son premier scénario avec ce film, accompagné par Altieri, Kevin Artigue et Phil Flores.
L’Eglise de l’Harmonie est un lieu reclus où sont accueillies les âmes perdues, et on y trouve une certaine forme de douceur, mais quelque chose de plus pernicieux se fait sentir sous ses beaux atours. Un certain malaise plâne sur le village, et lorsque Charlotte commence à demander si les gens ont vu sa soeur, elle n’obtient pas de réponse claire. La personnalité violente de Wayne va se heurter aux belles paroles de Frère Billy, et cette rencontre improbable va prendre la forme d’une lutte de croyances plutôt bien menée.
On va découvrir ce petit monde gravitant autour de Frère Billy, ces laissés-pour-compte qui ont eu une opportunité de retrouver une famille, mais il y a un prix à payer sous cette apparence de bonheur retrouvé. Mitchell Altieri utilise une mise en scène qui évite le sensationnalisme, mais qui se concentre sur les ressentis des personnages. On est en plein dans un petit film indépendant bien troussé, qui va nous plonger au coeur de cette organisation de manière de plus en plus profonde, chaque personnage allant également plus loin dans sa vraie nature. Loin de n’être qu’une dénonciation manichéenne des manipulations d’une secte, Altieri en souligne le mode de fonctionnement efficace en mettant en avant la force de persusasion de son leader naturel, qui s’appuie sur de très bonnes connaissances psychologiques afin d’amener les adeptes à se confier à lui. Wayne et Charlotte ont beau être sur leurs gardes, ils vont être attirés par l’aura de Frère Billy.
Dans le genre, Holy Ghost People est plus intéressant que le The Sacrament de Ti West, qui était très attendu mais qui s’avère juste sympathique. Sur une trame similaire, à savoir l’arrivée d’étrangers dans une secte, le film de Mitchell Altieri propose un traitement plus prenant, et bénéficie de la participation de très bons acteurs. Brendan McCarthy joue Wayne avec une belle intensité, et Emma Greenwell apporte une vraie sensibilité à Charlotte, qui est son premier rôle dans un film! Holy Ghost People fonctionne sur un tempo assez lent, et se pare d’une mise en scène très picturale qui en fait une évocation réussie de la confrontation entre toutes ces âmes perdues.